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"Lettre ouverte à Monsieur Eric Etienne, Préfet de la Haute-Loire"

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 29/03/2021 à 12:00

Le Resf 43 a transmis une lettre au préfet du département qui fait suite à son intervention dans le journal télévisé de France 3 du jeudi 11 mars concernant le jeune malien Madama Diawara.

Quelques jours après l'interview en direct du préfet de la Haute-Loire Eric Etienne durant le JT Auvergne, le Resf 43 (Réseau Education Sans Frontières) a souhaité réagir sur ses propos. Point par point, le Resf 43 (appuyé par près de 38 000 signataires sur la pétition concernant le jeune garçon) dépiaute les arguments avancés par le représentant de l'Etat.

Voici la lettre dans son intégralité et la vidéo du journal télévisé en question :

"Monsieur le Préfet, 

Nous avons entendu votre déclaration au journal télévisé de France 3 Auvergne du jeudi 11 mars, et nous souhaitons y apporter des rectificatifs nécessaires.

Vous contestez la qualité de tiers digne de confiance ( « soi-disant tiers dignes de confiance »)  dispositif juridique pourtant parfaitement légal et intégré depuis longtemps dans notre droit : remettez-vous en cause ce dispositif juridique et la décision du tribunal du Puy-en-Velay de confier Madama Diawara à M. Durupt et Mme De Marconnay ?

Représentant de l'Etat dans le département, vous devez pourtant savoir que de nombreux mineurs non-accompagnés, plutôt que d'être confiés à l'Aide Sociale à l'Enfance, ont été confiés à des tiers dignes de confiance. Beaucoup d'entre eux ont été d'abord des hébergeurs quand les jeunes ont été mis à la rue par l'ASE après une évaluation défavorable, menée dans des conditions très contestables au regard des recommandations nationales.

Devons-nous rappeler que le 4 décembre 2017, c'est le chef du service des étrangers lui-même qui a demandé aux bénévoles du Réseau Education Sans Frontières 43 d'organiser un hébergement solidaire des 4 jeunes mis à la rue par l'ASE ? Que ce jour-là la température au Puy ne dépassait pas moins 4 ? que les seules places disponibles en hébergement d'urgence étaient au nombre de 2, une à Brioude et une à Yssingeaux, alors que votre prédécesseur avait suspendu les transports en raison d'une alerte météo?

Nous ajoutons que l'investissement personnel et financier de ces personnes a permis de pallier aux manquements du département, concernant la prise en charge de ces mineurs.

Madama, ce jeune malien en apprentissage de charcuterie a fait preuve d’énormément de courage et de volonté pour s’adapter et s’intégrer. Au bout d’un an ce fut chose faite. Il a pu réintégrer le système scolaire pour préparer un CAP d’ouvrier agricole. N’est-ce pas ce que vous auriez dû préciser lors de l’interview de France 3 ?

Beaucoup de jeunes migrants s’intègrent par l’apprentissage, dans des métiers en tension comme le bâtiment, la restauration, l’automobile, où la demande est très forte, et sont très appréciés par leurs employeurs qui s’impliquent pour les emmener vers un emploi. 

Madama a droit à une chance ainsi qu’Ibrahima et les autres… . Ainsi, le fait qu'un jeune qui a réussi brillamment son CAP reçoive peu après une « Obligation de Quitter le Territoire Français »  de votre part nous laisse perplexes ! Il faut  permettre à ces jeunes de rester en France et de poursuivre leurs études : ce qui relève de votre pouvoir, il est juste et légitime qu’ils l’obtiennent.

Vous comprendrez donc, Monsieur le Préfet, qu'en l'état, ces déclarations nous heurtent car elles nous semblent faire peu de cas de la justice et du respect dus à chacun. Pourtant, nous ne réclamerons pas d'excuses publiques. Nous ne défendons pas les droits des étrangers en France pour satisfaire notre ego. Dans toute démocratie digne de ce nom, il existe une obligation de solidarité qui introduit, il me semble, de l’humanité dans l’espace républicain.

Dans cette optique, nous réitérons notre demande de rendez-vous, restée à ce jour sans réponse, afin d'évoquer avec vous la situation des familles  en attente d'une régularisation de leur situation".

Le passage sur Madama Diawara et l'intervention d'Eric Etienne commence à 5 min 30 et se termine à 11 min 25