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Alimentaire : des jeunes saturés d’idées et de propositions

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 15/05/2021 à 00:00

Durant 3 mois, des étudiants du lycée agricole George Sand à Yssingeaux ont réalisé une enquête sur les habitudes alimentaires des 15/20 ans. Le résultat est aussi stupéfiant que sont les solutions imaginées.

La classe de BTSA (brevet de technicien supérieur agricole ) du lycée yssingelais George Sand a réalisé un très détaillé diagnostic sur les pratiques et coutumes alimentaires des jeunes de 15 à 20 ans. Cette enquête a été faite pour le compte du PETR de la Jeune-Loire (Pôle d’Equilibre Territorial et Rural).

Mais pourquoi faire un tel diagnostic ? « En France, nos pratiques alimentaires occupent une place importante dans nos identité culturelle, explique les élèves. Nous faisons trois repas par jour, rythmés précisément selon nos modes de vies à 8 heures, midi et 19 heures. Ces normes représentent un modèle d’alimentation équilibrée. Mais on constate depuis quelques années que les français et notamment les jeunes s’éloignent de ce schéma au détriment d’une bonne alimentation ». D’après l’INSEE (L’Institut national de la statistique et des études économiques), 29 % des jeunes grignotent entre les repas, prennent moins de petit déjeuner et mangent beaucoup à l’extérieur et devant les écrans.

PETR ? Qu’est-ce que c’est que ce truc ?

C’est un outil de coordination, de réflexion, de mutualisation, de promotion territoriale et d’animation entièrement tournée sur le développement territorial.
Concrètement, le but du PETR, c’est de coordonner les actions et les projets, réfléchir sur la stratégie de développement, de réunir les moyens humains et financiers pour faire aboutir les projets. Sa vocation n’est pas de porter les actions mais plutôt d’accompagner les porteurs de projets.

Important tissu agroalimentaire

Toujours selon leur enquête, le territoire de la Jeune Loire apparaît très dynamique au niveau agroalimentaire. « 880 producteurs dont une grande partie spécialisés dans l’élevage de bovins pour la viande et le lait sont actifs, nous apprennent les étudiants. Les distributeurs alimentaires sont aussi très nombreux car 200 commerces de proximité et plus d’une vingtaine de grandes surfaces sont présentes ». En plus, une vingtaine de marchés alimentaires hebdomadaires complètent les commerces répartis dans 13 communes.

Les jeunes conscients de certaines mauvaises habitudes

Pour mener à bien le diagnostic, les détectives en herbe ont réalisé un questionnaire qu’ils ont diffusé par internet. « C’était pour nous le meilleur moyen pour collecter de l’information au vu de la situation sanitaire, livrent-ils. Le questionnaire a été diffusé du 6 au 25 novembre. Nous avons recueilli 380 réponses ».
Une fois les réponses dépouillées, la classe de BTSA a conclu que les jeunes sondés avaient une représentation plutôt négative de l’alimentation. La moitié d’entre eux admette que les jeunes en général mangent trop dans les fastfood et consomment trop d’alcool. « Paradoxalement, 90 % des participants répondent être satisfaits de leur alimentation même si près des deux tiers sont conscients qu’il reste des améliorations à faire ».

Photo par Lycée George Sand

50 % se restaurent devant un écran

Autres données recueillies par l’enquête, 50 % des jeunes ne prennent pas leur petit déjeuner quotidiennement. 78 % des personnes interrogées grignotent entre les repas chaque semaine. « On constate également que plus d’un sur deux utilisent des écrans à table, un chiffre qui s’envole à 90 % si le jeune prend son repas son seul », démontrent les élèves de BTSA. Dans ce flot de données sombres, l’enquête révèle néanmoins que la majorité consomme à chaque repas toutes les principales familles d’aliments, établissant ainsi un repas équilibré.

Et la Jeune-Loire ?

Le PETR Pays de la Jeune Loire est composé de 44 communes et de 5 communautés de communes. Les Communauté de communes participantes sont celles de Loire Semène, des Sucs, du Haut-Lignon, du Pays de Montfaucon et des Marches du Velay-Rochebaron.
Cela représente au total et de 86 800 habitants, soit tout de même près de 40 % de la population altiligérienne.

