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Le renoncement aux soins pourrait s'avérer aussi dangereux que le Coronavirus

mer 22/04/2020 - 12:34 , Mise à jour le 27/11/2020 à 09:04

La chute est vertigineuse : depuis le début de la crise sanitaire, environ 50 % de baisse d'activité dans les cabinets de médecine générale et à l'hôpital Elile Roux du Puy-en-Velay, on note un recul de 80 % de l'activité chirurgicale. Pour les spécialistes, la baisse se situe autour de 60 à 70 %.
Le risque, c'est de voir un certain nombre de pathologies empirer avec le temps. "Par exemple, on a vu un patient arriver avec une phlébite, mais manifestement ça faisait cinq ou six jours qu'elle évoluait", rapporte en guise d'anecdote le docteur Roland Rabeyrin, Président du syndicat Médecine Génarale 43 et coordinateur du centre de consultation Covid au stade Massot, "il y avait un risque de complication avec embolie pulmonaire notamment".

"Le renoncement aux soins pourrait engendrer une vague tout aussi dangereuse que celle du Coronavirus"
"Les autres pathologies que le Coronavirus ne doivent pas être négligées", met en garde le chef de pôle de chirurgie le Docteur Dielman, "surtout qu'en Haute-Loire, on a la chance de ne pas être surchargés en Covid. Le renoncement aux soins pourrait engendrer une vague tout aussi dangereuse que celle du Coronavirus", ajoute-t-il.
Alors quelles sont les pathologies concernées ? "Surtout les pathologies chroniques", répond le Docteur Rabeyrin, "comme pour ceux qui ont des traitements anticoagulants et pour une partie, il y a des contrôles de prises de sang à effectuer régulièrement pour évaluer l'efficacité du traitement et réadapter la posologie si nécessaire. Les diabètes, insuffisances cardiaques, etc. qui nécessitent un suivi. Sans suivi ou avec du retard, elles peuvent se mettre en difficulté et se retrouver hospitalisés alors que ce n'était pas nécessaire normalement. Il y a après des risques de séquelles sur lesquelles on ne peut rien faire ensuite".

----Un risque de surcharge ?
"Il y aura une reprise d'activités organisée et étalée dans le temps", répond le Docteur Rabeyrin, "on espère qu'avec les dispositifs mis en place, il n'y ait pas de retard de soins, surtout si les gens commencent à revenir pousser la porte des cabinets médicaux comme c'est le cas depuis quelques jours".-----La chirurgie presque à l'arrêt pour ne pas occuper les lits de réanimation et atténuer la tension qu'il peut y avoir sur certains médicaments
Sous l'égide du chef de pôle de chirurgie le Docteur Dielman, l'hôpital réfléchit à la reprise progressive des activités chirurgicales pour les patients du territoire. Si ces activités n'ont jamais cessé pour les interventions urgentes, l'activité programmée a été entièrement reportée. Lors de la conférence de presse donnée lundi matin à l'hôpital du Puy, le directeur Jean-Marie Bolliet a évoqué une chute de 80 % de l'activité chirurgicale depuis le début de l'épidémie.
Une donnée à relativiser car cette baisse était justement programmée. "Tout ce qui n'est pas urgent, comme par exemple un patient qui doit se faire poser une prothèse de la hanche pour un problème d'arthrose, on va l'inviter à patienter puisqu'il n'y a pas d'enjeu vital", détaille le Docteur Rabeyrin. L'objectif ? Ne pas occuper les lits de réanimation en post-opératoire et éviter les problèmes de tension pour les médicaments utilisés en anesthésie et en réanimation et toute activité qui consommerait ces médicaments est à éviter pour le moment puisqu'ils sont priorisés pour les patients atteints du Covid-19.

Le risque d'infection nosocomiale est infime
"Rapidement, les patients devront retrouver le chemin de l'hôpital afin de ne pas retarder leur prise en charge", explique le Docteur Dielman et le directeur de l'établissement hospitalier du Puy de compléter : "de nombreux patients craignent leur retour à l'hôpital du fait de l'épidémie de Coronavirus. Nous les rassurons sur les dispositifs mis en place permettant le maintien de deux flux distincts entre les patients atteints du virus, et ceux qui ne le sont pas".
Surtout que le risque d'infection nosocomiale est infime selon Jean-Marie Bolliet : "sur l'ensemble des hospitalisés (ndlr : près de 600), il y a eu un seul cas d'infection nosocomiale et encore le test sérologique est négatif, tout comme le scanner et le test PCR. On a eu des doutes sur ce cas là mais il faut rassurer la population, si on vient à l'hôpital Emile Roux, on ne sera pas infecté par le Coronavirus".

Maxime Pitavy