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Un manque de reconnaissance certain pour les aides à domicile

, Mise à jour le 27/11/2020 à 16:43

Roland Puech, président de l’ADMR 43, tape du poing sur la table. La revalorisation salariale promise par le gouvernement en janvier 2021 a été repoussée une fois encore. Un signal très négatif pour la profession et un affront pour les salariés.

L’ADMR 43 (Aide à Domicile en Milieu Rural), ce sont 1 373 salariés dont 849 équivalents temps plein. Chaque année, ces 90 % de femmes pour 10 % d’hommes additionnent trois millions de kilomètres en parcourant tous les secteurs de la Haute-Loire. Ils rendent ainsi visite à plus de 10 000 adhérents, du matin au soir, sept jours sur sept. 890 bénévoles sont également présents pour les épauler dans le domaine de la logistique, de la communication avec les élus et l’activité administrative. Plus que les années précédentes, les aides à domiciles ont été confrontées à une misère sociale et psychologique très importante dans le département.

« Toute cette détresse humaine que nos équipes ressentent »

« Au-delà des soins et des services, elles doivent au quotidien rassurer les bénéficiaires sur le contexte très anxiogène actuel, partage Myriam Fournerie, directrice de la fédération ADMR 43. Elles doivent remonter le moral totalement en berne des adhérents qui sont, pour beaucoup, des personnes âgées et isolées. Parfois, l’aide à domicile est la seule personne qu’ils vont voir dans la semaine. Mais toute cette détresse humaine que nos équipes ressentent, elles le gardent dans leur tête en rentrant chez elle.

Roland Puech, président départemental de ce réseau associatif, complète : « Je veux souligner le degré de solidarité qu’il y a eu dans le réseau ADMR 43. Nos salariés et nos bénévoles ont joué le jeu pendant, avant et après le confinement. Ils se sont dévoués corps et âme pour apporter le plus d’aide possible à nos adhérents durant cette période inédite ».

Appel à candidature

Comme beaucoup d’associations, de collectifs ou d’organisations, l’ADMR 43 recherche des bénévoles. Également, parce que le vieillissement de la population dans le département est inéluctable, l’ADMR 43 lance un appel à candidature pour rejoindre leurs équipes salariées des aides à domicile. Pour contacter la structure, c’est au 04.71.09.26.31. Mail : info.fede43@fede43.admr.org Leur site internet, sur https://www.fede43.admr.org/

« Nos salariés méritent amplement cette augmentation »

Si le gouvernement n’a eu de cesse de féliciter dans les médias ces soldats de première ligne, il devait également octroyer une part du budget national pour revaloriser le salaire des aides à domicile en janvier 2021. « On a eu certes une reconnaissance orale de l’État, indique Roland Puech. Le Conseil Départemental nous suit depuis le début, depuis tout le temps, et nous le remercions énormément. Néanmoins, l’avenant 43 promis par l’État et destiné aux aides à domicile était une augmentation de salaire de 15 % prévue pour le 1er janvier 2021. Nous avons appris qu’il a été repoussé finalement à l’automne 2021 ! Sur ce principe, nous sommes en désaccord total. D’autant plus que rien ne nous garantit que cette revalorisation ne sera pas encore une fois repoussée ultérieurement. »

Pour cette raison, la direction envisage de partager fermement sa colère et son incompréhension aux parlementaires et à la préfecture. « Il faut qu’ils prennent conscience que nos salariés méritent amplement cette augmentation de salaire tout de suite ! »

 

« Si nous respections le premier niveau de cette grille (...), il serait en dessous du Smic »

Les centaines de salariés ADMR 43 ont bénéficié en 2019 d’une augmentation de 10 centimes par kilomètre parcouru, accordée par le Conseil Départemental. « C’est un plus car ces personnes sont sur le pont du matin au soir et tous les jours de la semaine, admet Roland Puech. Mais on attendait l’avenant 43 depuis de nombreuses années. Il faut savoir que rien n’a bougé depuis 2003 concernant les grilles de salaires. Et si nous respections le premier niveau de cette grille pour les aides à domicile, il serait en dessous du Smic. C’est inadmissible et irrespectueux ! Il est urgent que cette reconnaissance du gouvernement passe par une reconnaissance financière immédiate. »

Des formations pour se protéger et protéger les autres

Pour être le plus performant possible question hygiène, les salariés ont suivi et suivent encore des formations sur le sujet. Hervé Sucin, cadre de santé du SSIAD ADMR 43 (Service de Soins À Domicile) en est le responsable du programme. En collaboration avec les hygiénistes de l’hôpital Emile-Roux, lui et une infirmière-coordinatrice dispensent les bons gestes à tenir aux aides à domicile pour éviter toute transmission du virus. « Tout le monde sait se laver les mains. Mais peu savent comment le faire parfaitement, explique-t-il. D’autre part, les tâches des aides à domicile se rapprochent de plus en plus vers celles des aides-soignantes. Il est ainsi primordial pour elles de bien se protéger et de protéger les adhérents. »
Du 3 novembre au 12 janvier, une cinquantaine de demi-journée de formations sont organisées pour dix participants à chaque fois. « En parallèle, nous avons formé il y a un mois trois infirmières du SSIAD ADMR 43 sur les tests PCR, livre Hervé Sucin. Ils sont essentiellement destinés aux salariés. Pour l’instant, 52 analyses ont été réalisées ».

Un surcoût de 300 000 euros

Concernant le surcoût que la crise sanitaire a généré au sein de l’ADMR 43, il avoisine les 300 000 euros. « Nous utilisons environ 40 000 masques jetables tous les mois, précise Myriam Fournerie. Avec le gel hydroalcoolique et les sur-blouses, la facture monte vite. Pour la compenser, nous avons seulement augmenter de 2 % la tarification des services. Le reste est pris en charge en totalité par le Conseil Départemental. »
Du côté du SSIAD, l’addition est de 7 000 euros. « C’est l’assurance maladie via l’Agence Régionale de Santé (ARS) qui supporte ces frais », souligne Hervé Sucin.

Nicolas Defay