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Samuel Paty : un hommage poignant au collège Jules Romains

, Mise à jour le 27/11/2020 à 09:08

Soixante secondes où le temps s’arrête comme s’est arrêtée la vie d’un prof, un de ceux qui veulent prouver que la liberté d’expression est aussi importante que celle de penser, d’exister, de respirer. Ce genre de prof convaincu que l’on peut instruire sur les bancs de l’école la tolérance, l’importance de la différence, l’importance des valeurs de la République. "Au-delà de la mort de Samuel Paty, enseignant d’histoire et géographie au collège du Bois à Conflans-Sainte-Honorine, c’est toute l’architecture de la démocratie française qui est saignée à blanc", se désole l'écrivaine Florence Roche-Barthélémy, professeure au collège Lafayette et résidente à St-Julien-Chapteuil.

Meurtre infâme
À l’instar de milliers d’autres établissements scolaires du pays des Droits de l’Homme, des élèves et des professeurs, aux côtés d’institutions, se sont réunis lundi 19 octobre à 10 heures dans la cour du collège Jules Romains, à Saint-Julien-Chapteuil. André Ferret, le maire de la commune, a partagé son horreur face à ce meurtre infâme et lâche, de son incompréhension et de "l’angélisme dont la République fait sans doute trop preuve devant ce genre de crimes d’un autre âge".

Pour quelques coups de crayons
Rappelons que ce professeur de 47 ans a été assassiné vendredi 16 octobre, décapité au couteau. "Il avait reçu des menaces de la part de la famille d’un de ses élèves musulmans d’origine tchétchène, car il enseignait la liberté d’expression en montrant des caricatures du prophète Mahomet dont l’Islam interdit toute représentation", précise Florence Roche-Barthélémy. Rappelons aussi qu’un enfant de 5 ans a appris que son papa a été trucidé parce qu’il faisait son métier d’enseignant. Rappelons que certains suppriment des existences et des avenirs pour seulement quelques coup de crayons.

Un fanatisme qui n’a pas sa place en France
La principale du collège Jules Romains, Valérie Etéocle, a souligné sa solidarité totale et sa compassion tout en rappelant comment les valeurs de la démocratie ont été bafouées, encore une fois. Madiha Hadi, inspectrice à la formation et à l’orientation, a également dénoncé "l’intolérance et le fanatisme qui n’ont pas leur place dans la République laïque de la France". Des élèves de classe de 3ème étaient présents, choqués et perdus, tout comme leurs professeurs.

"Pendant ces soixante secondes de rien, nous avons tous été orphelins de Samuel Paty"
"Le pays vient de perdre un de ses enfants, livre Florence Roche-
Barthélémy. Il n’y a pas de mots qui existent dans le dictionnaire lorsqu’un tel drame surgit. Mais un terme est là pour qualifier notre état à tous. Orphelin. Orphelin d’une idée, d’une conviction, d’une pensée qui devrait être celle de notre humanité toute entière. Pendant cette minute de silence, pendant ces soixante secondes de rien, nous avons tous été orphelins de Samuel Paty et avons pleuré en silence pour l’échec de ce jeune hussard irréprochable à défendre la liberté dans ce qu’elle a de plus beau".

Nicolas Defay