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Mais c’est quoi un cas contact, diantre ?

mer 21/10/2020 - 16:53 , Mise à jour le 27/11/2020 à 09:08

« Moi, je l’ai été car un ami a été testé positif deux jours après que l’on s’est vu, explique Lilian, cas contact au mois d’août. J’ai été prévenu par la CPAM et elle m’a dit que je devais faire un test PCR et surtout prendre le masque en toutes circonstances jusqu’aux résultats. Mais ils ne m’ont pas demandé de leur fournir une liste de personnes que j’avais croisées entre ma rencontre avec mon ami positif et l’appel de la CPAM. »

Un témoignage qui s’entrechoque avec celui de Sophie, 19 ans : « J’ai dû informer les noms de tous les gens que j’avais croisés sans réelles protections sanitaires après avoir moi-même été enregistrée comme cas contact suite à une soirée au mois de juin. » Dans cet exemple, les individus désignés par Sophie sont alors devenus des cas contact au second degré. Vous n’y comprenez rien ? C’est normal. Ce flou est d’autant plus opaque que sont nombreuses les situations d’une éventuelle infection.

C'est dans les détails que se cache le diable
Un autre exemple qui illustre bien le maigre fil tendu sur lequel nous marchons tous quant aux bonnes mesures à prendre nous vient de Maxime, trentenaire de Polignac, positif au mois d’octobre : « La CPAM n’a pas estimé que mes collègues seraient des cas contacts, partage-t-il. Nous travaillons presque tous en open-space mais le fait que nous portons un masque toute la journée modifie la définition du cas contact et ne s’applique pas à cette situation. »
Pourtant, le risque est bien présent car personne n’est infaillible. La machine à café, une feuille, une table, un stylo, les poignées de porte, de frigo et bien d’autres choses apparaissent comme des vecteurs de contaminations. Et selon une étude (voir encadré) parue en 2015 et 2019, une personne se touche le visage en moyenne 550 fois par jour. Ces gestes inconscients, ancrés en nous sans exception, nous permettent d’interagir avec nous-mêmes et les autres. Or, selon une étude publiée en octobre dans le journal Clinical Infectious Diseases, le Covid-19 reste actif neuf heures sur la peau et 28 jours sur un téléphone.

----Jeux de mains, jeux de vilains
Notre pire ennemi dans ce combat sanitaire sont nos mains, devenant de véritables passerelles pour le virus malgré la présence du masque. Selon une étude australienne parue en 2015 et une autre japonaise en 2019, il a été démontré qu’une personne lambda se touche le visage en moyenne 23 fois par heure, soit toutes les 2min30. 44 % de ces contacts sont fait sur des muqueuses telles que le nez (31%), les yeux (27%) et la bouche (36%), 56 % ailleurs (cheveux, cou, oreilles, peau). L’Agence Régionale de Santé indique dans une étude de 2017 que certaines personnes se touchent près de 3 000 fois le visage quotidiennement.-----Un flou artistique total
D’autre part, Maxime nous éclaire sur un fait édifiant qui va à l’encontre de l’exemple de l’open-space : « Mon collaborateur, en covoiturage avec moi, a, quant à lui, été considéré comme cas contact malgré notre port du masque tous les deux. » Et la cerise sur ce gâteau nappé d'incompréhension est la suivante : « Ma femme et mes enfants devaient retourner au travail et à l'école tant qu’ils n’avaient pas de symptômes, partage Maxime. Ce qui semble tout de même très limite en termes de risque de contagion. Cette directive provenait du laboratoire qui m’a annoncé mon test positif, information confirmée par le numéro vert spécial pour le Covid. En l’occurrence, ma femme a appelé son employeur qui lui a demandé de rester chez elle. L’école de nos enfants nous ont également demandés de faire de même avec eux ».

Entre les annonces officielles et le non-sens de la réalité
À ce moment-là, que suivre comme recommandations ? «  Les cas contact de cas contact ne sont pas des cas contact, a assuré le ministre de la santé Olivier Véran le 17 septembre dernier. Si vous avez mangé avec quelqu'un hier soir et que cette personne vous rappelle aujourd'hui pour vous dire que son fils fréquente la classe d'un enfant qui a de la fièvre, vous n'êtes pas cas contact ».

Sur le site de la CPAM (Caisse Primaire d’Assurance Maladie), « un cas contact est une personne ayant été en contact rapproché avec le malade. Il s'agit d'un contact sans mesure de protection efficace en face-à-face à moins d'un mètre, quelle que soit la durée et dans un lieu clos », est-il précisé. Vous serez également enregistrés officiellement comme cas contact si vous vous trouviez dans la même pièce qu’une personne positive pendant au moins une heure lors d’une soirée comme un anniversaire ou un mariage par exemple. Par contre, si vous rencontrez d’autres personnes après cette fête, ces dernières ne seront pas des cas contacts alors que vous les avez peut-être contaminées.

À chaque situation, des consignes différentes à suivre
Santé Publique France informe de la marche à suivre sur son site pour les personnes désignées cas contact. Elle instaure un isolement même en étant asymptomatique jusqu’au test PCR à faire. À ce moment-là, encore une fois, les consignes à suivre dépendent des situations de chacun.
Si des signes du coronavirus sont clairement identifiés, il faut se faire dépister le plus vite possible et rester isolé chez soi en évitant de croiser les autres membres de la famille. Idem si aucun symptôme ne se présente mais que vous vivez avec d’autres personnes dans le même foyer.

Par contre, si vous n’êtes pas dans les deux situations précédentes (pas de symptôme et vivant seul), alors il faut « rester isolé et attendre au moins sept jours après le dernier contact avec la personne malade avant de faire le test », écrit Santé Publique France. Ce temps de latence est indispensable pour que le test soit fiable et le virus détectable.

Négatif à l’apéritif, positif au digestif
Et parce que le monde entier accuse les médias de faire peur aux gens, voici un autre élément pour nous faire battre de plus belle (mais qui est pourtant la vérité). L’analyse PCR informe la personne de son état de porteur ou non du Covid. « Il préjuge de votre statut à un instant T », explique la virologue Mylène Ogliastro. Autrement dit, vous pouvez être négatif aujourd’hui au moment du test et être infecté... deux minutes plus tard.

Nicolas Defay