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Contes et légendes de Haute-Loire (1/4) : Le bouc du Monastier

Par . . , Mise à jour le 07/12/2022 à 17:00

Inédit ! Chaque semaine de ce mois de décembre, Zoomdici vous propose un article sur une croyance qui donne la chair (de poule) et fait le caractère des terres vellaves.
Et pour que les mots résonnent aux quatre coins de votre imaginaire, les récits sont écrits et surtout proposés sous la forme d'un podcast avec la voix feutrée du maître des histoires, le mystérieux Patrice Rey. 

Une des histoires que l'on racontait pendant la veillade, la veillée paysanne, dans les fermes autour du Mézenc l'hiver, était celle du bouc du Monastier. La légende retrace l'histoire d'un paysan qui avait fait un pacte avec le diable. À cette époque là, le diable était aussi appelé "banette".

En patois, les cornes sont aussi connues sous le nom de banes. Le diable avait donc permis à ce paysan de vivre un peu plus longtemps, d'être un peu plus riche à condition qu'il n'effectue aucune bonne action. Condition que l'agriculteur avait acceptée. 

Pour s'immerger les yeux fermés dans la sombre histoire du bouc du Monastier ▼

"Tu as fait une bonne action" 

Auparavant se trouvait un monastère dans la ville du Monastier-sur-Gazeille. Un lieu religieux plutôt riche et puissant dans lequel vivaient des moines bénédictins qui n'avaient pas fait vœu de pauvreté. Un jour, le bouc du monastère saute par dessus l'enceinte de l'édifice et s'enfuit en direction des bois. Les moines, bien portants, tentèrent de le rattraper. En vain.

Dans sa fuite, le bouc tombe nez à nez avec un paysan. Il s'agissait en fait de l'agriculteur ayant effectué le pacte avec le diable. Celui-ci voit surgir l'animal à toute allure. Il prend peur et tend ses mains pour attraper les cornes du bouc afin d'éviter l'accident. Les religieux arrivent peu de temps plus tard, essoufflés. Ils remercient l'homme et lui disent : "Tu as fait une bonne action".

"Cher cousin, aide moi à mener cet homme en enfer"

En entendant, ces paroles, le paysan devient livide. Aussitôt, le diable apparaît avec la volonté d'emporter l'homme en enfer. "Je n'ai pas voulu faire de bonnes actions. J'ai stoppé le bouc pour éviter qu'il ne me percute", se justifie-t-il. Le diable, impatient se tourne alors vers l'animal. "Cher cousin, aide moi à mener cet homme en enfer", lui demande-t-il.

Le bouc, vexé, ce dernier étant très catholique, prend son élan et fonce sur le diable. Il lui assène un coup de cornes en plein front. Le diable se met alors à saigner abondamment et éprouve une vive douleur. Malgré sa blessure, il prend ses jambes à son coup, toujours poursuivi par le bouc. 

"C'est depuis ce jour que l'on dit que les boucs sentent mauvais"

Le diable continue sa course. Pour pouvoir retourner en enfer, il doit prononcer une formule mais pour cela il a besoin de temps. Il tente tout d'abord de se cacher derrière un arbre mais il est immédiatement rattrapé par l'animal. Plus loin, il se camoufle derrière un rocher mais le bouc le retrouve.

Le diable court alors jusqu'à la ville de Mende. Arrivé dans la commune, il prend conscience de son avance. Il se cache alors dans une maison, parvient à prononcer la formule et se dissipe dans un énorme nuage de fumée à l'odeur nauséabonde. Le bouc arrive à ce moment là, il fonce sur le diable, traverse le nuage et est instantanément imprégné par la mauvaise odeur. Odeur qu'il transmet ensuite à tous ces descendants.
C'est depuis ce jour que l'on dit que les boucs sentent mauvais.

Propos de Patrice Rey