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Boomerang : un éco emballage made in Haute-Loire

Par nicolas@zoomdici.com jeu 18/03/2021 - 18:00 , Mise à jour le 19/03/2021 à 04:00

Ils sont peut-être trois en France à proposer ce procédé mais seul celui de Clément Filère est totalement vert. L’entrepreneur altiligérien d’Ecopack Solutions a créé un emballage à base de bâches publicitaires destinées à la benne, confectionné à Vergongheon et réutilisable plusieurs dizaines de fois.

Ce jeudi 18 mars marque la journée mondiale du recyclage.

Tous les adeptes du commerce en ligne effectuent le même geste. Ils reçoivent chez eux leurs colis en carton (parfois entourés de plastique), récupèrent leurs articles dont la taille est très souvent ridicule par rapport à l’emballage, puis ils bourrent leurs poubelles jaunes avec les déchets en carton. « En France, il y a 500 millions de colis e-commerce chaque année, indique Clément Filère, sauguain d’origine. Je trouvais ça vraiment dommage ».

Clément Filère (à gauche) et Laurent Bourières. Photo par Clément Filère

L’upcycling, la solution anti-gaspi

Devant ce constat accablant, l'entrepreneur de 27 ans se met alors en tête en décembre 2019 de trouver une solution. « En regardant sur Internet, je suis tombé sur une entreprise finlandaise, Repack, qui a développé dès 2011 un emballage réutilisable pour le e-commerce. Mais en creusant la piste, j’ai trouvé deux problématiques sur leur modèle. Leurs colis étaient construits en Chine et gérés en Estonie. Et en plus, ils étaient constitués à partir de matières plastiques neuves ».

Pour contourner ces écueils loin d’être écolo, Clément Filère se concentre sur l’upcycling, autrement dit, l’utilisation d’une matière qui a déjà été utilisée pour en faire un produit de nouveau utilisable. Au mois de mai 2020, Ecopack Solutions est créée et la commercialisation de ces emballages Boomerang lancée dans l’Hexagone.

« Trois start-up avec celle d’Ecopack Solutions existent en France. Mais nous sommes les seuls à faire de la production française et de l’upcycling. C’est vraiment une démarche d’économie circulaire. Nos concurrents font fabriquer en Chine à partir de plastique neuf ». Clément Filère

Pour les curieux...

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15 couturières pour constituer les emballages à partir de bâches publicitaires

« Pour trouver la matière qui servirait à confectionner mes emballages, je me suis tourné vers les bâches publicitaires, livre Clément Filère. Il faut savoir qu’habituellement 95 % de ces bâches en PVC souple sont utilisées quelques jours ou quelques mois pour terminer ensuite dans l’incinérateur. Du coup, on a créé une filière de récupération en Auvergne-Rhône-Alpes pour donner une seconde vie à cette matière ».

Il continue : « Le fait d’utiliser un déchet comme matière première de nos produits génère peu de coûts, ce qui nous permet d’investir plus lourdement sur notre production et la conserver en France et surtout en Haute-Loire. » Actuellement, ce sont ainsi 15 couturières qui travaillent à la confection des emballages à l’Entreprise Adaptée (EA) d’Étape Auvergne à Vergongheon où deux tailles d’emballages sont pour l’instant élaborées.

« Une fois que l’on aura de gros volumes, on pourra confier la tâche du nettoyage des emballages Boomerang à des Esat de Haute-Loire ». Clément Filère

Et la boucle est bouclée

Et après, comment ça marche ? « Les pochettes Boomerang sont louées aux entreprises de e-commerce, décrit l’entrepreneur. Ces dernières expédient ensuite leurs produits avec nos emballages chez leurs consommateurs. » C’est à partir de là que le terme de boomerang prend tout son sens : « Après réception, les consommateurs renvoient à leur tour gratuitement cet emballage chez nous en le déposant dans n’importe quelle boite aux lettres. Tous les emballages sont joints d’une étiquette pré-payée mentionnant la destination. L’emballage atterrit finalement à Saugues où un nettoyage en interne est pratiqué. » Et après ? « Il sera de nouveau reloué aux entreprises de e-commerce plusieurs dizaines de fois avant de devenir inutilisable ». La boucle est bouclée.

Photo par Clément Filère.

Des allers-retours déjà effectifs à travers le pays

Pour se fournir en matière première, Clément Filère a opté pour trois axes distincts. « Le premier est conclu avec les métropoles telles que Lyon, Clermont-Ferrand ou Le Puy-en-Velay, précise-t-il. Il y aussi les grandes entreprises comme la Sncf, par exemple, qui a beaucoup de bâches dans les gares. La deuxième option est de rechercher auprès du secteur de l’événementiel. Je pense par exemple à GL Events qui est le leader mondial d’organisation de salons professionnels. » La troisième piste est de regarder directement vers les fabricants de bâches.

À peine Ecopacks Solutions était sortie de terre que les emballages Boomerang effectuaient déjà des allers-retours à travers la France. Des e-commerces à Clermont-Ferrand, Lyon mais encore à Lille ou en Lozère les utilisent actuellement.

« Nous avons déjà produit 1 000 enveloppes ce qui représente 20 000 expéditions par an. À la fin de cette année, nous voudrions constituer 30 000 enveloppes et assurer 100 000 envoies annuellement. L’objectif est de créer entre 5 et 10 emplois ». Clément Filère

« Le principe serait de leur vendre des pochettes quasi inusables et étanches »

Question projets, Clément Filère foisonne d’idées. « Bien sûr, nous voulons entrer dans un modèle plus industriel, appuie-t-il. Nous sommes en collaboration avec l’INSA de Lyon (Institut national des sciences appliquées, Ndlr) pour développer des machines spécifiques qui permettraient d’augmenter nos capacités et diminuer nos coûts. J’aimerais sécuriser davantage la filière d’approvisionnement et me concentrer sur les industries de la plasturgie en Haute-Loire. »

Pour terminer, la diversification des produits est également au programme. Par exemple proposer des emballages pour le courrier interne entre les sites des grandes entreprises. « Aujourd’hui, elles se servent d’enveloppes en papiers kraft d’une durée de vie très limitée. Le principe serait de leur vendre des pochettes quasi inusables et étanches afin qu’elles puissent les utiliser plusieurs centaines de fois, voire des milliers de fois, afin qu’elles ne finissent à la poubelle ».