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Ségur : les soignants du privé montent au créneau

Par maceo.cartal.3… ven 22/01/2021 - 17:25 , Mise à jour le 30/05/2021 à 00:00

Ce sont les oubliés du Ségur de la santé dans la lutte contre le coronavirus. Les soignants du social et du médico-social privé déplorent un manque de reconnaissance de leur rôle au sein de cette crise et dénoncent un niveau salarial inadéquat au travail fourni, dépourvu d’indemnisations supplémentaires.

Jeudi 21 janvier à 14 heures, les professionnels du secteur privé du social et du médico-social se sont donnés rendez-vous devant le bâtiment de la délégation départementale de l’ARS (Agence Régionale de Santé) au Puy-en-Velay. Ils sont représentés par le syndicat Santé Action sociale de la CGT, dont Véronique Fraquier la secrétaire de l’Union Syndicale Départementale du secteur privé et porte-parole du mouvement local.

Difficile de rassembler mais une voix portée haut et fort

« Le secteur privé est beaucoup moins représenté par les syndicats, affirme Véronique Fraquier. Rassembler est ainsi plus compliqué mais nous sommes quand-même là ! » Les EHPAD (Etablissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) par exemple n’ont pu être représentés ce jour car aucun personnel n’a pu se libérer. La cause ? Un cruel manque d’effectifs. Peu nombreux sur place, ces professionnels de la santé sont néanmoins déterminés. Une délégation de 4 ou 5 personnes a notamment pu rencontrer David Ravel, délégué départemental de l’ARS, à 15h30.

En demande de plus de reconnaissance

L’un des principaux problèmes auxquels ont dû faire face les professionnels du secteur privé est l’absence de reconnaissance. Ils se voient exclus du Ségur qui avance une prime de 183 euros net minimum pour les professionnels de la fonction publique hospitalière, des établissements de santé et pour l’ensemble des professionnels des EHPAD publics.
Cette exclusion sonne comme une profonde injustice
d’autant que les personnels du secteur privé ont également été touchés de plein fouet par la crise sanitaire. « Nous étions là, nous avons mené la crise au même titre que nos collègues du public », affirme Axelle Gerbier, éducatrice spécialisée au sein d’un SESSAD (service de soins à domicile pour enfants et jeunes handicapés). « Nous sommes face aux difficultés supplémentaires liées à la crise sanitaire des enfants et des familles que nous recevons », ajoute-t-elle.

En effet, le domaine du médico-social a vu des troubles comportementaux accrus à cause de la situation anxiogène. Dans ce sens, le syndicat réclame aussi la prime de risque pour les personnels faisant face à des personnes ayant des troubles psychiatriques qui peuvent devenir violents. Les EHPAD, qui peuvent, en théorie, bénéficier du Ségur depuis septembre, présentent une inégalité dans le versement de la prime de 183 euros. En effet, plusieurs salariés de ces structures n’ont toujours pas eu le versement escompté.

Sur le long terme, une revalorisation salariale et de meilleures conditions

« Nos diplômes ne valent pas moins que les autres », scande Véronique Fraquier. Une différence de salaire existe déjà entre le secteur privé et le secteur public et cette exclusion du Ségur creuse encore plus l’écart. Un écart injustifié selon les professionnels du privé et de l’action sociale. Le milieu est de moins en moins attractif et manque toujours plus de personnel.

« Les petites jeunes qui sortent de l’école, quand elles viennent ici et qu’elles vont voir leur fiches de salaire, elles vont en pleurer ». Véronique Fraquier

Retour sur l'entretien avec l'ARS

Une délégation a été reçue par David Ravel, délégué départemental de l’ARS. Concernant l’inégalité du Ségur pour les EHPAD, ce dernier a affirmé que la situation sera régularisée d’ici mars, sans quoi il ferait remonter le problème au Gouvernement.
Concernant la demande du secteur privé de bénéficier du Ségur, les négociations se jouent actuellement au niveau national. Véronique Fraquier espère que la situation pourra se débloquer d’ici juillet 2021.

Véronique Fraquier dénonce également la multiplication de ruptures conventionnelles de contrat ou d’inaptitudes. « Depuis 5 ou 6 ans, je n’ai jamais vu autant d’inaptitudes dressées et de ruptures de contrat », assure-t-elle. Ceci dénonce une logique d’économie, de suppression de postes et de lits qui est en inadéquation avec les besoins des patients et autres bénéficiaires. Autre mesure revendiquée sur le long terme, le départ à la retraite à 60 ans à taux plein accompagné inévitablement d’une revalorisation du point et de la reconnaissance de la pénibilité au travail avec possibilité d’un départ en retraite anticipée.

« Un travail en bonnes conditions, c’est un travail bien fait »

Axelle Gerbier l’affirme : cette mobilisation est aussi faite pour améliorer le suivi et les traitements des personnes bénéficiant des services du médico-social et du social. « Un travail en bonnes conditions, c’est un travail bien fait », lance Axelle Gerbier. Ce n’est pas nouveau, le manque de moyens et d’effectifs se répercute directement sur la santé des patients et des personnes en difficulté. Toujours moins de temps pour s’en occuper, toujours moins de matériel ne constitue pas l’éthique et la raison d’être de ces professions. « Nous sommes là au service de ces gens, pour venir en aide à ceux qui en ont vraiment besoin », selon Axelle Gerbier.

Macéo Cartal