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Madama : "Ils nous ont tendu un piège"

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 10/03/2021 à 18:09

Mardi 9 mars à 9h30, Madama Diawara et ses parents de cœurs ont été convoqués par la police des frontières à Gerzat (63). Cette dernière a immédiatement mis en garde à vue le jeune garçon et interrogé des heures durant le couple d'enseignants. Madama a ensuite été conduit au centre de rétention de Lyon sans qu'Eric Durupt et Véronique de Marconnay n'aient pu lui dire au revoir.

Madama, ce jeune Malien qui se bat depuis des mois pour obtenir un titre de séjour, ce garçon qui avait trouvé un travail d'apprenti éleveur de mouton dans une ferme à Saint-Geneys-près-Saint-Paulien, ce migrant aux milliers de soutiens (36 000 signataires sur la pétition), Madama Diawara a été conduit au Centre de rétention (CRA) à Lyon en fin de journée ce mardi 9 mars en vue d'une expulsion sur décision d'Eric Etienne, préfet de la Haute-Loire.

Interrogatoire, garde à vue et intimidation

Au-delà du fait que le jeune Malien ait été mis en cellule, suspecté une fois encore d'avoir fourni des faux papiers d'actes de naissance, la manière employée par la PAF (Police des Airs et des Frontières) fait froid dans le dos : "Ils ont voulu l'interrogé seul, sans que nous ayons pu être une seconde avec lui, confie Véronique de Marconnay entre deux sanglots. De notre côté, nous avons également subi un interrogatoire séparé qui a duré deux heures pour Eric et trois heures pour moi. Ils nous ont posé les mêmes questions qu'ils nous soumettent depuis des mois sur le parcours de Madama et comment nous nous sommes procurés ces nouveaux documents. Nous avons tout partagé comme d'habitude". Elle continue avec une voix étranglée : "Ils veulent aussi nous poursuivre pénalement pour ces papiers qu'ils ont jugés faux. Mais nous savons pourtant qu'ils sont authentiques !"

"Ils ont refusé qu'on le voit, qu'on lui dise au revoir, qu'on lui envoie un texto ou juste lui faire passer un mot" Véronique de Marconnay

"Par courrier daté du 25 janvier 2021, M. DIAWARA s’est vu opposer un refus de séjour notamment en raison du fait que l’intéressé a présenté des documents irrecevables car reconnus faux par les experts français de la Police aux Frontières. Le Préfet a laissé un mois à M. DIAWARA pour fournir de nouvelles pièces d’état civil authentiques.

Parallèlement, l’intéressé a été convoqué en préfecture pour bénéficier d’une aide au retour volontaire qu’il a déclinée le 15 février 2021. Par suite, M. DIAWARA a présenté de nouveaux documents d’état civil auprès des services préfectoraux le 25 février 2021, qui ont été aussitôt envoyés pour expertise documentaire à la direction interdépartementale de la police aux frontières (P.A.F) de Clermont-Ferrand, compétente en la matière.

Il ressort des contacts et recherches effectués par les experts de la P.A.F et auprès des autorités maliennes, que les nouveaux justificatifs d’état civil de M. DIAWARA présentent également les caractéristiques de faux documents.

En effet, Le 3 mars 2021, les autorités compétentes maliennes ont confirmé elles- mêmes que les documents fournis par M. DIAWARA ne sont pas authentiques.

La détention et l’usage de faux document étant pénalement répréhensibles, ces faits ont été portés à la connaissance de Monsieur le Procureur de la République près le Tribunal Judiciaire du Puy-en-Velay. Dans le cadre de cette même procédure l’intéressé, a donc été placé en garde à vue le 09/03/2021 pour « usage et détention de faux et tentative d’obtention frauduleuse de document administratif » a abouti sur une convocation devant le tribunal correctionnel.

Le même jour, et conformément aux dispositions de l’article L. 511-1 du Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (CESEDA), M. DIAWARA s’est vu notifier un arrêté prononçant son obligation de quitter le territoire français.

A ce jour, l’intéressé ayant fait usage de faux documents à deux reprises, ne peut toujours pas justifier de son identité ni de son âge et ce faisant, établir qu’il a bien été confié à l’aide sociale à l’enfance entre 16 et 18 ans. D’autre part, après examen attentif de sa situation, il ressort des éléments de son dossier que ses principales attaches familiales (sa mère notamment) demeurent au Mali et que rien ne fait obstacle à son retour dans son pays d’origine.

Par suite, et dans la mesure où M. DIAWARA a refusé pour la seconde fois l’offre d’aide au retour volontaire qui lui était proposée le 9 mars 2021, un arrêté de placement dans un centre de rétention administrative a été pris à son encontre afin de mettre à exécution la mesure d’éloignement."

Mobilisation mercredi 10 mars à 14h devant la préfecture

Vient ensuite le moment où les policiers de la PAF ont conduit Madama au Centre de rétention administrative sans donner la possibilité à Eric Durupt et Véronique de Marconnnay de partager un instant avec le jeune garçon. "Ils ont refusé qu'on le voit, qu'on lui dise au revoir, qu'on lui envoie un texto ou juste lui faire passer un mot, pleure Véronique de Marconnay. Ils ont refusé qu'on le rassure un peu, comme on pouvait sur ce qu'il se passait. Ils nous ont tendu un piège. Mais c'était une fois cette décision prise d'emmener Madama là-bas que nous avons pris conscience de ça. C'est d'une brutalité inouïe ! Nous sommes littéralement sous le choc."

Elle souffle un instant puis serre les dents : "Madama n'est pas encore dans l'avion. Et on va faire appel aujourd'hui contre la décision du préfet. Ils ne sont pas encore débarrassés de nous et de tous les soutiens qui sont à nos cotés. Aux côtés de Madama."

Au vu des très nombreux internautes qui se sont offusqués sur cette décision d'expulsion et de la manière usée par les services de l'Etat, une mobilisation est prévue ce mercredi 10 mars à 14 heures devant la préfecture au Puy-en-Velay.