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Covid : quelle conséquences sur le marché immobilier de Haute-Loire ?

lun 25/05/2020 - 18:54 , Mise à jour le 27/11/2020 à 09:05

Alors que les deux mois de confinement ont mis le secteur quasiment à l'arrêt, l'activité redémarre fort depuis le 11 mai. "Après huit semaines d'arrêt, c'est normal de repartir fort", estime Patrice Belledent, dirigeant de l'agence Sankom immobilier, qui a déjà enregistré huit offres d'achat depuis deux semaines.
Même constat pour Sébastien Mazet, responsable de l'agence Stéphane Plaza Immobilier le Puy, qui recense déjà six signatures. "La reprise est dynamique", précise-t-il, car après deux mois de télétravail, "les gens ont besoin de voir les biens, et nous les montrer pour des estimations".
Quant à Thierry Redon, responsable de l'agence Le Tuc Immo, quatre appartements et une maison sont entrés en agence depuis la reprise et côté acheteurs, il a deux offres en attente et un prix ferme sur une maison et un appartement. Une reprise "très énergique", commente-t-il alors que Julie Saugues, directrice de l'agence immobilière 43, parle d'une "bonne reprise avec beaucoup d'acheteurs", alors qu'elle recense déjà deux offres d'achat depuis la reprise.

Des prix stables... pour l'instant
Si le moral repart à la hausse depuis le déconfinement, surtout que l'activité semble bien se porter, bien des cassandres annoncent déjà un écroulement du marché dans les mois à venir. "Le marché de l’immobilier se prépare à une crise majeure, tous les facteurs aggravants étant réunis : absence de réelles corrections sévères des prix depuis 30 ans, bulle immobilière alimentée par des conditions de crédits désormais révolues, crise économique majeure à venir, retour d’une inflation galopante lors de la reprise de l’activité après la crise sanitaire", peut-on lire par exemple sur Francetransactions.com, site éditorial thématique sur les finances personnelles.
Le tableau est bien moins noir chez les professionnels contactés. "Pour l'instant, les prix ne bougent pas", constate Julie Saugues, à l'instar de ses confrères même si Sébastien Mazet précise : "il y a une petite incertitude sur la fin de l'année, mais s'il y a une baisse, elle ne devrait pas excéder les 3-4 % surtout qu'on est toujours dans une crise de l'offre, avec davantage d'acquéreurs que de biens à vendre". Pour lui, s'il y a une baisse du marché, "on sera plus préservés en Haute-Loire qu'à Paris ou Lyon".

Les terrasses et jardins particulièrement prisés
C'est l'une des conséquences attendues du confinement : les personnes qui n'ont pas bénéficié d'un extérieur, qu'il soit un jardin, une térrasse, ou même un simple balcon, ont souffert de ce manque d'espace durant les derniers mois. Par conséquent, parmi les critères de recherche des acquéreurs potentiels, la question de l'extérieur est prégnante. "Parmi les quatre offres de vente qu'on a enregistrées ces deux dernières semaines, toutes ont soit un jardin, soit un balcon", observe Thierry Redon, "mais on ne peut pas encore dire que c'est une conséquence directe du confinement, surtout que la plupart des biens en ont en Haute-Loire, à part un peu en vieille ville du Puy".
Une chose est certaine : avoir un extérieur à proposer constitue une plus value. "C'est vraiment un plus", ajoute le responsable de l'agence Le Tuc Immo, "on voit même des annonces avec des prix qui ont augmenté ces derniers temps et qui mettent en avant les extérieurs", même s'il admet que "ça reste marginal".

Vers un exode urbain ?
Après la longue période d'exode rural (débuté dans la première moitié du XIXème siècle), va-t-on assister à un effet contraire avec un exode urbain ? Il est bien sûr beaucoup trop tôt pour le dire et beaucoup de projections appartiennent sans doute au fantasme. Mais cette crise sanitaire, liée au confinement et à l'essor du télétravail, a ouvert une brèche.
"On le constatait déjà un peu avant le confinement", témoigne Patrice Belledent, "il y a des gens qui viennent des grands centres urbains et qui cherchent une résidence ici". Mais il tempère l'enthousiasme pour le monde rural : "pas sûr non plus que le télétravail favorise un département comme le notre". L'attractivité d'un territoire se détermine également par ses infrastructures routières, son offre culturelle, sa couverture mobile et internet, etc.

Des acheteurs du midi et de la région lyonnaise
S'il ne faut pas tirer de conclusion trop hâtive, force est de constater que la Haute-Loire attire des publics urbains. "Dans notre agence du Monastier, on a eu plusieurs demandes de visites sur les secteurs d'Alleyrac ou des Estables", cite en exemple Thierry Redon. Des acheteurs du midi, de Toulon ou de Sète, qui sont encore des actifs et qui veulent se mettre au vert. "Souvent, c'est pour une résidence secondaire dans un premier temps, avec la perspective de s'installer ici à terme", précise-t-il.
Le responsable de l'agence Stéphane Plaza Immobilier le Puy, fait le même constat : "on a eu des demandes, qui ont commencé pendant le confinement, d'acheteurs de la région lyonnaise pour s'informer sur des maisons en Haute-Loire. On a eu pas mal de demandes et quelques visites mais on ne sait pas encore si ça va aboutir", rapporte-t-il avant de nuancer : "je pense que seul un faible pourcentage de la population franchira le cap, ce n'est pas évident non plus de quitter une vie citadine".

Maxime Pitavy