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L'été complètement fou du Haut-Allier

, Mise à jour le 27/11/2020 à 09:07

A Monistrol d’Allier, pas une soirée sans que l’on entende des remarques de déception sur les  terrasses débordantes de monde des commerces où des pèlerins fourbus croisent des bronzés en tong;
« Pas une seule place sur les rafts cette semaine ! Le canonying, c’est pareil, il faut attendre la semaine prochaine, On aurait dû s’y prendre plus tôt ! Et le canoë, c’est pas mieux, Il n’y a que les créneaux du matin et encore, faut se dépêcher » .
2020, une année d’exception à Monistrol d’allier et sur la vallée
Le petit village est rompu à la présence des touristes sur les quelques mois de l’été, mais cet été 2020 restera comme une année particulière.  La vallée du Haut-Allier toute entière, jusque là peu connue est peut-être en passe de se faire une réputation de Place to Be dans les conversations parisiennes en remplacement des gorges du Tarn ou de l’Ardèche et des Cévennes où « il y a décidemment trop de monde ». Le caractère secret et sauvage de la vallée est sans doute un des éléments qui explique cet attrait soudain des touristes en grande majorité venu de région parisienne ; Il est de ces adresses qu’on échange discrètement, entre initiés. 
C’est ce que l’on  retient de la rencontre de Maxime et Nicolas, resté confinés à Paris sur le boulevard de la Villette,  aperçus sur les bords de l’Allier au niveau d’un village si isolé que les habitants préfèrent que l’on en taise le nom car « c’est vrai quoi, il n’y a pas une journée sans qu’une ou deux voitures viennent se garer ici ».
Eux, comme beaucoup d'autres sont arrivés sur le haut Allier par hasard, en route pour les Cévennes. Ils ont adorés et se sont oubliés un peu quittant à regret l’air frais de nos campagnes pour les contrées un peu plus animées des côteaux Sud du Gard et de l‘Hérault. Ils reviendront.
"C'est tellement sauvage !"
Rencontrées aussi, Rachel et Roberta qui vivent dans un quartier chic du Nord de Londres et qui sont là presque par hasard car elles ont inscrites leurs filles de 15 ans à un stage nature UCPA à Prades « Quand nous sommes arrivés dans ce coin de paradis, on s’est dit qu’on aurait bien pris la place de nos filles et finalement , on a raboté notre programme de visite du Puy, de Lyon puis Nîmes et Avignon pour rester par ici. C’est " so amazing". On a trouvé une chambre d’hôte géniale et le propriétaire nous donne chaque jour des petits « tips » pour aller se baigner. Par contre, on a pas pu faire de raft ni de canoë, c’était complet ».
On rencontre aussi Eric venu d’Orléans pour faire du canonying avec ses deux enfants. «Juste un petit tour d’un week end. On a adoré et on reviendra ».
Julie et Maryline viennent pour la même raison, « on vit dans les alpes près de la Cluzaz, la station est bondée. On a appelé et un petit créneau s’est libéré alors on est là. C’est incroyable ce coin, on avait jamais entendu parlé mais c’est tellement sauvage ! ».
A la table d’à coté il y a Goulven, coach sportif à Annecy mais breton d'origine  qui fait le tour des via Ferrata d’Auvergne. « On a projeté avec Amélie ma copine de revenir pour faire du bateau (y’avait plus de place) et de la photo, la lumière est tellement douce ici. Par contre « ça caille un peu le soir », on a laissé tombé le camping de Ramourouscle pour une chambre d’hôte ce soir ».

Le reportage de TF1 sur le Haut Allier a eu un effet sur la fréquentation
C’est la société Tonic Aventure qui a reçu l’équipe de tournage, laquelle arrivait du Cantal et de la Margeride où elle avait tourné dans les jours précédents un reportage sur Garabit et les gorges de la Truyère.  « On a été sollicité par TF1 et ça s’est passé très vite. Je pense que c’est le travail fait par la maison du tourisme et son label Respirando qui les a attirés » confie David Barret, responsable de la base nautique de Monistrol d’Allier. « C’est allé très vite ensuite et les gars ont fait des images superbes . On a d’ailleurs aussi été sollicité par M6 mais jusque là, ça n’a rien donné ». Sur l’affluence de clients dans le haut Allier, David reste mesuré. 
Une saison de 4 semaines cette année et surtout des français en quête de nature, de calme mais aussi de sensations
«C’est sûr, la saison a été bonne surtout depuis le 15 Juillet et là, ça se tasse un peu. A un moment, le téléphone sonnait en permanence et quand n raccrochait d’un coup de fil, il y en avait jusqu’à 12 à qui on avait pas pu répondre. Du jamais vu. Oui c’est vrai, tout le monde n’a pas pu trouver de la place mais ça n’a duré que quelques jours. Par exemple, pour le canonying, on a ouvert un créneau supplémentaire en fin de journée pour pouvoir répondre à la demande. Là, ça se tasse un peu. En fait notre saison se sera faite sur ce court laps de temps car on a pas pu travailler en Avril et Mai  ».
Il poursuit « On reste ouvert jusqu’à Octobre pour une clientèle de scolaires et de comités d’entreprises. Pour le moment, avec l’incertitude de la rentrée, on a pas ces demandes, le calendrier est vide. C’est d’ailleurs la tendance qu’on remarque, celle du dernière minute, les gens arrivent ici par hasard, le plus souvent et ils veulent pouvoir acheter un produit tout de suite ».
Une clientèle nouvelle, curieuse et respectueuse des lieux et de la nature
David Barret poursuit  « c’est une clientèle super respectueuse de la nature, ils veulent du fun mais aussi des renseignements sur la rivière, sur sa faune, sur le volcanisme. Ils sont très demandeurs. Ca a été essentiellement des français qui ont largement pris les espaces pris habituellement par les étrangers qu’on a pas beaucoup vu cette année ».
Au camping de St Préjet d’Allier ou encore à Cap Vacances, la saison a été globalement bonne aussi avec une clientèle française venue pour une majorité  des grandes villes et surtout de la région parisienne.  C’est ce que nous ont dit Eloïse et Jordan, qui y ont travaillé comme animateurs saisonnier et qui terminent leurs contrats cette dernière semaine d’Août .
Tout va s’arrêter comme ça a commencé, d’un coup mais il y a de l'espoir pour les années futures.
On ne saurait dire ce qu’il en sera de la tendance pour les années futures, le bilan se fera en fin de saison par les organes touristiques du département qu'il faudra aller interroger et dans les salons dédiés au tourisme du printemps prochain (s'ils ont lieu). Il reste que les personnes rencontrées pour ce papier d'ambiance et qui ont connu cet été sur le Haut Allier sans chaleur nocturne, sans moustiques et avec pas trop de guêpes se souviendront peut être de ce coin dont on ne doit pas prononcer le nom et oû il y a des maisons à acheter, pas chères. Il y aura finalement manqué que de l’animation culturelle, Le festival celtique de Saugues ou les rencontres de guitares de Chanteuges n’ayant pu se tenir.
On se dit que, si la vallée avait une image de marque facilement identifiable, comme celle d’un parc naturel Margeride - Gorges de l’Allier , on n'aurait pas pu accueillir tout le monde.

T.C.