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L’enquête publique valide la déviation St-Hostien/Le Pertuis

, Mise à jour le 27/11/2020 à 09:08

11 kilos. C’est le poids du dossier que les trois commissaires enquêteurs ont eu à dépiauter, analyser, compulser après la fin de l’enquête publique concernant le brûlant projet de la déviation des villages de St-Hostien et Le Pertuis. Après trois semaines de travail et assurément plusieurs flacons d’aspirine, Henri de Fontaines, Dany Jouffroy et Serge Figon ont ainsi signé le 3 septembre 2020 le rapport condensé en 127 pages de cette enquête à forts enjeux. Des enjeux économiques, écologiques, politiques, et par dessus tout humains.
« Je sais, c’est vraiment malheureux pour les agriculteurs qui avaient des terres et du cheptel sur le tracé de la déviation. C’est dommage aussi pour les dégâts occasionnés à la nature. Mais si on prend en compte tous les paramètres, on ne fait rien. On ne fait pas de route. Et ce sont des gens qui continueront à mourir ».
Ainsi résume Maryse Masclaux, présidente de Vivre et Conduire, les points de frictions qui ont ponctué récemment ce vieux dossier de 30 ans.

Une participation et un intérêt exceptionnels
Il a suffi de trois semaines pour que les trois commissaires enquêteurs mettent fin à ce suspense que des milliers de passionnés ont suivi. « Il est nécessaire de noter le nombre tout à fait extraordinaire de 6000 personnes qui a visité le site du registre dématérialisé ainsi que le nombre de consultations et de téléchargements », est-il indiqué dans le rapport. Les mots et les chiffres compilés dans le document dévoilent l’engouement exceptionnel que cette déviation a suscité et suscite encore. Ainsi, 1765 courriels ont été reçus, 217 observations ont été formulées sous formes écrites et (165 par mail) dans les registres d’enquêtes installés dans les mairies de St-Hostien, St-Etienne-Lardeyrol, St-Pierre-Eynac et Le Pertuis et deux pétitions ont été créées.

----Près de 30 hectares sacrifiés
Le rapport indique les dégâts que le chantier pourrait provoquer : "Les travaux inhérents à la réalisation de la déviation conduisent immanquablement à dégrader, détruire ou perturber une surface de 137 ha. 85 ha seront compensés, 23 ha seront renaturés, le reste des surfaces soit 29 ha (cultures, prairies améliorées, routes...) ne sera pas compensé".-----60 % favorable
Ainsi, sur les 2 103 contributions recevables et enregistrées par les commissaires, 1 268 sont favorables à la réalisation du projet. Soit 60 % pour la déviation en 2x2 voies. Les arguments de cette majorité sont divers et variés. Ils portent sur la possibilité de désenclavement du département et de donner une vie sociale, économique, touristique aux habitants des villages actuellement traversés. Les sujets de la pollution et de la circulation incessante sont également indiqués. Étrangement, la diminution du nombre d’accidents n’est pas clairement soulevée.

« Nous allons retrouver une vie de bourg »
Le rapport dévoile que la majorité des conseillers municipaux ont soutenu ce projet lors des délibérations des conseils municipaux. C’est aussi le cas des élus nationaux, locaux et des chefs d’entreprise du département. « Elle va améliorer la qualité de vie des habitants, partage Isabelle Verdum, maire de St-Hostien. 12 000 véhicules par jour traversent le bourg. Il y aura beaucoup moins de pollution, d’attente pour s’insérer sur la route. Nous allons retrouver une vie de bourg qui améliorera la sécurité routière des usagers de la RN88 et qui favorisera le développement économique de la Haute-Loire. Quant au tracé qui a été retenu à l’époque et que nous avons en héritage (58 hectares sur la commune de Saint-Hostien), j’aurais souhaité qu’il y ait un peu moins d’emprise chez nous. Mais plus de 30 ans après, il est quasiment impossible de trouver un autre tracé, l’urbanisme s’est développé en fonction de ce schéma-là. Et aujourd’hui, c’est ce tracé où rien du tout. »

Elle nuance toutefois cette victoire : « Je suis inquiète pour mes commerçants, les deux hôtels-restaurants bars, les trois garages dont une partie de leur chiffre d’affaires dépend du passage. Et aussi inquiète pour le monde agricole. J’espère que les différentes dessertes des parcelles seront satisfaisantes, que les agriculteurs et riverains seront écoutés. Mais j’ai confiance en nos interlocuteurs à la Région ».

Pour les opposants, c'est un coup de pelleteuse contre l’environnement
Pour la partie adverse, c’est-à-dire ceux contre le projet de la Région, les arguments sont pléthores. L’atteinte à la biodiversité et aux paysages apparaît en premier lieu, traduisant une grande participation des associations de défense de l’environnement comme FNE 43 (France Nature Environnement), la Fnaut (Fédération nationale des associations d'usagers des transports ), EELV 43 (Europe Écologie Les Verts) ou encore Nature et Progrès. Le coût jugé pharaonique du projet est pointé du doigt en seconde position des arguments. L’atteinte à l’agriculture arrive en troisième place des points soulevés par les opposants, suivis par l’inquiétude liée à l’appauvrissement des réserves énergétiques fossiles, des méfaits de l’automobile individuelle à tout va et du réchauffement climatique que toujours plus de flux automobiles génèrent. Une fois ce rapport lu et analysé, le préfet de la Haute-Loire devra décider de suivre ou de ne pas suivre l’avis des commissaires enquêteur.

Nicolas Defay