Je signale une erreur

Précisez éventuellement la nature de l'erreur

Tous

Blavozy

Au fait, que devient l’Afpa de Blavozy ?

mer 16/09/2020 - 18:41 , Mise à jour le 27/11/2020 à 09:08

Jeudi 17 septembre 2020, la direction du centre de formation de Blavozy organise ses journées portes ouvertes. « Tous les Afpa de France ont programmé ce rendez-vous, un rendez-vous qui a lieu trois fois par an, explique Nathalie Malatrait, directrice de la structure de Blavozy. Il est vrai que cette journée portes ouvertes va prendre un sens particulier car nous allons présenter des offres qui n’existaient pas dans l’Afpa d’avant. Deux points sont notamment mis en avant. Un tiers-lieu de formation baptisé B@t-Innove et un tiers-lieu de fabrication inscrit sous le nom de la Manufacture. »

Mettre en commun les formations et les formés
Pour le premier, des stagiaires ayant choisi le secteur du bâtiment mais avec des formations différentes (plaquiste, métallier, peintre, carreleur…) se côtoieront dans le même espace. « Avant, chaque formation avait son local, avec ses machines et son formateur, décrit Nathalie Malatrait. Les métiers et les stagiaires ne se fréquentaient pas. Aujourd’hui, nous avons opté pour créer un espace de travail et de formation en commun afin que tout le monde découvre les gestes et les compétences des autres métiers. L’objectif est d’accueillir une centaine de stagiaires sur 14 mois de formation. »

----Journées portes ouvertes :
Jedui 17 septembre, de 9 heures à 17 heures au Centre Afpa le Puy-en-Velay.
Adresse : ZI de Blavozy, 43700 Saint-Germain-Laprade
Tous les jeudis, les visites sont possibles pour découvrir les formations et le centre.
Toues les vendredis, les professionnels peuvent venir découvrir la Manufacture et ses prestations.-----« La personne peut venir utiliser ce lieu de fabrication 24 h/24 »
Pour le second, bien loin du squelette originel de l’Afpa, la Manufacture est née cette année à Blavozy. Elle propose un espace de partage d’espace et de matériel à tous les artisans, structures ou associations qui souhaiteraient utiliser les prestations présentes pour leur propre compte. « Le principe est qu’avec un abonnement de 350 euros par mois, la personne peut venir utiliser ce lieu de fabrication 24 h/24 autour de quatre pôles distincts, à savoir le bois, le métal, la matière souple comme le textile et le pôle humide qui concerne par exemple le travail de la céramique, précise Nathalie Malatrait. À sa disposition, il aura accès à toutes sortes de machines spécialisées pour son travail personnel. »

Si actuellement, seulement deux menuisiers et un ferronnier occupent les lieux, la directrice souhaite à terme un effectif d’une cinquantaine de résidents et d’une trentaine de savoirs-faire différents dans la Manufacture.

« Il se pare effectivement d’un nouveau visage mais il garde le même objectif »
L’enjeu de tels changements entre les murs de la vieille Afpa est, suivant les mots de Nathalie Malatrait, de créer une interaction entre les deux tiers-lieu. « Les stagiaires pourront apprendre la théorie et le savoir-faire au sein de leur espace et pourront se sensibiliser à la réalité du terrain en rencontrant les professionnels à la Manufacture », nous éclaire-t-elle.
Elle ajoute : « Il faut redonner vie à l’Afpa. Il a traversé des moments très difficiles mais il est en train d’évoluer. Il se pare effectivement d’un nouveau visage mais il garde le même objectif. Que les gens qui sortent d’ici aient acquis un savoir-faire, peut-être un savoir-être, et beaucoup plus de chance pour décrocher un emploi ».

Au bord de l’abîme il y a deux ans
Fer de lance de la formation pour adultes à une époque maintenant révolue, l’Afpa a essuyé d’innombrables coups de couteau durant les deux dernières années. Le plan de réorganisation le 18 octobre 2018 prévoyait la suppression de 1 541 postes et la fermeture totale de treize centres en France dont celui de Blavozy. « C'est avec tous ces acteurs influents que sont le préfet de la Haute-Loire, la Dirrecte, la Région, Pôle Emploi et les entreprises que nous aimerions constituer une rencontre pour réfléchir au sens de la formation professionnelle et à son avenir, avait partagé en décembre 2018 Isabelle Fichet, formatrice et militante Sud FPA. Il faut trouver un moyen de sauver l'outil Afpa. Sa mort ne signifie pas seulement la fin d'un lieu de formation. Ce serait un désastre social et professionnel. »

Malgré cela, le 30 juin 2019, la direction générale statue sur la fermeture de l'antenne du Puy-en-Velay. Trente personnes sont alors menacées de perdre leur emploi et le département son unique centre Afpa.

----Un rebond, oui, mais...
« On aurait bien sûr souhaité que ça reste majoritairement un centre de formation, regrette Isabelle Fichet. Mais on a bien compris que l’Afpa, malheureusement, se désengage de la formation qualifiante pour se diriger de plus en plus vers des activités que beaucoup d’autres structures ont déjà ».-----« C’est le premier PSE qui subit ça en France. C’est sans précédent ! »
Depuis, l’Afpa semble flotter sur un océan indécis, poussé et aidé pour l’instant par les vents de la justice. « Le Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) a continué sa vie, relate Isabelle Fichet. Mais deux jugements sont venus le contrarier profondément. Le dernier s’est déroulé le 3 juillet 2020. Le plan social s’est vu tout simplement retirer son homologation. Tous les licenciements en cours ont été et sont pour l’instant gelés. C’est le premier PSE qui subit ça en France. C’est sans précédent ! ».

Selon Isabelle Fichet, la Dirrecte (direction régionale des entreprises, de la concurrence, du travail et de l’emploi) avait donné son homologation pour le maintien du plan social mais la justice a estimé que la direction générale de l’Afpa n’avait pas fait son travail en ne clarifiant pas bien qui devait rester et qui devait partir. « On a appris, ce mardi 15 sept 2020, que l’État avait fait appel de cette décision », confie-t-elle. Encore un énième bras de fer à tenir.

Un avenir en demi-teinte
Derrière ces deux victoires au profit des employés de l’Afpa se cachent tout de même des ornières où certains se sont cassés les jambes. « La dernière décision de justice arrive trop tard car tous ceux qui ont été incités à quitter leur poste depuis juillet 2019 sont déjà partis, souligne Isabelle Fichet. Pour ce qui est du centre de Blavozy, la direction a maintenu la majorité des emplois. Sur le papier, ça fonctionne. Mais avec l’histoire du Covid et la santé fragile de l’Afpa, certains postes vont indéniablement sauter ou se modifier. »
Actuellement, ils sont encore 28 à être employés dans l’unique centre Afpa de Haute-Loire.

Nicolas Defay