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La carte scolaire fait (toujours) grincer des dents

Par nicolas@zoomdici.com mer 03/03/2021 - 15:20 , Mise à jour le 03/03/2021 à 15:20

Ce mercredi 3 mars, près de 80 personnes se sont retrouvées sur le parvis de l’Inspection Académique au Puy. Parents, enfants, professeurs et syndiqués ont dénoncé d’une même voix la fermeture de 9 classes prévues pour la rentrée 2021 en Haute-Loire.

Les visages graves des parents font face au bâtiment d’État. Ensemble, ils écoutent les discours partagés sous les fenêtres de l’Inspection Académique où parfois apparaît discrètement une tête au dernier étage. Mais malgré l’énergie déployée dans l’hygiaphone, malgré les nombreuses pancartes en carton tenues par les enfants, en dépit de représentants des écoles de Sanssac, Brives-Charensac, Vals-près-le-Puy, Lavoûte-sur-Loire et Saint-Maurice-de-Lignon, les portes blanches resteront fermées.

« On croirait que cette dame s’enferme dans sa tour d’ivoire »

« Dans le calendrier de préparation de la carte scolaire 2021, l’ensemble des délégations qui l’ont souhaité a été reçu. Désormais, les instances compétentes se sont déroulées et ont pris actes des mesures de rentrée. Par conséquent, nous avons le regret de vous confirmer qu’aucune délégation ne pourra être reçue mercredi 3 mars 2021 ». Tel est le courrier qu’a adressé l’Inspection académique mardi 2 mars en soirée à l’attention du syndicat SNUDI-FO 43. « C’est un scandale, livre Vincent Delauge. C’est une honte ! On croirait que cette dame s’enferme dans sa tour d’ivoire et ne doit rendre de compte à personne ! ».

Photo par Nicolas Defay

Des décisions incompréhensibles

Parmi les manifestants, des parents de l’école de Vals-la-Fontaine sont là, en première ligne, confiant leur désarroi sur la fermeture d’une des quatre classes à la rentrée de septembre 2021. « Il y a une vingtaine d’élèves dans cette classe de Petite Section 1er niveau (PS1), partage la maman d’un enfant scolarisé dans l’école en question. Et il devrait y en avoir environ 24 pour l’année scolaire 2021 ».

Elle ajoute : « Nous ne comprenons pas les décisions du gouvernement. C’est totalement paradoxal. D’un côté, les directives indiquent qu’il faut espacer les élèves pour minimiser la propagation du Covid, de l’autre, l’État supprime des classes, entassant ainsi plus d’enfants dans un même lieu. » La maîtresse et l’Atsem (Agent Territorial Spécialisé des Écoles Maternelles ) seront également emportées par cette lame de fond académique. Et si la première, à un an de la retraite, ne perdra pas son travail mais sera sûrement déployée ailleurs, le sort de la seconde dépendra de la mairie de Vals-près-le-Puy.

« C’est inadmissible que le ministère et sa représentante locale maltraite de cette façon les enfants actuellement ». Vincent Delauge

Photo par Nicolas Defay

« On oblige les enfants à se serrer toujours plus dans des classes de moins en moins nombreuses ! »

Vincent Delauge explique les raisons de la colère et pourquoi la présence de cette mobilisation malgré la signature définitive de la carte scolaire par l’Inspection Académique. « Comme on l’avait annoncés le 5 février, jour du comité technique et du CDEN (Conseil Départemental de l'Éducation Nationale, Ndlr), les mobilisations se poursuivraient si madame l’Inspectrice maintenait ses fermetures de classe. Aujourd’hui, il y a des parents, des élèves, des professionnels, des professeurs et des élus. Alors que la situation sanitaire se dégrade, on oblige les enfants à se serrer toujours plus dans des classes de moins en moins nombreuses ! Ça suffit ! »

Photo par Nicolas Defay

« Une réalité jamais vue depuis 20 ans ! »

« Grace à la mobilisation du 5 février, on a obtenu le recul de madame l’Inspectrice d’Académie sur trois fermetures, rappelle Vincent Delauge. Il reste ainsi 9 situations de fermeture de classe, une réalité jamais vue depuis 20 ans ! Il serait temps que madame l’Inspectrice d’académie et le ministre de l’éducation Jean Michel Blanquer prennent compte de la mobilisation et fassent des propositions à la hauteur des enjeux ».

« Il y a une vingtaine d’année, 73 % des enfants de moins de trois ans étaient scolarisés en Haute-Loire. Aujourd’hui, nous nous approchons des 30 %. Il y a une vraie volonté de l’État d’enlever ces enfants des écoles ». Vincent Delauge

Photo par Nicolas Defay

« C’est une question de démocratie »

Le syndicaliste souligne l’annonce émise le 3 février 2021 par Nathalie Elimas, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, chargée de l'Éducation prioritaire. « Depuis la rentrée 2020, aucune fermeture de classes ne s’est faite dans les communes de moins de 5 000 habitants sans l’accord du maire, assurait alors Nathalie Elimas. Il n’y a pas de raison que cela change ».

Vincent Delauge réagit alors : « Pendant les vacances scolaires, Jean-Michel Blanquer a fait un démenti lors d’une conférence de presse sur ce qu’a dit Nathalie Elimas au sénat. Pour nous, tout reste pourtant d’actualité. Les paroles de l’État et les représentant de l’État, en particulier dans les instances représentatives du peuple, doivent être mises en œuvre ! C’est une question de démocratie. »
Il continue : « Si l’on suit l’annonce de la secrétaire d’État, ce sont les maires des communes de moins de 5 000 habitants qui décident ou non des fermetures des classes. Dans le département, il n’y a aucun un maire qui soit d’accord pour en fermer ne serait-ce qu'une seule ! »

Photo par Nicolas Defay

Déshabiller Pierre pour habiller Paul ?

D’après l’Inspection Académique, les fermetures de classes sont justifiées, entre autres, pour dégager des postes et des structures destinées aux enfants atteints de troubles autistiques. « Nous comprenons bien évidemment qu’il faut plus de moyens et d’outils pour ces élèves-là, insiste une maman de l’école de Vals-le-Fontaine. Mais il ne faut pas que les autres enfants en subissent les conséquences ».

Le sujet fait d’ailleurs grincer des dents le militant Force Ouvrière. « D’un côté, on crée des postes pour les enfants autistes comme à Monistrol, ce qui est une très bonne chose. Mais à l’opposé on supprime des structures spécialisées comme les IME (Instituts Médico Éducatif, Ndlr), ITEP (Institut Thérapeutique Éducatif et Pédagogique , Ndlr) et hôpitaux de jour. Donc, l’État nous dit qu’il fait tout pour les enfants en situation de handicap mais il détruit en même temps les structures pour les accueillir. »

Il termine : « On ne remet pas en cause la création de postes pour ce public-là. Ce qui nous pose problème, c’est la nouvelle circonscription que personne n’a demandée ! »

Nathalie Elimas et son annonce sur la fermeture de classe dans les communes de moins de 5 000 habitants (2h24) :