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Concours d'éloquence : une finale de haut niveau pour les lycées altiligériens

Par . . , Mise à jour le 25/05/2021 à 01:30

Mêler références classiques voire antiques avec du rap d'aujourd'hui, allier techniques d'expressions et gestuelle de circonstance : les quatre binômes des lycées sélectionnés pour la finale d'éloquence ont proposé des prestations de haut-vol ce vendredi, au Palais de Justice du Puy.

Devant un jury composé d'avocats, de magistrats et de membres de l'Education nationale, deux élèves des quatre établissements sélectionnés (lycée professionnel Jean Monnet et lycée Simone Weil du Puy-en-Velay, lycée professionnel Auguste Aymard d'Espaly Saint-Marcel, lycée Léonard de Vinci de Monistrol-sur-Loire) ont défendu thèse ou antithèse en cinq à dix minutes. La thématique ? "Tous les moyens sont-ils permis pour revendiquer son opinion ?"

Le lycée de Monistrol-sur-Loire remporte la finale

Andy Royer (17 ans) et Mélina Bekiri (18 ans) sont tous deux élèves du lycée Léonard de Vinci, à Monistrol-sur-Loire. Grands gagnants de cette 7e édition, ils expliquent leur travail de préparation : "On prépare ce concours depuis le mois de janvier, ça se fait progressivement. Au début, c'était assez compliqué, on parlait très vite. Nous nous entrainions environ une fois par semaine, une heure en moyenne. Et puis, pour cette dernière semaine, on a eu des entraînements tous les jours pour peaufiner le résultat final.", confie Mélina Bekiri. Des entraînements pour lesquels le binôme confie n'être que "le porte-parole du lycée : "Nous ne sommes pas seuls, nous représentons notre lycée. Une vingtaine d'auteurs nous ont aidés à écrire notre texte", explique d'ailleurs Andy Royer.

"Nous étions seulement la voix du lycée." Mélina Bekiri

Pour Andy Royer, "j'étais stressé quand j'ai vu Mélina parler. Et puis, après, j'ai réussi à me détendre. Le fait d'avoir du monde autour de moi, un lycée qui nous soutient, m'a permis de me relâcher, d'être confiant et fier à la fois de représenter mon établissement." Du côté de sa binôme, "c'était l'appréhension d'être en face d'un jury composé d'avocats et de magistrats, parce que je souhaite faire une fac de droit l'an prochain. Je comptais énormément sur ce concours d'éloquence, puisque ça représente totalement ce que je veux faire. J'y ai consacré beaucoup d'énergie, mais ça a aussi créé mon stress."

S'exprimer de manière particulière, avec un débit de parole différent et un langage assez soutenu, c'est une chose, mais le sujet en était une autre : "Le sujet nous a inspiré, oui, mais on a mis beaucoup de temps à se l'approprier. Nous avions des rédactions de trois pages que l'on a lues, il a fallu s'en détacher et c'était compliqué, c'était le plus gros du travail.", avoue Mélina Bekiri. Avant de poursuivre : "Mais on a mis du temps à rédiger nos synthèses, nos paragraphes. C'était un sacré travail de trouver des exemples, des arguments, des métaphores. "

"Présenter un oral, c'est tout un travail d'expression, de gestuelle, de chercher le regard aussi pour capter l'attention et interpeller." Mélina Bekiri

Quant au choix des références choisies, Andy Royer est formel : "Je pense que le plus important, ce n'est pas quelles références on utilise, mais plutôt comment. Mélina a choisi un rappeur et a décrit comment elle appréhendait cette référence. La manière dont on aborde les sujets et les références, c'est révélateur de la manière dont on s'exprime."

Pour ces jeunes qui préparent leur grand oral du bac à venir dans deux semaines, ce concours d'éloquence est "une formation formidable. C'est une façon d'appréhender le sujet, car on va devoir aussi répondre à une question lors du grand oral", développe le binôme. Avant de conclure : "Cela nous permet de nous entrainer devant un jury constitué de personnes imposantes moralement parlant; c'est donc une possibilité de relativiser et de se dire que le grand oral, on peut le gérer".

Pour Pierre Eteocle, professeur de SES (sciences économiques et sociales) au lycée Léonard de Vinci et en charge du concours d'éloquence pour le lycée, c'est une grande satisfaction : "Les élèves ont beaucoup oeuvré à ce concours. Ils ont bien travaillé, il y a eu une belle évolution. Ce n'était pas simple au départ, mais ils ont fini par être récompensés. Et je remercie vraiment les lycéens qui ont aidé à ce texte."

Deux coups de coeur primés

Outre le binôme grand gagnant de cette finale d'éloquence, ce sont deux prix coups de coeur qui ont également été décernés. Du côté de l'Education nationale, c'est Zoé Turnel, une lycéenne du lycée Jean-Monnet, en bac pro cuisine et originaire de La Séauve-sur-Semène, qui a particulièrement séduit. Pour le Barreau des avocats, en revanche, c'est Charles Legrand, élève du lycée professionnel d'Espaly et technicien constructeur bois d'Yssingeaux, qui a charmé le jury.

Pour le recteur de Haute-Loire, Karim Benmiloud, les prestations du jour ont été impressionnantes : "Les élèves ont été très bien préparés. On a assisté à des grands moments d'éloquence."

"Il y a des moments où l'on a envie de poser le stylo et de se laisser séduire par la force de conviction des élèves." Karim Benmiloud, recteur de Haute-Loire.

Avant de poursuivre : "Des prestations ont été impressionnantes et dépassent bien celles de nombreux adultes. Notre coup de coeur, c'est pour une élève dont on pourrait penser qu'elle n'est pas spontanément tournée vers l'éloquence. On a trouvé chez elle beaucoup d'engagement, une force de persuasion très percutante et offensive. Elle a incarné cette prestation avec beaucoup d'allant et d'esprit et c'est pour cette raison qu'on a voulu la récompenser."

Les binômes participants, leur professeur et le jury. Photo par Axel POULAIN

Si sur le papier, il s'agit d'une 7e édition, c'est en revanche une première édition qui rassemble collégiens et lycéens. Car plus tôt dans la journée, les élèves de quatrième du collège Roger-Ruel, à Saint-Didier-en-Velay, Romane Evreux-Coste et Elyse Fourets-Perbet ont offert une plaidoirie dont la qualité a été soulignée par le jury final.

Axel Poulain