Je signale une erreur

Précisez éventuellement la nature de l'erreur

Des figurants locaux de la websérie tournée à Siaugues racontent

Par . . , Mise à jour le 26/05/2021 à 12:00

Lors du tournage du premier épisode de sa Web série “Brigade mobile”, Fanny Sidney, révélée par la série à succès  "Dix pour cent” a casté et embauché de nombreux acteurs amateurs locaux qui ont adoré l’expérience et se disent prêts à la renouveler. Humour et Témoignages.

L’hiver, avec sa monotonie et sa grisaille, est souvent bien trop long dans le pays de Siaugues-Sainte-Marie. Mais celui de 2020, troublé par Fanny Sydney, actrice-réalisatrice et son équipe de techniciens marquera durablement les esprits des gens du coin qui n’auraient jamais imaginé se retrouver un jour devant une et même deux caméras de cinéma. Nous avons fait la connaissance de quatre d’entre eux : Nany et  Joël, désormais couple à l'écran, de Claire, venue au cinéma par curiosité et de Dadou qui s’est faite castée de manière “sauvage” par la réalisatrice.
Les images de cet hiver particulier resteront gravées sur la pellicule pour longtemps.

Nany a pas mal improvisé ses dialogues.

 “Je fais partie de l’association “Art de vivre” qui a été approchée par les gens chargés du casting. Je me suis tout de suite dit pourquoi pas ! On risque rien à essayer, ça nous changera un peu.
On nous avait envoyé deux  textes à apprendre pour le casting. Moi je les ai quand même gardé sur les genoux car vous comprenez que c’est pas facile de dire ça à la caméra quand vous avez jamais fait çaEt puis, finalement c’est mon futur mari à l’écran, Félix qui a eu mes répliques.” raconte Nany avec une gouaille qui permet d'imaginer facilement pourquoi elle a été sélectionnée au casting.

Nany, enchantée de son expérience et épouse de Joël au cinéma Photo par Thierry Chabanon

Elle poursuit " je lui ai dit à Fanny, il faut pas me donner des textes trop longs à apprendre car ça va pas rentrer. Et puis finalement, elle a toujours été très large sur cette question...On pouvait prendre pas mal de liberté avec le texte et on pouvait même improviser un peu. D’ailleurs un jour pendant le tournage j’ai ajouté comme ça  que les artisous ça fait digérer. Je sais pas si ça sera gardé à la fin.

Elle modère " En revanche, si sur les textes on était assez libre, Fanny voulait qu’on soit le plus naturel possible, sur le jeu d’acteur, par contre elle était intraitable. Il y a des scènes qu’on a refait une bonne dizaine de fois".

Effectivement prolonge Dadou Lionnet, "Moi je joue une scène dans l’escalier de la mairie. On a dû la refaire au moins dix fois. En plus, comme on devait faire le bruit des pas qui montent les escaliers, on les a bien tapé les pieds ce jour-là avant que ce soit la bonne".

A douze dans le camping-car

Moi ce qui m’a le plus impressionné c’est la partie technique” raconte Joël. Il réfléchit un instant puis explique “Tiens, c’est comme la scène qu’on a jouée dans le camping-car. On est censé être interrogé par les deux gendarmettes qui font une enquête et nous, on veut rien dire et on les fait un peu tourner en bourrique… La scène se passe vraiment dans ce petit camping-car de la brigade mobile. Et bien, entre le cadreur, le chef opérateur, la prise de son, la réalisatrice, et les acteurs, on était au moins douze là-dedans et il faut toujours veiller à ce qu’il y ait pas un bras qui apparaisse dans le cadre”.

Il reprend “Dans la série, mon rôle n’était pas vraiment prévu à l'origine. Mon personnage est apparu peu à peu. Je joue Félix, un gars du pays qui est un peu sourd et qui en joue aussi. Du coup, ça donne des quiproquos, il y a  pas mal d’humour dans la série, on s’amuse avec ces deux gendarmettes et même à un moment on en fait pleurer une

Quand on a tourné et qu’on a vu l’envers du décor, on se rend compte que le cinéma c’est vraiment très technique. Chacun a sa place et on respecte ses compétences" explique plus sérieusement le facétieux Felix/Joël.

