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Covid : une situation très alarmante selon l’hôpital Emile-Roux

mer 14/10/2020 - 00:45 , Mise à jour le 27/11/2020 à 09:08

Le directeur de l’établissement Jean-Marie Bolliet, aux côtés du biologiste Bertrand Maubert, du docteur et président de la CME (commission médicale d'établissement ) Marc Bouiller, et du directeur stratégie Cédric Ponton, a dévoilé les dernières informations concernant la pandémie et ses conséquences actuelles. « On sent depuis hier, une véritable montée en puissance des malades Covid, assure Jean-Marie Bolliet. Et notamment une pression sur notre service de réanimation. » Les mines sombres des quatre professionnels et le ton employé décrivent un avenir des moins radieux sur le sujet. Un sujet bien loin d’avoir trouvé une fin dans les jours prochains.

Augmentation des lits en réanimation
Selon les données partagées par la direction, les lits en réanimation au nombre de douze actuellement vont devoir passer à seize. "Attention, cela ne veut pas dire qu'il y a 12 patients atteints de la Covid qui sont en réanimation, précise Bertrand Maubert. Pour l'instant, il y a 16 patients infectés dont 4 dans le service de réanimation. Mais il est clair que nous devons nous préparer à une occupation plus importante des lits en réanimation par des gens atteints par la Covid." Deux des quatre personnes en question proviennent d'un Ehpad. "Aujourd'hui, il y a 6 clusters présents dans 6 hébergements pour personnes âgées dépendantes. Ces clusters sont des foyers d'ampleur très virulents car 30 à 50 % des résidents sont touchés".

> Voir les graphiques produits par l'hôpital Emile Roux

Les opérations en chirurgie déprogrammées pour concentrer les effectifs sur la Covid
À situation d'urgence, mesures d'urgence. La soudaineté de la chose a fait prendre à la direction et au corps médical des dispositifs loin d'être anodins. Outre l'ajout de lits supplémentaires en service de réanimation, il a été décidé la déprogrammation des hospitalisations en chirurgie pour récupérer les soignants censés s'occuper de ces patients et les faire venir en réanimation.

"Les opérations reportées est un véritable sujet, admet Jean-Marie Bolliet. Mais il faut dire aux gens qui ont besoin d'une prise en charge pour un cancer, un suivi de maladies chroniques ou pour d'autres pathologies importantes de continuer à venir chez nous. Les interventions déprogrammées seront celles qui le seront le plus facilement ou n'ayant pas un caractère d'urgence."
Il rajoute : "En crise, on doit réorganiser l’hôpital autour d'un pôle de fonctionnement très clair, justifie Jean-Marie Bolliet. On a pu réserver dix lits dans le service de médecine pour les concentrer aux seuls patients atteints par la pandémie".

----Leur avis sur la présence de la fête foraine 
À la question de savoir ce qu'ils pensent du maintien de la vogue au Puy-en-Velay, Jean-Marie Bolliet répond : "On travaille en harmonie avec la préfecture. Nous jouons notre rôle de conseil et de sentinelle. Mais le maintien de la fête foraine n'est pas de ma responsabilité." Bertrand Maubert précise : "Si les gestes barrières sont respectés, il n'y a pas de gros dangers car tout se passe à l'extérieur. Tant que l’individuel respecte les mesures alors la menace est faible".-----"Ce serait un véritable très gros problème. On doit ménager nos soignants et nos soignés"
"Notre gros soucis, c’est la difficulté à trouver du personnel sans modifier massivement l'agenda des soignants et des soignés, se désole le directeur de l'hôpital. La crise va être très longue et on ne voit pas de possibilité d'amélioration avant la mi-2021, date à laquelle on espère qu'un vaccin sera trouvé. Notre enjeu de tous les jours et des jours qui vont suivre est de préserver les soignants."

La direction doit œuvrer dans un travail d'équilibriste pour avoir assez de personnels sous la main pour les patients Covid tout en prenant en compte la fatigue et les heures cumulées par le corps médical. "Pour l'instant, l'absentéisme n'est pas explosif, confie-t-il. Mais en ne préservant pas nos troupes, cela risque de le devenir. Et là, ce serait un véritable très gros problème. On doit ménager nos soignants et nos soignés".

"Nous devons refuser beaucoup de monde même des personnes prioritaires"
Concernant les dépistages faits au sein même de l'hôpital, les biologistes arrivent à saturation. "Notre centre de prélèvement répond comme il peut à toutes les demandes, partage Jean-Marie Bolliet. Nous devons refuser beaucoup de monde même des personnes prioritaires. Actuellement, les biologistes réalisent entre 140 et 190 tests chaque jour. Nous regardons comment monter à 250 mais cela nécessite encore plus de personnels."
Depuis le 1er septembre, ils ont dépisté 330 personnes positives au Covid. En moyenne, cela représente un positivité de 7,12 % ce qui est, selon l'analyse des professionnels, un ratio élevé. "On sent le virus monter de façon très dangereuse", assure Bertrand Maubert.

----Mot de Jean-Marie Bolliet
"Au début du Covid, les gens applaudissaient les soignants pour leur investissement dans la lutte contre la pandémie. Ce qu'ils veulent à présent, c’est qu’on respecte leur travail en respectant les gestes barrières. Il faut acheter du temps. Et quand on aura un vaccin, on pourra enfin lâcher la bride. Notre destin sanitaire dépend de notre discipline pour respecter les règles de protection en vigueur".-----"Si tout le monde avait respecté les gestes barrières, on n'en serait pas là !"
Un sujet a particulièrement était soulevé par Marc Bouiller. Celui de l'indiscipline des altiligériens et des français en général pour respecter les mesures barrières. "Je constate qu'il y a une certaine insouciance des gens ! Quand vous êtes jeunes, c’est pas grave de contracter le virus. Quand vous avez plus de 60 ans ou ayant des pathologies lourdes, c’est grave. Voir très grave au-delà de 70 ans."

Inquiet devant la situation qui se profile à l'horizon, il martèle fermement : "Si tout le monde avait respecté les gestes barrières, on n'en serait pas là ! Notre population n’a pas de discipline. Et ce n’est pas parce que c’est dur à entendre que c’est faux ! Si personne ne veut de contraintes, ok, mais on aura alors les conséquences".

"Avec un masque, on peut continuer à vivre facilement"
"Il faut faire des choix, avertit Marc Bouiller. Il faut que les jeunes mettent leurs masques pour préserver la vie de leurs grands-parents. Encore une fois, eux ne vont pas être très dérangés par la maladie. Mais leur grand-mère va énormément souffrir pour ne pas s'en sortir au final. Que les jeunes se contaminent, on s’en fout. Ils ne vont pas en mourir. Par contre, leur responsabilité, c’est de protéger leurs aïeux en usant des gestes barrières."
Jean-Marie Bolliet complète les propos de Marc Bouiller. "Nous savons très bien que l'on ne pourra pas discipliner tout le monde à la manière de la Corée du Nord. Mais en Italie par exemple, ils sont à 3 000 cas pour un million d'habitants alors qu'en France nous sommes à 9 000 cas, soit trois fois plus. Avec un masque, on peut continuer à vivre facilement".

Nicolas Defay