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'''Une crise qui profite aux riches et enfonce les travailleurs'''

, Mise à jour le 27/11/2020 à 09:08

Six syndicats de la Haute-Loire unis sur un même sujet, ça n’était pas arrivé depuis longtemps. Ce vendredi 6 novembre 2020, la Cgt, Force Ouvrière, la FSU, Sud Solidaires, l’Unsa et la Cftc ont condamné ce qu'ils considèrent comme des atteintes aux libertés syndicales et aux droits des salariés en dix mois de crise sanitaire qui n’en finit plus. Parmi celles-ci, la fusion des comités hygiène et sécurité (CHSCT) avec les comités d'entreprise et les délégués du personnel dans le privé. "On avait un outil qui fonctionnait pour mettre en place des protocoles sanitaires dans les entreprises, déplore Pierre Marsein, le secrétaire départemental de la Cgt43, parce qu'on sait que la majorité des clusters se situent sur le lieu de travail et dans les universités, avec leur suppression ça montre bien où veut aller le Gouvernement."
Louise Pommeret, de la FSU43, y voit une volonté de faire taire les travailleurs. Elle craint que le public ne subisse le même sort.

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Tous sont unanimes pour dénoncer une crise sanitaire qui découle de la baisse des budgets dans les hôpitaux depuis des décennies. Une baisse qui perdure puisque "le projet de loi de financement de la sécurité sociale prévoit 4 milliards d'euros d'économies", souligne Pierre Marsein qui ajoute : "je veux bien admettre que dépenser à tout va n'est pas la solution mais en ce moment, avec un hôpital public rogné jusqu'à l'os, c'est un pur scandale."

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Du côté des enseignants, ces six syndicats appellent à suivre la grève nationale de ce mardi 10 novembre, même s’il n’y aura pas de manifestation de rue en Haute-Loire.

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"Encore et toujours, ce sont les intérêts économiques qui priment sur la santé", illustre Véronique De Marconnay pour Sud Solidaires 43, avec des personnels envoyés au casse-pipe sans souci pour leur santé".
Quant aux ordonnances réduisant les acquis du droit du travail, le secrétaire départemental de Force Ouvrière 43 Pascal Samouth, s'insurge : "Quels effets ont-ils sur la crise sanitaire ? Aucun." Et de prédire des abus de la part des employeurs pour la période des congés de fin d'année. 
Le chômage partiel ne trouve pas non plus entièrement grâce aux yeux des syndicalistes. Si celui-ci a le mérite d'exister, Pierre Marsein rappelle qu'un salarié au chômage partiel ne touche de 80% de son salaire. "Nous demandons 100%", lance-t-il avec une pensée pour toutes les personnes qui vont perdre leur emploi dans les mois à venir. "Déjà qu'au printemps, on a vu grossir les files d'attente devant les associations d'aide alimentaire, cette-fois on entre dans l'hiver ; il faut s'attendre à ce que de nombreuses personnes rejoignent les rangs des précaires énergétiques."

Annabel Walker

> Lire la lettre ouverte de l’intersyndicale au préfet de la Haute-Loire :

"Monsieur le Préfet de Haute-Loire,
Nos organisations s’adressent à vous et au gouvernement du fait du contexte particulier dans lequel se trouve notre département, tout comme le pays dans son ensemble, la population salariée en particulier. La crise sanitaire, due à la pandémie de Covid 19, en est à son dixième mois sans que l’on puisse en prédire l’issue. Ses conséquences pour la santé et ses conséquences sociales et économiques sont désormais violentes pour l’emploi, les perspectives d’emplois, les salaires et les conditions de vie d’une partie importante de la population, la moins favorisée, les jeunes, les femmes, les migrants en particulier. Pour notre département, cette seconde vague risque d’avoir des répercussions encore plus brutales pour la population et pour l’économie. Dans un contexte très évolutif, incertain et d’urgence, nos syndicats, délégués et représentants du personnel ont été fortement sollicités par les salariés. Malgré des conditions d’exercices dégradées de leur rôle, tant du fait des contraintes sanitaires que de l’affaiblissement des moyens de représentations collectives des salariés dus aux effets des ordonnances 2017 réformant le code du travail, ils ont joué un rôle important pour que soient assurées au mieux la protection de la santé au travail et la continuité des activités essentielles. Ils doivent faire face aujourd’hui à la dégradation majeure de la situation économique et à son cortège de restructurations, de suppressions d’emplois, d’augmentation du chômage et de la précarité. Or les dispositions sanitaires accrues se traduisent par des restrictions importantes, notamment en matière syndicale, limitant de fait l’exercice régulier du droit de réunion et de manifestation alors que, avec le confinement, les salariés continuent à se rendre au travail. C’est pourquoi nous demandons une évaluation rapide des ordonnances travail afin de rétablir les droits de représentation collective des salariés à la hauteur des enjeux actuels (DP, CHSCT…) De plus, nous contestons la prolongation de l’Etat d’Urgence Sanitaire jusqu’au 21 février 2021 qui peut autoriser des dérogations unilatérales au Code du Travail en matière de congés, de repos, de durée du travail, de repos hebdomadaire et de travail dominical. Alors que des dispositifs d’aides publiques massives sont mis en œuvre pour soutenir l’activité des entreprises, nous en appelons à ce que ces aides conduisent effectivement à préserver tous les emplois, les salaires et les garanties collectives. C’est pourquoi de véritables engagements doivent être exigés en contrepartie et contrôlés quant a leur mise en œuvre effective à court, moyen et long terme, a contrario de ce que nous avons connu et constatons trop souvent. Ce contrôle doit être exercé de l’entreprise, aux territoires jusqu’au niveau national. Alors que la crise sanitaire s’amplifie, nos organisations sont en droit de s’interroger sur le vote par la majorité parlementaire du PLFSS (budget de la sécurité sociale) qui prévoit une économie de 4 milliards sur le système de santé dont 800 millions d’euros rien que sur l’hôpital public. Quant aux services publics et à leurs agents, ils ont montré dans cette période leur utilité irremplaçable, au plus près de la population. Ils doivent bénéficier de moyens à la hauteur de leurs missions pour consolider leur proximité et arrêter de faire l’objet de restructurations et de réductions d’emplois. Nous demandons une reconnaissance effective du rôle essentiel des salariés du public et du privé qui doit se traduire sans délai par une revalorisation des salaires, conditions de travail, d’emploi et de carrière. De même, l’activité partielle ne doit pas créer de baisse des revenus salariaux. Face à la situation de l’emploi et du chômage, nous renouvelons la nécessité que la réforme de l’assurance chômage, décidée en juin 2019, reportée en avril 2021, soit abandonnée au profit du retour aux dispositions de la convention qui avait été négociée en 2017. Du fait de cette situation, nous affirmons, quelles que soient nos analyses et positions sur le fond, que le gouvernement devrait annoncer que l’heure n’est pas de remettre à l’ordre du jour le sujet des retraites.
Soyez assuré, Monsieur le Préfet, de l’expression de notre considération distinguée."