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Le port du masque respecté... la plupart du temps

, Mise à jour le 27/11/2020 à 09:07

Un journaliste de Zoomdici a sillonné la zone commerciale de Chirel au Puy-en-Velay pour savoir si les clients entraient dans les magasins le visage recouvert d’un masque de protection sanitaire, comme l’indiquent les directives gouvernementales depuis ce lundi 20 juillet. "Dans très peu de cas, nous avons dû insister pour rappeler que l’entrée dans notre magasin n’est possible qu’avec un masque et ceci pour toute la durée de présence dans l’établissement, explique Rémi, responsable Running chez Décathlon. Parfois, le ton est monté mais il n’y a jamais eu de violence. Si quelques-uns sont repartis, d’autres avaient seulement oublié leurs masques dans leur voiture et sont revenus avec. Nous avons entre 800 et 900 clients par jour. À presque 100 %, les clients sont équipés".
Comme toutes les enseignes de la zone, mise à part celle de Géant Casino, aucune n’a un service de vigiles ou d’agents de sécurité à part. "C’est nous qui contrôlons car nous sommes proches de l’accueil, partage encore Rémi. Si un autre collaborateur s’aperçoit qu’un client a ôté son masque dans les rayons, il lui rappellera à son tour l’interdit".

"Avant cette obligation, nous n'arrêtions pas de faire des remontrances aux clients"
Du côté d’Happy Cash, boutique en contrebas spécialisée dans la revente d’articles d’occasion, le même son de cloche retentit. "Nous n’avons pas de vigiles et ce sont nous tous qui surveillons le magasin, confie Cédric, conseiller vendeur. Il y a environ une centaine de clients qui viennent chaque jour ici. Depuis lundi, seuls deux ou trois sont venus sans masque. En général, c’est souvent un oubli dans la voiture ou juste dans le sac. Si les personnes arrivent dans le magasin sans équipement et qu'ils veulent absolument entrer, nous avons la possibilité de leur vendre un exemplaire jetable à 60 centimes l'unité. Hier, j'en ai vendu trois. Je pense réellement que cette consigne est positive".
Idem de la part de la direction de King Jouet, installé à deux pas. "Ça se passe super bien, affirme Béatrice, directrice de l'enseigne de Vals. Les gens jouent vraiment le jeu, ce qui n'était vraiment pas le cas les jours précédents. Avant cette obligation, nous n'arrêtions pas de faire des remontrances aux clients pour qu'ils mettent leurs protections, chose que beaucoup ne faisaient pas." D'après elle, King Jouet reçoit environ une centaine de clients par jour. Depuis lundi, seul un couple a été refusé à l'entrée.

135 euros d'amende pour les récalcitrants
Dans la zone de Chirel, quel que soit le magasin, la consigne semble être claire. Pas de masque, pas d'entrée. Heureusement, tout semble aller dans le meilleur des mondes. "Je pense que 99% viennent avec leurs masques, assure Xavier, adjoint au Gifi de Vals. Avant cette semaine, moins de la moitié étaient équipés. Sur les 500 clients que nous accueillons chaque jour, cinq n'avaient pas leurs masques lundi. Parmi eux, trois l'avaient simplement laissé dans leur voiture. Les deux autres sont repartis sans discuter. Donc, ce n'était vraiment pas en signe de rébellion ou par mauvaise intention. En tous cas, si un cas se présente où la personne souhaite absolument entrer sans masque malgré notre intervention, alors nous avons l'obligation d'appeler la police." Et l'amende se révélera sacrément salée étant donné qu'une attitude de ce genre coûtera au belligérant la coquette somme de 135 euros.

----Comment c'est ailleurs ?
Si en France, l'entorse au règlement coûte 135€ d'amende, elle monte à 250€ chez nos voisins belges et 110€ au Royaume-Uni. En Inde où les amendes pleuvent comme durant la moisson, les contrevenants risquent un PV de 2,30€ à Bangalore à 11,7€ à Bombay. À Firozabad, toujours en Inde, vous auriez à recopier 500 fois "Un masque doit être porté". Mais la situation se complique nettement du côté du Maroc où toute personne quittant son domicile sans protection écope d'un à trois mois de prison et d'une amende de 27 à 119€. Rien à voir avec le Qatar où les peines sont de trois ans de prison ferme et 50 900€d'amende.-----"Nous encaissons encore des insultes à cause de tout ça"
Entre les murs d'une structure encore plus grande, les employés sentent également la différence entre l'avant 20 juillet et l'après. Néanmoins, dans un célèbre magasin d'ameublement en haut de la zone, les tensions restent le quotidien du personnel. "Oui, c'est respecté à peu prés, confie un salarié souhaitant rester anonyme. Ce lundi, 616 clients précisément sont venus chez nous. Une cinquantaine a dû être informée de la nouvelle consigne gouvernementale. À l'intérieur, on voit aussi souvent des gens qui abaissent leurs protection pour la mettre sous le nez. D'autres rouspètent à cause du sens unique mis en place pour faire un seul sens de circulation. Nous encaissons encore des insultes à cause de tout ça, le fait de faire respecter la loi. Nous n'avons pas de vigiles, mais je pense qu'il en faudrait quand même deux ou trois durant ce contexte particulier". D'après l'employé, les gens acceptent en majorité cette consigne car elle vient des instances les plus hautes et ne la perçoivent pas comme une leçon de morale inculquée par le personnel du magasin.

"Je ne suis pas de la police et je n'ai pas envie de jouer ce rôle"
Il suffit d'observer un peu l'entrée et la sortie des clients dans les petites boutiques du centre-ville ponot pour se rendre compte que les mêmes consignes appliquées en masse dans la zone de Chirel ne le sont plus ici-bas. "Je me suis garé en double-file pour aller chercher mon pain en face, décrit une personne dénuée de protection tout le temps de sa présence dans la boulangerie Marion au Puy-en-Velay. Avant, j'avais fait trois magasins où je portais bien mon masque. Là, je l'ai laissé dans ma voiture. Si la boulangère me l'avait fait remarqué, je n'aurais pas été choqué et je serais allé le récupérer tout de suite. C'est la précipitation qui m'a fait agir ainsi".

"Je ne peux pas me permettre de refuser des clients"
Concernant Philippe Marion, patron de la boulangerie en question, il explique cette tolérance en vogue dans sa boutique. "Je ne suis pas de la police et je n'ai pas envie de jouer ce rôle. Les affiches et les consignes sont affichées devant la porte d'entrée. Les gens prennent leurs responsabilités. En comparaison avec la même période que l'année dernière, j'ai perdu 8% de mon chiffre d'affaires. Je ne peux pas me permettre de refuser des clients. Quoi qu'il en soit, je crois que la baisse du nombre de clients ne vient pas de l'obligation du port du masque, ou pas, mais de ce contexte anxiogène dû au coronavirus." Sur les 300 à 600 clients que Philippe Marion reçoit quotidiennement, environ 10% achètent sans être protégés. "Mais ce ratio va naturellement diminuer, prédit-il. D'une part, les gens s'auto-disciplinent entre eux. D'autre part, la norme sera bientôt de porter constamment un masque où que l'on aille".

Nicolas Defay