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Carte scolaire : les parents serrent les poings

Par nicolas@zoomdici.com mer 03/02/2021 - 12:00 , Mise à jour le 03/02/2021 à 12:00

Alors qu'une mobilisation est prévue vendredi 5 février à 9h30 devant l'Inspection Académique du département, les pétitions et les courriers se multiplient tant les colères sont nombreuses. Menacée de disparaitre bien que le nombre d'enfants est au-dessus des seuils de fermeture si l'on compte les moins de 3 ans, la classe passerelle de Brives-Charensac est ainsi soutenue par pléthore de parents.

-Légende photo : Comme Tom, les enfants âgés de moins de 3 ans ne comptent pas dans les effectifs de la classe passerelle de Brives-Charensac selon la logique de l’IA. Ils apparaissent ainsi comme des fantômes à l’instar des trois enfants cachés sous les draps en arrière-plan. Les conséquences d’un tel calcul ? La menace d’une fermeture puisque le quota d’enfants n’est pas officiellement atteint.

La différence entre un enfant de 3 ans et une autre moins âgé ? Le premier existe. Le second... non. Cette appréciation provient du ministère de l'Education nationale concernant les effectifs des élèves dans la classe passerelle de l'école La Mouteyre à Brives-Charensac. En plus de la manifestation qui promet d'être intense ce vendredi 5 février de l'IA, l'Association des Parents d'Elèves de l'établissement brivois a élaboré une lettre à l'attention de Marie-Hélène Aubry, Directrice Académique des services de l'éducation nationale de Haute-Loire.

En voici quelques extraits :

"Tous les rapports, en particulier celui de l’éducation nationale sur les classes passerelles publiés en 2000, soulignent l’importance de la première rentrée, qui est considérée comme une période de « rupture forte», d’autant plus si l’enfant n’a pas été scolarisé en collectivité, et cela peut parfois causer beaucoup d’angoisse voire une détresse intense".

La classe passerelle de la Mouteyre

Elle a vu le jour au milieu des années 2000. La Ville a toujours joué le jeu dans son implication dans les affaires scolaires enfance et jeunesse. A l’heure actuelle, 6.5 postes temps plein d’ATSEM sont présents + 1 ASH + 1 Service Civique.

"On sait que l’intégration dans le groupe et dans l’école joue un grand rôle dans la réussite des apprentissages, et que l’accompagnement de chaque élève dans ce moment charnière ne pourra se faire que dans des petits groupes, et non dans des classes de 25 comme c’est le cas cette année en petite section".

"Les récentes décisions gouvernementales (scolarisation obligatoire dès 3 ans) montrent l’importance de la scolarisation des tous petits, cette fermeture va donc à l’encontre de cette tendance d’une scolarisation précoce. De plus cette décision est en contradiction complète avec l’impératif de bienveillance mis en avant partout par l’éducation nationale, en plongeant directement des enfants de 2 ans et demi dans des groupes de 25".

Photo par Nicolas Defay

"Tous les professionnels le savent et le rappellent régulièrement : un enfant de 2ans n’est pas un enfant de 3 ou 4 ans. Il n’est pas encore dans l’apprentissage, mais dans l’acquisition et il n’est pas encore capable d’accepter toutes les règles de la vie en collectivité"

Des chiffres qui en disent long

Les enfants peuvent intégrer la classe passerelle de la Mouteyre à plusieurs moments de l'année selon leur maturité et les places disponibles. Suivant leur autonomie, ils passent ensuite en Petite Section durant l'année. Au 1er septembre 2020, 15 enfants de moins de 3 ans étaient inscrits en Passerelle. À la rentrée post-vacance de février 2021, ils seront près du double, c'est à dire 29.

"Dans son communiqué, l’inspection d’académie précise que toutes les suppressions de postes dans le département ont été faites pour pouvoir redéployer les effectifs et en particulier libérer des moyens pour la prise en charge des enfants souffrants de handicaps ou des professeurs remplaçants, ce qui est bien sûr indispensable. Cependant il nous semble aberrant de détruire un dispositif qui fonctionne et joue pleinement son rôle pour pouvoir simplement remettre la Haute Loire dans la légalité".

"Nous savons que la classe sociale défavorisés représente environ 30% des enfants scolarisés à La Mouteyre et 55% au collège de Corsac. L’égalité des chances pour tous prônée par l’Etat est une vague illusion si les mesures de suppression de poste perdurent. Les familles qui le peuvent paieront pour les écoles privées et les écoles publiques seront surchargées et la mixité sociale oubliée. La classe passerelle évite le choc linguistique et le choc d’entrée dans un grand groupe social parfois différent de celui connu".

"Cette logique de « déshabiller Pierre pour habiller Paul » se fait donc systématiquement au détriment des enfants impactés par cette réorientation des postes"

"Nous savons que cette suppression est dictée par des raisons purement comptables, dans un contexte d’économie de moyens dans l’éducation nationale où l’existence d’un tel dispositif semble trop « luxueuse ». Bien que les enfants ne comptent pas, ils sont bien présents dans l’établissement et demandent davantage de temps à l’enseignant. Avec les suppressions de postes, l’Education Nationale restreint les champs des possibles des enfants. Pour quel avenir ? L’auto socio-construction ? Nous, parents savons la richesse de ce dispositif et l’impact bénéfique sur nos enfants, futurs citoyens".

Photo par Nicolas Defay