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Piscine de St-Paulien : l’opposition dénonce une absence totale de communication

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 07/04/2021 à 07:00

À travers un courrier mis en en ligne sur les réseaux sociaux, des élus minoritaires ruessiens expriment leur consternation. L’enterrement du « fleuron touristique » de St-Paulien n’aurait été communiqué ni par la majorité, ni par l’Agglo du Puy. Un oubli qui ne passe pas.

« Si on m’avait posé la question au sujet du devenir de la piscine d’été, j’aurais bien sûr dit que son enterrement avait été programmé par l’Agglomération du Puy-en-Velay afin de mettre un terme aux fuites, se défend Marie-Pierre Vincent, maire de Saint-Paulien. Mais jamais l’opposition n’a posé de questions en ce sens ».

À propos du changement de visage songé pour cet espace aquatique, elle ajoute : « Au mois d’octobre 2020, l’Agglo est venue avec un projet pour la piscine, une piscine qui perdait je le rappelle environ 250 m³ d’eau chaque jour. Ce projet n’était, à mon sens, pas assez ludique et distrayant. Actuellement, nous sommes en train de travailler ensemble pour penser un espace que j’ai dévoilé rapidement dans votre article précédent. Mais je ne peux pas communiquer sur quelque chose que je ne connais pas moi-même de façon précise ! »

« Le paradoxe de certains qui s’offusquaient des fuites de la piscine et qui aujourd’hui s’étonnent de son comblement est assez surprenant ». Laurent Duplomb

Photo par DR

Une lettre acidulée

Il y a quelques jours, l’Agglomération du Puy-en-Velay a envoyé une entreprise pour remplir de terre la piscine d’été de Saint-Paulien. Ce bassin de 700 m² existait depuis 21 ans et accueillait dans ses plus gros étés un peu plus de 22 000 entrées. À la vue de cette piscine totalement recouverte de terre, les élus minoritaires ont bondi d’exaspération. « C’est avec surprise et consternation que les conseillers de l’opposition, ainsi que beaucoup d’habitants de Saint-Paulien, ont constaté la démolition par l’Agglomération du Puy de la piscine d’été, fleuron touristique de notre commune depuis plus de 20 ans », partagent-ils dans un lettre écrite le 2 avril et publiée le lendemain sur les réseaux sociaux.

Il est également mentionné : « Nous constatons que bien qu’informée depuis longtemps de ce projet de démolition par l’Agglo, vous n’avez pas jugé utile d’en informer le conseil municipal. Vous n’avez pas non plus jugé utile de nous associer à la réflexion sur sa rénovation, ni même de nous présenter le projet de piscine de remplacement ».

« J’ai su la date de l’enterrement de la piscine quand j’ai vu les entreprises à l’œuvre. Mais pas avant. Je savais que ça allait se faire mais pas quand. » Marie-Pierre Vincent

  • 2000 : l’intercommunalité des Portes d’Auvergne met en service son complexe aquarécréatif doté entre autres d’une piscine extérieure de 700 m² de bassin. Quelques malfaçons se révèlent qui sont rapidement réparées.
  • Le succès est rapide : 18 116 entrées dès le 1er été et une moyenne de 22 301 entrées sur les cinq premiers étés.

  • Vers 2013, des problèmes de surconsommation d’eau commencent à apparaitre, au début difficiles à estimer car une piscine peut perdre naturellement par évaporation 3% par jour de son volume d’eau ce qui représente pour notre piscine de 1038 m³  environ 31 m³/j sans compter les éclaboussures des plongeons et toboggans qui peuvent être très importantes les jours d’affluence et très difficiles à évaluer (la normale se situerait à environ 50 litres par baigneur en moyenne pour la piscine et 40 litres pour le toboggan). La consommation moyenne d’eau était jusque-là d’environ 4000 m³/été soit 67 m³/j. Des pertes normales pour plus de 60 jours de fréquentation peuvent donc représenter environ 1860 m³/saison pour l’évaporation, 1110 m³/saison pour les éclaboussures piscine et 900 m³ pour le toboggan soit environ 3900 m³ par été. La consommation moyenne de 67 m³/j jusqu’en 2013 entrait donc dans la moyenne nationale.

  • La piscine est creusée sur une couche très épaisse d’argile pure (15 à 17 mètres) qui se comporte comme une grande réserve étanche ne permettant que très difficilement l’absorption dans la terre de ces premières fuites. La terre fortement humectée sous la piscine a donc entraîné des mouvements autour des conduits d’eau, accentuant toujours plus les dégâts. Cette étanchéité par rapport à la nappe phréatique avait amené à un essai de récupération de l’eau chauffée qui s’échappait. Ce système « D » a ainsi permis de compenser les pertes en attendant des travaux plus conséquents pour remettre le réseau dans l’état où il se trouvait les premières années de fonctionnement.

  • 2017 : la piscine est reprise par l’Agglo qui n’entend pas, assez logiquement, voir perdurer ce système de récupération d’eau chauffée provenant des fuites.

  • 2018 : ce système est arrêté, les fuites et l’évaporation doivent alors être compensées par l’eau de la ville (donc froide) ; la consommation d’eau de la ville passe de 6 038 m³ à 11 845 m³. Les fuites récupérées sur l’argile s’élevaient donc à 5 807 m³. Cette consommation de 11 845 m³ d’eau peut représenter une fuite d’environ 11 845 m³ – 4000 m³ de consommation normale soit environ 7 845 m³ correspondant à une fuite de 131 m³/j. Cela entraîne un fort refroidissement de l’eau à 20-21° ce qui crée une grande désaffection de la piscine.

  • Février 2019 : L’Agglo organise un audit technique de la piscine avec Cérène D2X; le maire de la commune, Denis Eymard pourtant promoteur du projet en 2000, n’est ni invité à participer à cet audit ni informé par nos deux représentants à l’Agglo Marie-Pierre Vincent et Laurent Duplomb.

