Je signale une erreur

Précisez éventuellement la nature de l'erreur

Mardi 16 juin, les personnels de la santé défileront au Puy et ailleurs

ven 05/06/2020 - 19:24 , Mise à jour le 27/11/2020 à 09:05

Pour peser sur les négociations du Ségur de la santé, les personnels hospitaliers de Haute-Loire, mais aussi des EHPAD et autres établissements médico-sociaux seront dans la rue ce mardi 16 juin. Ils rappellent leurs revendications de 2019. En parallèle, la CGT 43 dénonce la pratique du chantage à l’emploi dans les TPE.

Ce mardi 16 juin prochain, le collectif Inter-urgences et les organisations syndicales Sud Solidaires et CGT organisent une manifestation nationale, histoire de peser sur les négociations du Ségur de la santé. Ces négociations se sont ouvertes le 25 mai pour sept semaines. Mais d’après Amandine Rabeyrin, secrétaire CGT de l’hôpital Emile Roux et des établissements publics de santé du bassin du Puy-en-Velay, les discussions démarrent mal.

(Cliquer sur "Listen in browser" pour une écoute sur tablette ou smartphone)

----La prime de 500 euros en Haute-Loire ne devrait être touchée que par peu de personnels a priori. « Au départ, une dérogation devait permettre aux chefs d’établissements de dresser une liste d’agents méritant la prime de 1 500 euros des départements plus touchés, précise Amandine Rabeyrin, et ça devait être le cas dans les établissements référence de chaque département, pourtant Emile Roux n’en fait pas partie, ni aucun établissement en Haute-Loire ».-----Passer des mots forts aux actes forts. C’est ce que demande Amandine Rabeyrin qui rappelle les revendications des personnels entre le printemps et la fin de l’année 2019 : des créations de postes et de lits mais aussi 300 euros de plus par mois pour tous, que l’on soit soignant, manipulateur radio, personnel administratif ou agent de blanchisserie parce qu' « un hôpital ça ne marche pas qu’avec des médecins ». En effet, à l’hôpital Emile Roux du Puy-en-Velay, près de 1900 agents travaillent dont environ 400 médecins. Pour ce seul établissement, la CGT réclame la création de 200 équivalents temps plein pour pouvoir travailler sereinement.

Quant à la prime exceptionnelle pour mobilisation pendant la crise sanitaire, qui sera versée en juin, les personnels qui la toucheront ne la refuseront pas. Mais ce sont des hausses de salaires qu’ils réclament avec de meilleures conditions de travail. Et tous les applaudissements à 20 heures, toutes les médailles et hommages au 14 juillet n’auront que peu d’effet sans cela.
Retour sur cette crise sanitaire vécue sous le sceau de la peur de la contamination.

(Cliquer sur "Listen in browser" pour une écoute sur tablette ou smartphone)

« Si on a été obligé de confiner le pays c’est parce que les politiques catastrophiques des 20 dernières années ont saccagé le service public, notamment de la santé », accuse Pierre Marsein, le secrétaire départemental de la CGT. Pas étonnant donc, pour le syndicat, que le secteur n’attire pas. Preuve en est le manque de candidats pour des postes de CDD en EHPAD débloqués grâce à une aide du Département en avril. « On dégoûte les gens du métier, illustre Amandine Rabeyrin, certains en viennent à avoir le sentiment de pratiquer de la maltraitance tellement leurs conditions de travail ne correspondent pas à leur idée humaniste de la profession ; en plus on reste contractuel des années sans évolution de salaire ni sécurité de l’emploi. »

