Tu danses en nous
"Tout n’est que vanité et les mots plus que tout
dans des circonstances aussi douloureuses.
C’est peut-être pour cela que tu avais choisi d’exprimer ton intégrité et ta radicalité par un autre langage : la Danse.
Toi la discrète, la pudique, tu t’es livré et offerte à cet art, avec humilité.
Tu savais faire sans les mots.
Tu nous ouvrais la voie vers un autre langage, plus essentiel, plus fondamental.
Certains mots te parlaient pourtant.
Les ombres qui dansent, le vertige.
Ausculter et sculpter l’espace, faire apparaitre au-delà du visible, révéler.
Entrer en résonnance.
Se livrer à l’éphémère, repousser les frontières, explorer les limites, sonder les mystères.
Ta vie a été subtilisée violemment et brutalement.
Alexandra, tu laisses des traces subtiles et des empreintes indélébiles en nous.
Ton cœur t’a lâché mais le nôtre ne te lâchera pas.
Tu danses en Nous".
Danser : un mystère
"C’est un choix très singulier et radical que de donner sa vie à la danse.
De s’exposer, sans mot, avec son corps, son esprit, son âme, toute son intégrité.
Pour se livrer au mouvement, à l’espace, aux limites, aux frontières, aux lisières, à leur dépassement.
Faire exister un espace partageable, un lieu autre, de rencontre,
à partir de l’infime, de l’intime.
Le moindre geste, le moindre déplacement deviennent langage, exploration, questionnement, intrigue, mystère.
Quel dénuement, quelle précarité, quelle vulnérabilité, quel courage, quelle force, quelle sensibilité, quelle solitude, que de faire des signes et tenter de créer un langage avec son simple corps.
Apprivoiser l’inconnu.
Passer par un ailleurs que par le dire.
Revenir à ce qui est antérieur à la langue.
Se risquer, sur un fil, à fabriquer le geste juste, se mouvoir en émouvance.
Juste le geste, le mouvement, pour signifier sa présence au monde et y donner un sens autre.
Une façon de se révolter de l’intérieur, d’aller à la source de soi pour atteindre celle de l’autre.
De se relier par la sensibilité dans ce qu’elle a de plus brute, de plus animal, de plus sensuel, de plus instinctif".
Impressions à partir d’une forme Poésie-Danse : « Le Vertige des ombres », à l’atelier du 8, le 10 octobre 2020. Vernissage de l’expo « La Danse des visages ».
"L’intelligence des lieux, de l’espace, du mouvement, du geste.
Entrer en résonnance, révéler les lieux, révéler une part d’invisible.
Eloge du minuscule, de la lenteur, du silence.
Dans la nature, dans un théâtre, dans un musée, dans un appartement, dans une galerie, dans la rue, où que ce soit, décloisonner les arts.
Signifier la violence, la douceur, la pudeur, l’errance, la délicatesse.
Explorer un au-delà des Frontières, sonder en profondeur.
Avec une finesse et une subtilité tout à toi.
Tomber juste à temps. Comme une feuille dansante dans sa chute, comme un papillon, tu posais ta tête ou ta main sur mon épaule.
La danse, c’est aussi un combat, un « art martial ».
J’avais l’impression d’avoir à côté de moi, une ceinture noire 7ème dan
qui pourrait plier un boxeur en un seul mouvement.
Je me sentais comme un élève. Tu m’impressionnais, je t’admirais.
Des mots t’inspiraient et tu les traduisais dans un autre langage.
Comme si on revenait à la source des mots.
Au lieu de me terrasser, tu m’élevais et donnais de la profondeur
et une incarnation aux mots.
Tu les faisais entrer dans le réel et retourner au corps, à la source.
Une évolution comme une involution".
Tout était Danse en Toi
"Tes frontières, tes lisières
Tes fenêtres, tes mystères
Tes prisons, tes déraisons
Tes frissons, tes floraisons
Tes visages, tes regards
Tes miroirs, tes au-delà
Tes gestes justes
Mouvement apprivoisé
Jusqu’aux lignes de fuite
En quête d’horizon
Ta sensualité, ta sensibilité
Ta gravité, tes arrêts, tes pas (de côté)
Tes escaliers, tes rampes
Tes chutes, tes élans
Tes errances, tes résonnances
Tes transcendances, tes nuances
Tes délivrances, tes émouvances
De l’infime à l’intime
Du minime au sublime
Tes moindres mouvements
Etaient infini danse
Ton sol, tes racines, tes feuilles, ta sève
Tes rivières, tes ruisseaux, tes sources,
Tes cascades, tes torrents
Ton ancrage, ton courage
Tes étoiles, tes ciels, tes nuages
Ta respiration, ton souffle, tes silences
Tout était dense en toi.
Tout était danse, en toi".