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Des tags racistes peints à Loudes

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 15/03/2021 à 15:00

(MAJ) Des inscriptions aussi violentes que racistes ont été découvertes peintes en noir dans le rond-point de Coubladour, vendredi 12 et dimanche 14 mars.

« Vive Le Pen, Etienne et Papon ». « Bravo M. le préfet : les noirs dehors ! ». Tels sont les tags d’un racisme et d’une violence inouïe que tous les riverains et automobilistes pouvaient lire au matin du vendredi 12 mars dans le rond-point de Coubladour, commune de Loudes. Une troisième expression du même acabit est apparue ce dimanche 14 mars dans le même secteur : « Continuer M.Etienne : OQTF pour tous ces nègres ». S’ils ont été effacés par les services du Département dans les 24 heures, les photos de ces trois tags ont eu le temps de faire le tour des réseaux sociaux.
* OQTF : Obligation de Quitter le Territoire Français

« L’inscription qui mentionne Papon est déroutante. Car cela démontre que son auteur a une certaine référence de l’Histoire. Et ça, c’est d’autant plus grave ! » Laurent Barbalat

La prefecture répond

"Le préfet condamne fermement :

Le préfet de la Haute-Loire a pris connaissance des tags racistes qui ont été inscrits zone de Coubladour, dans la commune de Loudes.
Il condamne fermement cet acte et procède au signalement de ces faits, au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale, au procureur de la République".

Loudes, foyer de Madama et de sa famille de cœur

« Ce qui est en train de se passer dans ce secteur du département est très grave. Les fachos ont encore frappé, cela montre qu'ils sont déterminés ! Désormais, le vocabulaire suit l'horreur de la pensée : le mot employé pour désigner les personnes noires rappelle de sombres heures de l'esclavagisme en Europe comme en Amérique ».

À travers son post sur Facebook, l’UCL (Union Communiste Libertaire) du Puy-en-Velay dénonce cette attaque qui vise toutes les personnes de couleurs victimes d’un racisme encore bien vivant en Haute-Loire. Le lieu de ces actes n’est certainement pas le fait du hasard. Car Loudes est la commune où réside le couple d’enseignant Eric Durupt et Véronique de Marconnay, luttant corps et âmes depuis des mois pour que soit octroyé un titre de séjour au jeune Madama Diawara.

Photo par DR

« Je suis totalement choqué par les propos de ces tags »

« C’est d’une violence inacceptable, inadmissible !, partage Laurent Barbalat, maire de Loudes. Je suis totalement choqué par les propos de ces tags et profondément attristé pour les personnes visées ». D’une voix tranchée, il continue : « On vit dans une société qui est comme ça, ultra violente. D’ailleurs, il n’y a qu’à se rendre sur les réseaux sociaux et lire les commentaires sur le sujet. »
Un tag en particulier semble l
e perturber plus que les autres. « L’inscription qui mentionne Papon est déroutante, déplore-t-il. Car cela démontre que son auteur a une certaine référence de l’Histoire. Et ça, c’est d’autant plus grave ! »

« Seule la solidarité permettra à nos sociétés de faire front. La bête immonde est là, elle doit être combattue sans répit, sans silence complice ». Laurent Johanny

Il est né le 3 septembre 1910 en Seine et Marne et mort le 17 février 2007. En 1998, il est condamné à dix ans de réclusion criminelle pour complicité de crimes contre l'humanité concernant la déportation des Juifs vers le camp d'extermination d'Auschwitz entre 1942 et 1944. Aussi incroyable que cela puisse paraître, il est acquitté pour toutes les charges de complicité d'assassinat et des tentatives de complicité d'assassinat.

Préfet de police de Paris à partir de mars 1958, il est impliqué dans la répression sanglante de la manifestation du 17 octobre 1961 organisée par le Front algérien de libération nationale (FLN), puis dans celle du 8 février 1962, organisée par plusieurs syndicats et le Parti communiste français (PCF) pour protester contre l'Organisation de l'armée secrète (OAS)

Rattrapé par son passé en 1981, à la suite d'un article du Canard enchaîné paru entre les deux tours de l'élection présidentielle alors qu'il est ministre du Budget du gouvernement Barre, 17 années de batailles juridiques aboutissent finalement à sa condamnation et à son incarcération en 1998.

(Source wikipédia)

« On veut bien discuter avec pour essayer de comprendre son acte »

Celline Gacon d’Europe Écologie les Verts appuie sa réaction sur la lâcheté du tagueur. « Écrire de telles horreurs et ceci de façon anonyme est d’une bassesse infinie ! Il a écrit ça sur un lieu de passage très fréquenté. Son acte est totalement répréhensible et j’espère vraiment qu’il sera retrouvé et poursuivi par la justice. » Elle ajoute : « Et bien sûr que ce n’est pas anodin que cela ait été fait à Loudes. Mais que cette personne se montre. On veut bien discuter avec pour essayer de comprendre son acte ».

Photo par DR

PAS DE RÉPONSE DU MAIRE DE LA VILLE-PRÉFECTURE

Afin qu'équilibrer les réactions, nous avons demandé celles de Michel Chapuis, maire du Puy-en-Velay, sur l'apparition de ces tags racistes. À l'heure de la diffusion de cet article, nous n'avons toujours pas eu de retour.

« Le repli raciste est une voie simpliste, criminelle et, rappelons-le, punie par la loi républicaine »

Laurent Johanny, élu au conseil municipal du Puy-en-Velay (dans l'opposition), s'exprime également sur ces "incivilités" qui dépassent la définition même de ce terme juridique tant elles apparaissent insupportables au vu de l'Histoire de l'humanité.

« Je suis sidéré par l'ignominie exprimée dans ces inscriptions qui nous ramènent à de sombres périodes de l'histoire, se désole-t-il. À l'heure des grands défis qui nous font face, le repli raciste est une voie simpliste, criminelle et, rappelons-le, punie par la loi républicaine ». Il prévient : « Seule la solidarité permettra à nos sociétés de faire front. La bête immonde est là, elle doit être combattue sans répit, sans silence complice ».

« Ces tags sont la reconnaissance idéologique d’une certaine politique »

Pour le Resf 43 (Réseau Education Sans Frontière), ces inscriptions sont la conséquence directe d'une politique aveugle à l'inhumanité réservée aux migrants, entrainant l'expression d'un racisme exacerbé. « Ce n’est pas nouveau, déplore le Resf de Haute-Loire. Le traitement des questions sécuritaire et migratoire par la classe politique qui les instrumentalise à des fins électoralistes, et par l’administration qui les applique, libère une parole qui se sent de plus en plus légitime. Ces tags sont la reconnaissance idéologique d’une certaine politique, appliquée avec beaucoup de zèle dans notre département ».