----Pour Pierre Marsein, le prolongation de l'état d'urgence sanitaire jusqu'au 10 juillet est une "escroquerie", une atteinte aux libertés alors que pratiquement toutes les activités ont repris. Le 28 mai dernier, quelque 200 manifestants (FO, Solidaires, les Gilets Jaunes et le Réseau Lycéen) ont dénoncé cette prolongation sur la place du Breuil, au Puy, face aux forces de l'ordre.
-----Aurec, Brioude, Le Puy...
Ainsi, elle est en mesure d’affirmer que, le 16 juin, des actions de mobilisation seront probablement mises en œuvre dans certains EHPAD, notamment à Aurec-sur-Loire. L’hôpital de Brioude devrait aussi être du mouvement, avec du tractage sur le marché en amont pour inviter la population à rejoindre la manifestation. A Emile Roux, un rassemblement devrait avoir lieu en début d’après-midi devant l’établissement (les modalités sont encore discutées). Un tour de ville pourrait être alors décidé si les personnels sont en nombre suffisant. Certains seront peut-être réticents par peur de la contamination. « Nous porterons des masques et respecterons les distances », rassure Amandine Rabeyrin qui envisage peut-être d’égrener le cortège par groupes de dix personnes. Pour autant, cette interdiction des rassemblements de plus de dix personnes lui semble incohérente en extérieur : « Si on peut être beaucoup plus de dix en usine pour travailler, pourquoi ne peut-on pas manifester ? » C’est une atteinte aux libertés, renchérit en substance Pierre Marsein qui déplore que les syndicats soient ainsi freinés dans leurs actions auprès des salariés sur leurs lieux de travail. Des salariés pour lesquels le responsable CGT craint le pire aux alentours de septembre.

Chantage à l’emploi dans les TPE
« Jusqu’ici le chômage partiel a plutôt bien protégé les salariés, mais à partir du 1er juin, le dispositif spécial Covid - qui ne coûtait rien à l’employeur - disparaît, explique-t-il, donc les entreprises devront verser environ 16 % des 84 % du salaire qui sont dus à l’employé. »  Et c’est surtout pour les salariés de TPE (très petites entreprises) que Pierre Marsein se fait du souci. Là où, à moins de onze employés, il n’y a pas d’élu du personnel pour les défendre. « On a reçu des appels de personnes à qui l’employeur a fait du chantage à l’emploi, témoigne-t-il, l’employeur leur a proposé de diminuer leur volume horaire sans quoi c’était le licenciement économique, pour l’une c’était une baisse de pratiquement la moitié, avec moitié moins de rémunération donc. » Il appelle donc à manifester le 16 juin aux côtés des personnels de la santé « pour que ce monde d’après ne soit pas un retour au monde d’avant, mais au contraire un avenir social, environnement et démocratique ».

Annabel Walker

Dans un communiqué du 12 juin, la FSU43 apporte son soutien à cette mobilisation :
"En France, le service public hospitalier est exsangue, fatigué de politiques destructrices de missions. La crise sanitaire a montré la conscience professionnelle et le dévouement des personnels hospitaliers. Afin de rendre hommage au travail des personnels hospitalier.es durant la crise sanitaire, le gouvernement propose des primes, des médailles et un défilé le 14 juillet. On est dans l’indécence, le mépris et le rejet de toute autre politique. Le Ségur de la Santé semble par ailleurs bien mal engagé, en confortant les dérives néolibérales et managériales destructrices de la santé publique. Il est donc de notre responsabilité tant syndicale que citoyenne de participer massivement aux manifestations et rassemblements organisés le 16 juin à l’appel des syndicats et des collectifs hospitaliers. Ces derniers revendiquent avec les personnels des créations de postes et de lits, une politique qui ne soit pas celle du chiffre et de la rentabilité. Le service public hospitalier nécessite des moyens supplémentaires qui ne pourront être prélevés sur les autres services publics.
Plus généralement, la place des services publics doit être prépondérante dans le jour d’après. Il convient de réfléchir dès maintenant à des mobilisations les plus unitaires possibles de défense des services publics, des agent.es et des missions pour la rentrée prochaine.
La FSU 43 soutient les personnels soignants de Haute-Loire et appelle à se joindre en force à tous les rassemblements prévus le mardi 16 juin 2020 : Le Puy, Brioude, Aurec-sur-Loire, nous répondrons présents !
Nous les avons applaudis : il nous faut maintenant les soutenir !"