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RESF 43 et LDH : « Qu’est-ce qu’on aurait à perdre à les laisser vivre normalement ? »

Par claraduchene , Mise à jour le 12/06/2021 à 13:00

La Ligue des Droits de l'Homme publie un communiqué en février 2021, afin de "sortir ces jeunes de l'impasse". Relayée par le Réseau d'Education Sans Frontières de Haute Loire et signée par plus de 70 associations, cette pétition veut interpeller les élus pour que les jeunes majeurs migrants puissent rester en France et rendre à la société ce qu’elle a investi dans leur éducation.

Le collectif Réseau d’Éducation Sans Frontières (RESF) du Puy-en-Velay associé à la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) lance une nouvelle alerte sur la situation des jeunes majeurs migrants en Haute Loire.

Zoomdici a rencontré trois membres du collectif Réseau Sans Frontières du Puy, tous en charge des familles et/ou des mineurs étrangers, dont une des membres est aussi trésorière à la Ligue des Droits de l’Homme.

 « Il y a eu suffisamment d’évènements en Haute Loire pour savoir que la situation des jeunes mineurs devenus majeurs est quand même assez critique ». Agnès Ghinoux

En réaction à des situations alarmantes qui s’accumulent, la Ligue des Droits de l’Homme a publié un communiqué commun le 8 février 2021. Intitulé Jeunes majeurs étrangers, sortir de l’impasse, il est considéré comme « un gros coup » de la Ligue des Droits de l’Homme au niveau national.

"Au niveau national, il est remonté que dans les départements ça va de plus en plus mal. Donc, il y a un moment où la Ligue des Droits de l’Homme, avec ses engagements permanents sur la question de la migration et sa neutralité dans les débats, a décidé de « porter » cette demande.", défend le collectif.

« La LDH a sorti ce texte à travers lequel tout le monde se retrouve » (F.G-W)

Un brin d'espoir pour être entendus

La pétition a été signée par plus de 70 organisations nationales et plus de 6 000 personnes. Il est possible de la consulter sur le site de la Ligue des Droits de l'Homme.

Il s'agit d'une première pour le collectif, pour qui cette lettre suscite beaucoup d'espoirs chez l'ensemble des membres du collectif. Auparavant, aucune lettre n’avait suscité une telle ampleur.

"C’est vrai qu’on ne s’adresse pas souvent aux élus...

...nous on est plutôt un collectif d'associations, un réseau horizontal. Nous n'avons pas cette capacité à avoir autant d’élargissement.", précise le collectif.

La liste des signataires Photo par Capture d'écran

"Notre démarche était de reprendre la lettre de la LDH, de repérer les associations qui l’ont signé et qui sont présentes en Haute Loire." 

Nous avons mis un deuxième texte qui reprend les arguments de la LDH auxquels on adhère totalement et on a décliné sur les deux colonnes ce qu’on constate, en précisant qu’elle est partagée par d’autres départements."

"On l’a envoyé à toutes les associations du département et on va l’envoyer aussi à tous les élus parce que c’est aussi à eux de se positionner", assure le collectif. 

A qui elle est adressée ?

« Ça regarde plus particulièrement les élus du département puisque le département a investi de l’argent pour s’occuper des mineurs non accompagnés et ces mineurs sont en réussite, ils ont prouvé leur volonté, leur intégration dans les emplois qu’ils occupent. Ce sont des emplois où il manque de la main d’œuvre », explique Alexandre Arnaud, membre de RESF.

Pour consulter la lettre envoyée par RESF :

 Pour rétablir la vérité

« Le but de notre lettre, c’est d’essayer de remettre de la vérité dans les choses » : pour le collectif, "il est important de mettre à la lumière ces situations, et surtout la mobilisation qu'elles ont engendré dans toute la France."

"Parce que le problème c’est qu’on arrive pas à en parler positivement, quand on parle des étrangers, c’est toujours sur des scénarios catastrophe", déclare le collectif. 

Condamnés à la clandestinité, une fois devenus majeurs

 Au moment où ils demandent leur titre de séjour, « ils revérifient les papiers d’identité qui ont déjà été vérifiés par la Police Aux Frontières (PAF) quand ils étaient mineurs. » déclarent les membres de RESF. 

Avant de poursuivre : « Donc ça crée des problèmes pour ces jeunes, pour leurs patrons qui sont en attente, pour que ces jeunes puissent passer leur permis. D’ailleurs c’est même presque une condition pour occuper un emploi en Haute Loire »

Le problème, "au moment de la majorité n’est donc pas économique, ni dans le fait de trouver du travail car ces jeunes là s’intègrent dans de très nombreux aspects de leur vie quotidienne", selon le collectif.

« On a des exemples en Haute Loire de jeunes qui ont mis un an à obtenir un titre de séjour »

Et à la violence psychologique constante 

« Ce n’est pas rien, une administration qui déclare qu’une identité n’est pas la leur », déclare Alexandre Arnaud (AA)

Le collectif rappelle « le stress psychologique dans lequel on les installe, sachant qu’ils ont des parcours extrêmement douloureux, compliqués… »

                                                               Leurs revendications 

Quelques chiffres en Haute-Loire

  • 5 jeunes sont en refus de titre de séjour : eux n’ont pas le droit de commencer à travailler parce que leur parent sont sans papiers.
     
  • 8 ont reçu une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF)
     
  • 39 sont dans l’attente d’un titre de séjour depuis janvier 2020. (jeunes majeurs isolés)
     
  • 225 : euros, le coût de la carte de séjour, à renouveler tous les ans
  • Réduire les délais d’attribution des titres de séjour
  • Revoir la durée des titres de séjour : une année pleine à la remise de la carte
  • Reconnaitre les légalisations faites dans les pays ou ambassades des pays concernés
  • Cesser de redemander des vérifications à la Police Aux Frontières de documents déjà visés
  • Respecter la liste du Ministère de l’Intérieur
  • Accéder à une formation adaptée

« ils ont travaillé à l’école, ils ont travaillé dur, ils ont fait beaucoup d’efforts. Certains sont analphabètes et arrivent à un niveau A2/ B1 en français en trois ans » (AA)

  • Terminer un parcours engagé

"il y avait des jeunes en promesses d’embauches, en contrat d’apprentissage. Et tout à coup tout s’arrête." (AA)

  • Donner l’accès au travail à tous
  • Régulariser de façon large et durable les personnes étrangères présentes depuis plusieurs années sur notre territoire
  • Appliquer les recommandations de la Charte Marianne

« Nous, signataires du communiqué de la Ligue des Droits de l’Homme, vous demandons de reconsidérer, avec votre pouvoir, la politique d’accueil et de prise en charge des jeunes mineurs et majeurs étrangers. », conclut le collectif.

Clara Duchêne