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Résurrection pour l'ex-Hôtel des ventes au Puy

, Mise à jour le 27/11/2020 à 09:08

Cet immeuble emblématique semble entouré de mystères. Malgré avoir contacté un nombre considérable d’interlocuteurs en lien avec son ancienne activité, notamment les employés du nouvel Hôtel des ventes de la rue du Vent l’emporte, aucun n’a pu apporter des éléments sur son origine et son histoire. Pas même l’ancienne propriétaire de l’établissement dont le court échange téléphonique s’est révélé aussi hermétique qu’un couvercle de cercueil en chêne massif.
Les acquéreurs non plus n’ont pas d’informations sur les existences révolues de cette bâtisse, 10 boulevard de la République. Néanmoins, Monique et Bruno Badiou, propriétaires des pompes funèbres Condemine situées à quelques mètres en contrebas, savent parfaitement ce qu’ils vont faire de leur récente acquisition.

Deux siècles d'enterrement
Pour remonter le fil des années du couple Badiou, cela fait treize ans qu’ils œuvrent corps et âme dans les pompes funèbres. « Avant ça, nous tenions une boutique de fleurs à l’avenue Foch au Puy-en-Velay, partage Monique Badiou. À présent, nous vendons également des fleurs mais pour un autre genre de contexte. »

Pour enrouler encore plus la pelote du temps, ils nous apprennent que leur local actuel appartenait à la famille Jury, spécialiste dans le domaine funèbre bien avant notre siècle. « Je ne connais pas la date exacte mais je sais qu’au XIXème siècle, ils travaillaient déjà dans cette activité, dévoile Bruno Ba diou. Comme dans les bandes dessinées de Lucky Luke, ils transportaient les corps dans un corbillard de l’époque à travers les rues du Puy. Les temps ont bien changé aujourd’hui ».
Quelques dizaines de décennies plus tard, Condemine achète Jury en 2003. Bruno et Monique Badiou deviennent ensuite les gérants du 30, boulevard de la République, quatre ans plus tard.

« À cet étage, nous aurons quatre salons funéraires indépendants »
« Parce que c’est très exigu et l’accueil des familles compliqué dans un si petit espace »
, justifie Bruno Badiou pour expliquer ce choix de déménager. Il est vrai qu’aussitôt la porte franchie, il faut jouer d’équilibre et d’attention pour ne pas renverser un bouquet de fleur ou se retenir à une plaque en marbre.

Dans le nouveau espace, là où était implanté le fameux Hôtel des ventes jusqu’en 1993, leur surface va plus que quadrupler. « L’immeuble comporte deux étages de plus de 250 m² au sol, détaille-t-il. Le bas sera réservé à la vente des articles comme les fleurs, l’exposition des cercueils et les plaques. Le haut sera dédié à l’accueil des personnes. À cet étage, nous aurons quatre salons funéraire indépendants. »
Et côté rue de la Gazelle se cache une large arrière-cour en guise de stationnement. Avec cet outil et cet équipement, les deux professionnels posséderont la plus importante structure de ce genre dans le département.

Un secteur qui ne connaît pas la crise
D’après eux, ils n’ont gardé que les murs. « Tout a été détruit à l’intérieur pour rénover l’endroit totalement, confie Bruno Badiou. Le concept s’est révélé très onéreux et il faut savoir que chaque frigo coûte au minimum 10 000 euros. Nous nous donnons six mois pour terminer, nous installer et commencer notre activité à cette adresse. »

Et les activités en question ne se limitent pas qu’à la vente de fleurs et de cercueils. « Nous nous déplaçons parfois à l’étranger comme au Maroc ou au Portugal pour effectuer un enterrement ou assurer le rapatriement d’un corps en France. Nous faisons les travaux de marbrerie et des caveaux. Et chaque mois, nous vendons entre 20 et 25 cercueils, soit 300 par an ». Un secteur qui ne connaît donc pas la crise. Malgré leur installation prochaine dans le feu Hôtel des ventes, les deux patrons n’envisagent pas, pour l’instant, d’agrandir leur équipe constituée de trois marbriers, quatre porteurs et trois secrétaires.

Nicolas Defay