Pour Claire, “Après, on ne peut plus regarder une série comme avant

“Alors, moi c’est comme Nany, je suis un pur produit de Siaugues et je suis venu un peu par amusement, un peu par curiosité. J’ai un tout petit rôle mais j’ai apprécié chaque jour de tournage malgré le froid et le vent qu'il a fait certains jours. Il y avait vraiment une bonne ambiance et beaucoup de bienveillance de la part des acteurs professionnels envers nous. Depuis, quand je regarde une série, j’essaye d'imaginer l'envers du décor et comment ça a été fait.

Parfois pour des scènes qui, à la fin ne dureront que quelques secondes à l'écran,on va tourner toute une journée.
C'est assez extraordinaire d’avoir pu vivre cette expérience et rencontrer tous ces gens et surtout de noter la bienveillance et le respect du travail qu’il y a entre eux
”. 

Claire qui incite tout le monde en tenter l'expérience Photo par Thierry Chabanon

Cela rappelle à Jöel une des journées du tournage à l'église du minuscule village de Sainte-Marie-des-Chazes.

La messe la plus longue de ma vie 

On a tourné une scène dans l'église de Sainte-Marie. Les gendarmettes viennent interrompre la messe pour interpeller la population du village et leur demander de participer à l’enquête du vol d’un tableau en disant ce qu’ils savent. A la fin de la messe tout le monde sort et personne ne s’arrête pour leur parler, c’est l’omerta dans le village. Et bien pour ça on a tourné toute une journée dans l’église avec un curé acteur… la plus longue messe de ma vie comme je dis” glisse avec malice Joël qui, on le comprend rapidement, reprendrait bien un peu de cette vie de cinéma.

Joël y retournerait aussi Photo par Thierry Chabanon

Non castée, Dadou, passée de régisseuse à actrice

"Moi" raconte l'élue Andrée Lionnet, "comme je suis adjointe chargée de l'animation et des événements, mon rôle c'était de faire un peu l'interface entre l’équipe de tournage, Fanny elle-même et la mairie. C'est moi qui ouvrait les salles et qui essayait de régler les questions et les problèmes de dernière minute et qui mettait un peu d’huile quand il en fallait.
J’étais là depuis le début, par exemple, quand ils ont fait les castings"
.

Andrée "Dadou" Lionnet adjointe et actrice si besoin Photo par Thierry Chabanon

Elle poursuit son histoire “C’est incroyable, le nombre de gens qui sont venus aux castings, des gens d’ici, et des gens de plus loin comme cette dame de Clermont-Ferrand ou cette autre d’Annonay venues pour s'occuper. Il y avait aussi beaucoup d’intermittents qui avaient besoin d’avoir des jours de travail afin de pouvoir conserver leur statut. Un jour, quand je suis arrivée, l’escalier était plein, il devait bien y avoir 50 personnes”.
Elle enchaîne “et puis un autre jour Fanny m’a demandé si je ne pouvais pas donner la réplique  pendant le casting. C’est comme ça que ça se passe. Il y a une personne qui est auditée et photographiée, elle doit dire un texte, une autre personne extérieure lui donne la réplique. A la fin Fanny m’a dit “Bon et bien toi aussi j’ai besoin de toi pour la scène avec des élus de la com com, comme tu connais un peu le sujet. 
Voilà, c’est comme ça que moi aussi, j’ai fini par être dans le film
".

Nos aspirants acteurs sont prolixes sur leur expérience et il faudrait beaucoup plus qu’un article pour raconter tout le bonheur et les anecdotes qu’ils ont envie de faire partager.
 “Il faut dire aux gens qu’ils n’ont pas à avoir peur, s’ils ont l'occasion, qu'ils y aillent, ils seront bien accueillis et n’ont pas besoin d’avoir des têtes d'acteur. Nous on nous a demandé de venir comme on était, on a tourné avec nos habits et nos défauts”.

Depuis, ils se languissent de voir le résultat qui sera présenté en avant première à Siaugues à une date qui n’est pas encore connue. Le montage a commencé, savent-ils, car ils ont gardé des contacts étroits avec Fanny Sidney qui est devenue une véritable enfant du pays et qui, enceinte sur le tournage, vient de donner naissance à une petite fille la semaine passée.

Depuis, ils se rêvent encore en acteur parce que c’est un peu de leur âme d’enfant qui a ressurgi.

Sainte-Marie-des-Chazes a été un des lieux de tournage du film Photo par Thierry Chabanon