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Déviation St-Hostien-Le Pertuis : la justice approuve la poursuite des travaux

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 24/02/2021 à 17:30

Mardi 23 février, une cinquantaine d’altiligériens se sont rendus sur les marches du Tribunal administratif clermontois. Avec 50 autres défenseurs de la nature, ils ont attendu la décision de justice pour la poursuite ou non des travaux sur la RN88. Le verdict est tombé le lendemain : les mâchoires des pelleteuses peuvent continuer à tracer la route.

Au rythme des coups des pelles qui creusent la terre du Velay, les procédures en justice s’entassent sur les parquets des tribunaux. Après un premier recours déposé le 22 décembre 2020 par le groupe d’opposition RCES à la Région (Rassemblement Citoyen Écologiste Solidaire) contre l’arrêté préfectoral autorisant les travaux en question, la conseillère écologiste Myriam Laïdouni-Denis a déposé, lundi 1er février, un second recours portant sur le budget 2021. Jeudi 28 janvier 2021, ce sont les associations FNE AURA, FNE Haute-Loire, AUTA (Association des Usagers des Transports d’Auvergne) et SOS Loire Vivante qui ont inscrit deux autres recours devant le Tribunal administratif de Clermont-Ferrand dont un référé suspensif.

Photo par Lucien Soyere

La justice rejette le recours suspensif des opposants

Ce référé suspensif a été étudié par le Tribunal clermontois mardi 23 février. L’enjeu était aussi énorme qu’est le chantier à 226 millions d’euros, financé à la très grande majorité par les deniers de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Car de cette décision de justice se jouait le sort immédiat de la poursuite ou non des travaux de cette déviation de 10 km entre Saint-Hostien et Le Pertuis. Pour cela, une cinquantaine d’altiligériens avaient rejoint la ville de Clermont-Ferrand afin de connaître sur place le verdict. Le lendemain, le marteau en bois est tombé : le grand chantier de la Région peut continuer.

Hubert Reeves ? C'est lui :

Hubert Reeves, né le 13 juillet 1932 à Montréal (Québec), est un astrophysicien, vulgarisateur scientifique et écologiste canadien naturalisé français. Ayant commencé sa carrière en tant que chercheur en astrophysique, il pratique aussi la vulgarisation scientifique depuis les années 1970 et s'avère aussi un militant écologiste depuis les années 2000.

« L'Homme a déclaré la guerre à la nature, s'il gagne, il est perdu »

Jean-Jacques Orfeuvre, vice-président de la FNE 43 (France Nature Environnement) s'exprime sur le sujet quelques minutes après avoir pris connaissance du délibéré. « Le rapport est composé de 12 pages de résumé des différentes positions. Mais il n'y a pas la moindre justification, argumentation ou motivation de la décision de rejet prise par le tribunal. Nous déplorons cette façon de faire très surprenante qui nous semble contraire aux obligations aux obligations constitutionnelles et conventionnelles qui imposent aux juges de motiver leurs décisions. C'est aussi un manque de respect de ceux qui ont fait la requête qui ne savent pas pourquoi leur requête est rejetée.» Et de rappelé que « Ce rejet, reste un rejet du référé en urgence et n'est absolument pas assimilable à un jugement sur le fond ». Le jugement sur le fond, lui, pourrait n'intervenir que dans deux à quatre ans, autrement dit une fois que le bitume aura fait son chemin.

> Voir l'ordonnance rendue par le tribunal administratif de Clermont-Ferrand ce mercredi 24 février :

Il ajoute : « Comme a dit Hubert Reeves : "L'Homme a déclaré la guerre à la nature, s'il gagne, il est perdu". En Haute-Loire, on est sur la bonne voie de gagner ce combat et de courir tout droit à notre perte ». Les associations de défense de la nature se sont réunies le soir-même pour discuter de leur marche à suivre, n'excluant pas un recours au Conseil d'Etat.

Une vérité fortement déformée

Dans le journal télévisé de France 3 Auvergne en date du mardi 23 février 2021, le maire du Puy-en-Velay, Michel Chapuis, a appuyé la nécessité d’un tel chantier pour éviter le plus d’accidents tragiques sur la route en question. Avec sa casquette de Conseiller régional, il argumente ainsi : « On est sur une zone qui est très accidentogène. On sait par exemple qu’une route à 2X2 voies est deux fois moins accidentogène qu’une route à 1X2 voies. Je rappelle pour mémoire qu’entre 2013 et 2017, on a eu 6 morts sur la route entre le secteur de Saint-Pierre-Eynac et Yssingeaux ».

Le journal de France 3 Auvergne. Sujet sur la déviation RN88 commence à 3min05

Un moment de désintox s’impose

Effectivement, il y a eu 6 accidents de la route meurtriers entre les deux communes mentionnées par Michel Chapuis. Mais puisque le dossier est lourd d’enjeu économique, politique et écologique, autant être le plus précis possible. D’après un document issu de la Direction Interdépartementale des Routes Massif Central (DIRMC), il n’y a eu aucun mort entre 2013 et 2017 sur le tronçon Saint-Hostien-Le Pertuis qui est justement la partie de la déviation tant décriée.

Pour visualiser le document concernant les accidents survenus entre 2010 et 2019 sur le tronçon de route St-Hostien-Le Pertuis, c'est ICI.

Deux décès causés par l'alcool et la drogue

Les six décès mentionnés par le conseiller régional l’ont été sur le passage à 1X2 voies qui se situe à Yssingeaux, là où se déroule un second chantier de la RN88 que les associations de défense de la nature n’ont pas ou peu critiqué.
En dix ans, de 2010 à 2019, deux filles de 17 et 23 ans ont néanmoins perdu la vie sur cette route entre Le Pertuis et Saint-Hostien. Cela s’est passé le samedi 10 mars 2018. Au terme de l’enquête pour connaître les circonstances du drame, il a été prouvé que l’état d’ébriété du conducteur et la prise de stupéfiants sont les causes de l’accident et non la configuration de la route.

Fatima Parret, conseillère régionale EELV (avec l'écharpe bicolore). Photo par Lucien Soyere