  • Août 2019 : dans un article de l’Eveil du 8 août 2019 nous apprenons que toutes les fuites accessibles repérées en 2018 ayant été réparées, nous serions revenus à la normale en 2019 avec un ajout en eau de 50 à 80 m³/j (la consommation normale jusqu’en 2013 était de 67 m³/j). Le Président de l’Agglo Michel Joubert réfute désormais toute idée de fuite, il dit : « Pour moi, il s’agit plus de grosses évaporations, accentuées par la canicule. Sur un bassin comme ça, avec des pierres jointées, il y a forcément des pertes d’eau, mais nous allons quand même chercher d’où vient le problème. »

  • Septembre 2019 : Malheureusement 9 264 m³ ont été consommés cet été ce qui fait apparaître pour 60 jours une fuite probable d’environ 87 m³/j (154 m³/j consommés – 67 m³/j de consommation normale). Comme il ne souhaite pas voir disparaître ou amoindrir sa piscine d’été sans réagir, le maire me charge en tant que conseiller, d’étudier de près cette situation et de lui remettre un rapport. Dans le cadre de cette étude, le responsable de la piscine, Rémy Debard, transmet à la mairie les conclusions du rapport d’audit de Cérène D2X.

  • L’étude de ce rapport de 89 pages montre qu’il sera sans doute inévitable de refaire la piscine et une partie des aménagements techniques. Tout l’enjeu est de savoir quelle dimension de piscine extérieure serait proposée en remplacement. Ce rapport s’appuie sur des chiffres plus que discutables en nombre d’entrées qui sont la conséquence des problèmes de désaffection dus à l’absence de toboggan et à l’eau froide : le chiffre de 10 500 entrées prises dans ce rapport est très éloigné de la moyenne sur 13 ans de 21 313 entrées constatées les 13 premières années d’exploitation lorsque tout fonctionnait normalement. Ces 10 500 entrées risquent de réduire artificiellement et anormalement l’investissement du futur projet si l’Agglo suit les conseils de Cérène D2X : « La quantité des travaux est telle qu’il convient de se poser la question de la portée de ces investissements.

    • Le concept de pôle touristique justifiait le dimensionnement du bassin toutefois ces ouvrages sont aujourd’hui désaffectés ;

    • L’ouvrage comptabilise environ 10 500 entrées entre les mois de juin et d’août inclus avec un pic de fréquentation de 5 684 entrées en août soit une moyenne de 190 environ par jour ouvrés rapportés à 700 m² de bassin. Il apparait à la lecture de ce chiffre que la superficie des plans d’eau extérieur est surdimensionnée ».

  • De plus, malgré tous les aléas rencontrés en 2017, le tableau d’évolution des charges et des recettes du rapport Cérène montre pour juillet-août environ 117 000 € de charges pour 30 000 € de recettes (déficit d’environ 87 000 €). Cérène D2X conclut pourtant à un déficit « dans la moyenne des équipements aquatiques français ». La moyenne des recettes pour les 13 premières années d’exploitation était de 89 182 €. Il serait donc plus exact de parler d’un déficit de 28 000 €, trois fois moins élevé donc bien plus favorable que la moyenne des équipements aquatiques français. Ces conclusions ont été communiquées, à la demande du maire, aux conseillers municipaux et communautaires.

  • 3 janvier 2020 : démission du maire Denis Eymard pour raisons de santé. Plus jamais, jusqu’au récent constat de sa démolition par l’Agglo, le sujet de la piscine ne sera abordé en conseil par nos représentants à savoir la Conseillère départementale, Maire Marie-Pierre Vincent et le Sénateur Laurent Duplomb.

Laurent Duplomb aux côtés de Madame le Maire

« L’an dernier, les élus de l’opposition se sont plaints des fuites, explique Marie-Pierre Vincent. Et là, ils se plaignent car nous avons enfin trouvé une solution. En fait, ils sont vexés. C’est vrai qu’on aurait peut-être dû formuler une explication. Mais une chose est vraie aussi, c’est qu’on ne voit pas souvent l’opposition lors des conseils municipaux ». Ambiance.

Le sénateur de la Haute-Loire Laurent Duplomb partage l’analyse de Marie-Pierre Vincent. « Le paradoxe de certains qui s’offusquaient des fuites de la piscine et qui aujourd’hui s’étonnent de son comblement est assez surprenant, livre-t-il. De notre côté, avec le maire Marie-Pierre Vincent et la communauté d’agglomération, nous travaillons à une solution satisfaisante pour cet été et à un projet de reconstruction d’une piscine avec des jeux aquatiques plus modernes ».

« Lorsqu’en 2016, l’entrée dans l’Agglo nous a été vendue, il était pourtant question que nos deux représentants au sein de conseil communautaire, élus du conseil municipal, s’en fassent les porte-paroles à l’Agglo ». Les élus de l’opposition

400 000 euros cette année, des investissements supplémentaires ensuite

« C’était notre fierté, admet Marie-Pierre Vincent. Mais on ne pouvait pas passer notre temps à nous demander ce que nous devions faire ou pas. Il fallait réagir. Nous, nous travaillons pour l’avenir et il était nécessaire de prendre des décisions. Plus que tout, je cherche à valoriser ce lieu et notre commune en la modernisant. Cette année, 400 000 euros seront investis pour la location d’une piscine en place cet été, pour l’achat d’un second toboggan et pour arborer le lieu. Avec l’Agglo, nous allons ensuite, au cours des années à venir, en faire un espace de jeux unique dans le département ». L’équipe de Zoomdici a tenté de recueillir des explications de l’Agglomération sur le sujet. En vain.

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