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St-Etienne-Lardeyrol : Lutte des Sucs redit "stop" avec des fleurs

Par . . , Mise à jour le 23/03/2021 à 07:00

Ce dimanche, jour du printemps, le collectif La lutte des Sucs avait appelé à fêter le printemps autour d'une action symbolique de semailles à l'ancienne sur un terrain acquis par l'Etat pour le projet de déviation de la RN88 à Saint-Etienne-Lardeyrol.

Ce dimanche 21 mars, l'action qui a été menée s'est voulue faite de symboles. La journée ensoleillée aurait été parfaitement réussie, selon Régine, si le vent frais du Nord n'avait douché l'enthousiasme de quelques-uns. C'est pour les familles qu'avait été imaginée cette fête du printemps inscrite autour d'une action de semailles à l'ancienne sur une des emprises acquises par l'Etat en vue du tracé de la nouvelle RN88 annoncée par un panneau immense au rond-point de Lachamp.

Forte présence de la gendarmerie

Ce qui frappe en premier en arrivant sur les lieux de rendez-vous des opposants vers 14 heures, c'est l'omniprésence de l'autorité publique. Trois motards surveillent l'accès au rond-point de Lachamp. Quelques dizaines de mètres plus loin, une voiture de gendarmerie est embusquée derrière un bâtiment de la route de Saint Etienne Lardeyrol puis 500 mètres encore et trois autres véhicules sont positionnés à l'embranchement qui donne accès au champ qui a été choisi pour être ensemencé et enfin deux véhicules, plus deux motos tout-terrains sont positionnés sur le chemin cabossé en surplomb de la zone de rassemblement.

Voir l'arrière plan Photo par Th Chabanon

Sur cette aire de rassemblement balayée par la bise, on discute et on se serre les uns contre les autres. Sur une remorque agricole qui a servi d'estrade pour les traditionnelles prises de paroles, on chante pour se tenir chaud. Les plus courageux ne vont certainement pas attendre la nouvelle heure légale du couvre-feu, fixée depuis ce dimanche à 19 heures et la décision est prise de rentrer en convoi serré afin d'éviter les contrôles de police (SIC). Ça donne à l'ensemble un petit air de Larzac des débuts. Des agriculteurs locaux y étaient mélangés à de jeunes militants citadins qui initieront bientôt un fort mouvement de retour à la terre.

Le temps des semailles

En attendant, la première des actions symboliques a été de semer un champ le matin de ce dimanche, premier jour de la nouvelle saison. Cette semaille est faite à l'ancienne. On ne distingue pas le fameux geste auguste et ample du semeur observé en un autre siècle dans un poème de Victor Hugo mais l'intention y est et le vent fait le boulot de dissémination.

L'après-midi, c'est au tour des brebis de venir pacager sur la parcelle afin d'enfouir les graines semées et par là favoriser leur éclosion future. Symboliquement encore, les graines semées ne proviennent pas des boutiques de semenciers mais il s'agit d'orge et d'avoine mêlées de plantes messicoles (bleuets et coquelicots) qui par leur floraison attireront les insectes et favoriseront les céréales en plus de flatter le regard quand elles seront écloses.

Des grianes locales ont été semées Photo par Lutte des sucs

Le passage du troupeau de brebis a ravi les plus jeunes et plongé les plus anciens dans les souvenirs de leur enfance.

Les arguments du collectif 

  • Selon les organisateurs, ce n'est pourtant pas un combat du progrès contre le passéisme qui se joue là. Ils considèrent au contraire que c'est le projet de la nouvelle route qui est "montré du doigt un projet passéiste qui ne correspond pas aux enjeux actuels notamment la résilience alimentaire".
  • Ils dénoncent surtout les atteintes à la nature qui sont faites depuis le démarrage du projet en plein hiver qui a occasionné des dégâts considérables aux terrains et à la nature" .
  • Ils ont voulu dire que même si un panneau immense annonce les travaux entrepris il ne faut "pas donner raison à la fatalité et croire qu'un autre monde est possible".

Nous l'avons écrit par ailleurs, le projet est un des éléments de la campagne des régionales qui vient de débuter au moins pour sa partie Haute-Loire avec la candidature de Renaud Daumas à la tête des écologistes du département.

Les électeurs vont devoir se prononcer. En attendant, et malgré le froid du jour, les opposants ont montré de la détermination, de la créativité, leur intention de vivre sur une terre qu'ils ont choisi d'entretenir car contrairement à ce que l'on entend, les personnes que nous avons rencontrées ce dimanche après-midi sont toutes issues de ce nouveau monde rural qu'elles rêvent de partager avec les habitants plus anciens et particulièrement les agriculteurs.

Cette fête du printemps a été une occasion de plus pour ces deux mondes de se rencontrer et de discuter autour d'une opposition fédératrice. Chacun devra apprendre à respecter les principes de l'autre au contraire de cette personne qui, au volant d'un pick up agricole, a ouvert sa portière pour se débarrasser sur le chemin d'une balle de tennis souillée.

Les images de la journée

Deux altiligériens sélectionnés pour la nationale du meilleur jeune berger de France
Deux altiligériens sélectionnés pour la nationale du meilleur jeune berger de France Photo par Lutte des sucs
La transhumancedes brebis depuis rosières Photo par Lutte des sucs
Les semeurs Photo par Lutte des sucs
Renaud Daumas tête de liste écologiste pour la Haute-Loire Photo par Lutte des sucs

Il y aura, à n’en pas douter, d’autres actions communes durant les prochaines semaines et par ailleurs, La lutte des Sucs lance également sa pétition contre le projet de déviation de la RN88 au Pertuis / Saint-Hostien.