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Réforme Taquet : les professionnels de la petite enfance à flux tendu

Par maceo.cartal.3… , Mise à jour le 31/03/2021 à 12:50

Ce mardi 30 mars, le collectif « Pas de bébés à la consigne » a lancé un appel à la grève sur tout le territoire. Au Puy-en-Velay, une quarantaine de personnes se sont rassemblées sur la place Cadelade à 10h, avant que le cortège ne se déplace jusqu’à la préfecture.

Le syndicat Force Ouvrière (FO) petite enfance et le collectif « Pas de bébés à la consigne » ont appelé à manifester ce mardi matin au Puy. L’objectif principal est de lutter contre la réforme des modes d’accueils menée par le secrétaire d'État chargé de la protection de l'enfance Adrien Taquet. Dénonçant les modes de gestion des crèches et la manque de reconnaissance de la profession au sein de la crise sanitaire, le collectif fait le point sur les points à modifier de cette réforme.

 

Une réforme loin de la réalité humaine

Micro-crèches… plus si micro ?

La réforme Taquet indique que les micro-crèches devront accueillir 12 enfants, contre 10 actuellement. Cependant cette augmentation du nombre de petits ne semble pas s’accompagner de recrutement de personnel. Ainsi, les opposants réclament le maintiens des 10 places maximum, en corrélation avec le nombre de 5 enfants par professionnel.

Depuis 2019, les syndicats et collectifs relatifs au secteur de la petite enfance sont en opposition à la réforme Taquet. « Les objectifs de cette réforme sont à contre-courant des besoins des enfants, mais aussi de ceux des parents et des professionnels du secteur » indique Karine Beal, qui est éducatrice de jeunes enfants et directrice de crèche sur le bassin ponot, représentant le collectif  « Pas de bébés à la consigne ». Les professionnels du secteur craignent de ne plus avoir les moyens d’assurer un accueil optimal des jeunes enfants. La réforme amènerait un taux d’encadrement à 6 bébés par professionnel, chiffre « intenable » selon les principaux concernés. Cette réforme autorise aussi l’accueil dans les crèches en surnombre à 115 % et ce tous les jours au rythme de 8h quotidienne.

Afin de répondre à une logique humaine, les opposants à cette réforme demande des mesures « plus réalistes » comme un taux d’encadrement de 5 enfants par professionnel maximum et une moyenne d’accueil hebdomadaire de 100 %, voire 110 % maximum de manière ponctuel. Aussi, alors que la réforme impose un espace de 5,5 m² par enfant en milieu dense, les professionnels de la petite enfance réclament un espace de 7 m² par enfant minimum sur tout le territoire.

« C’est une mise en danger physique et affective des enfants », Karine Beal

Ces changements de gestion constituent, pour les professionnels, une mise en danger des enfants. « Nous nous occupons d’enfants allant de 2 mois et demi à 4 ans, voire 6 ans pour certaines structures. Le mode d’accueil n’est pas le même selon le groupe d’âge. Pour une professionnelle qui se trouve seul avec un groupe de six bébés, c’est tout bonnement impossible, témoigne Karine Beal, c’est mettre la qualité d’accueil en danger mais c’est également une mise en danger physique et affective des enfants ».

Photo par Macéo Cartal

Un manque de qualification et une gestion sans expérience

Une prime COVID

« Nous avons également été en première ligne, nous n’avons quasiment jamais fermé nos portes et nous avons pris le temps de respecter le lourd protocole sanitaire, pour les enfants. Nous n’avons pas été reconnue pour cela » indique Karine Beal. Les professionnels de la petite enfance demandent à bénéficier de la même prime de 183 € mensuel que les professionnels de la fonction publique hospitalière.

Les éducateurs de jeunes enfants déplorent également le manque d’investissement dans des postes de personnels qualifiés. « Aujourd’hui en France, il manque 200 000 places en crèche » scande Karine Beal. Ce manque de qualification et d’expérience se ressentirait aussi fortement dans la direction de certains établissement. « Au lieu de régler le problème, le Gouvernement préfère privilégier la mise en place de grosses crèches d’entreprises, qui sont de grosses PME comme Sodexo ou encore Babilou, qui fait donc émerger des crèches low-cost dirigées par des gestionnaires, des gens issus de l’entreprenariat » pointe du doigt l’éducatrice de jeunes enfants. À cela, les professionnels du secteur exigent d’avoir au minimum trois d’expérience professionnelle dans le domaine de la petite enfance pour aspirer à devenir gérant d’un établissement d’accueil.

Le cortège, qui s’est rassemblé à 10h place Cadelade, s’est rendu par la suite devant la préfecture en remontant le boulevard Maréchal Fayolle, dans l’espoir d’obtenir une entrevue avec le représentant de l’État.