Je signale une erreur

Précisez éventuellement la nature de l'erreur

Un carnaval improvisé au nom de la culture

Par nicolas@zoomdici.com dim 28/03/2021 - 07:00 , Mise à jour le 28/03/2021 à 07:00

Samedi 27 mars, les rues de la cité ponote ont résonné des sons des fanfares, des tambours et des chants. Comme une bouffée d’oxygène pour les yeux et les oreilles, la culture s’est invitée le temps d’une marche colorée pour montrer comment l’existence apparaît plus belle avec elle.

« Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort, nous nous vîmes trois mille en arrivant au port », a écrit Corneille dans la pièce Le Cid. Avec des proportions différentes, c’est ce qu’il s’est passé pour la marche toute en couleurs organisée par le CIP 43 (Comité des Intermittents et Précaires de Haute-Loire). Aux alentours de 14 heures, ils sont une cinquantaine à quitter la Couveuse de Chadrac en direction du Puy-en-Velay. « Les gens se sont greffés à notre mouvement petit à petit le long du chemin », partage l’une des participantes. Ils seront environ 250 à remonter le Breuil.

Photo par Nicolas Defay

« On peut exister sans la culture, mais on ne peut pas vivre sans ». Un participant

Un air de carnaval

Des tambours, des cuivres ou encore des guitares font danser les gens costumés et colorés. Il y a même des marionnettes géantes constituées de papier mâché et de toiles diverses. Et surtout, il y a des sourires sur tous les visages et des rires qui fusent entre les notes. Le temps d’une poignée d’heures, c’est comme si la ville du Puy-en-Velay avait repris vie, comme si elle respirait à nouveau. « La culture, c’est ça, livre un père de famille avec son enfant sur le dos. On peut exister sans la culture, mais on ne peut pas vivre sans ».

Photo par Nicolas Defay

Les intermittents de l'emploi désertent la Couveuse

Les membres du CIP 43 occupaient la Couveuse à Chadrac depuis samedi 20 mars. En partant pour leur marche colorée ce samedi 28 mars, ils ont en même temps ôté leurs banderoles et quitté ce haut lieu de culture de l'Agglomération du Puy-en-Velay.

« On a envie qu’au-dessus de nous, ce grand Jupiter de la France descende un peu sur Terre »

« Nous avons fait cette marche pour dire qu’on existe, qu’on est là, qu’on est vivant, que la culture nous manque terriblement, partage Lionel Alès, membre du CIP 43. On a voulu donner ce ton joyeux à cette action car le mois de mars, c’est le mois du printemps, et le printemps c’est le carnaval. »

Derrière une chanson reprise par les centaines de gorges à quelques mètres de lui, il explique : « Le carnaval, c’est la fête à l’envers. Durant le Moyen-âge, le bouffon devenait à ce moment-là le roi et le roi acceptait de prendre la place du petit peuple pendant les festivités. Et bien ce clin d’œil nous plaît car on a envie qu’au-dessus de nous, ce grand Jupiter de la France descende un peu sur Terre ».

« Comment justifier qu’on peut aller dans une galerie marchande toucher tous les produits que l’on souhaite et être interdit d’accès aux galeries d’un musée ? Comme justifier ça ? » Lionel Alès

Photo par Nicolas Defay

« C’est une volonté politique de laisser fermer ainsi les lieux de culture »

Mais sous les coups de trompettes, les sifflets de la batucada et ces effusions de joie contagieuses se cachent de véritables inquiétudes pour les intermittents du spectacle et de l’emploi. « Nous demandons d’urgence la reprise de nos activités dans tous les secteurs, confie Lionel Alès. Et pas que les secteurs liés au spectacle et à la culture mais également ceux de évènementiel, de la restauration, de l’hôtellerie, du tourisme. Il faut un plan massif de soutien avant tout dans l’emploi. » Il ajoute : « Il faut soutenir tous les lieux qui accueillent les spectacles, les associations, les organisateurs. Ce n’est plus possible aujourd’hui d’entendre qu’acheter une voiture est essentielle et qu’aller au cinéma ne l’est pas. Pour moi, aller au cinéma est beaucoup plus important que d’acheter une voiture. C’est une volonté politique de laisser fermer ainsi les lieux de culture ».