Surpoids, une autre pandémie planétaire

À propos du surpoids, pandémie mondiale toute générations confondues, une étude de Handicap-Santé de l’INSEE effectuée en 2008 indique que 39 % des hommes et 24 % des femmes de plus de 18 ans sont en situation de surpoids en France. « Peu de jeunes que nous avons interrogés se déclarent dans cette situation, partage les étudiants. Seuls 6,6 % disent souffrir de troubles alimentaires comme l’anorexie, la boulimie ou le surpoids, contre 33 % au niveau national. »
75 % ne veulent pas consulter et recevoir des conseils et une aide médicale, physique ou psychologique. « Souvent, les jeunes n’ont pas conscience d’être sujets à des troubles liés à leur alimentation », ajoutent-ils. Sur les 380 jeunes ayant répondu, moins d’un quart disent avoir changé leurs habitudes alimentaires pendant le 1er confinement.

« Pourquoi ne pas établir une semaine à thème afin de découvrir des aliments »

À la question : « Selon vous, qu’elle est l’action principale à mettre en place dans le domaine de l’alimentation ? », une grande partie ont répondu une amélioration des menus scolaires, une mise en disposition de tickets restaurants ou de réductions sur les produits locaux ou encore la mise en place d’ateliers cuisine afin d’être éduqué correctement aux aliments et à l’élaboration des plats. Les solutions imaginées par les enquêteurs s’appuient sur le volet de la sensibilisation avec, effectivement, un apprentissage des aliments comme les légumineuses. « Pourquoi ne pas établir une semaine à thème afin de découvrir des aliments peu connus ou que l’on ne sait pas cuisiner ? L’idée serait de rénover le concept de la semaine du goût ».

Photo par Lycée George Sand

Les réseaux sociaux comme des vecteurs d’informations

Utiliser les réseaux sociaux pour médiatiser les bons réflexes et les bonnes pratiques est également au menu des solutions. « Beaucoup de marques et d’associations choisissent ce moyen pour diffuser leurs idées, insistent les élèves. Nous pourrions ainsi à notre tour transmettre des informations dans les établissements scolaires et toutes les structures qui accueillent des jeunes. Nous pourrions créer des spots publicitaires pour les radios et les médias locaux ».

La classe de BTSA a également pensé à la visualisation de court-métrage réalisés par la Jeune-Loire. « Ce qui serait pertinent, c’est de proposer ces vidéos directement aux établissements scolaires, les médiathèques et peut-être même les cinémas ».

En croisant les données de l’INSEE et le dernier recensement de 2017, la classe de BTSA a évalué le nombre de 6 000 jeunes âgés de 15 à 20 ans dans le territoire de la Jeune Loire.

Un entretien annuel avec un professionnel de santé

Pour que les jeunes ayant sauté volontairement ou par faute de temps leur petit déjeuner, repas le plus important de la journée, la classe d’Yssingeaux propose de mettre à disposition des aliments au sein des établissements scolaires comme des fruits ou des biscuits. « Cela permettrait non seulement de faire le plein d’énergie mais également de ne pas grignoter n’importe quand et n’importe quoi », confient les étudiants.
Et pourquoi pas un rendez-vous annuel pour chaque élève avec l’infirmier de son établissement ? « Le professionnel pourrait ainsi évaluer l’état de santé de l’élève sur le sujet et l’informer comment se faire aider, les conséquences d’un problème alimentaire et comme acquérir les bons gestes. »

Un chéquier pour une alimentation de qualité

Enfin, pour que toutes et tous puissent s’alimenter en produits bio et locaux qui sont plus onéreux que les marques généralistes en grande surface, les étudiants estiment qu’il faudrait un système d’avantage ou de réduction sur le principe des chèques vacances ou tickets restaurants. « Ils pourraient les utiliser justement chez les producteurs adhérents au système, explique encore les élèves de la classe de BTSA. L’attribution d’un tel chéquier pourrait se faire en fonction de l’attribution de la bourse sur critères sociaux pour les étudiants ou le quotient familiale de la Caf, par exemple ».
Le PETR aurait alors un rôle de négociateur auprès des collectivités territoriales dans la distribution des chéquiers.