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Hôpital Ste-Marie : '''Nous ressentons un véritable sentiment d'abandon'''

jeu 26/03/2020 - 14:48 , Mise à jour le 27/11/2020 à 09:04

"Nous nous sentons totalement délaissés. Le sentiment que la psychiatrie est la cinquième roue du carrosse est encore une fois démontrée par le manque de moyens que nous demandons depuis le début de la crise. Pourtant, nous ne sollicitons simplement que des masques pour protéger le personnel et les patients. C'est-à-dire le minimum pour éviter une propagation à grande échelle dans un établissement qui accueille des centaines de personnes." Par la voix de Bernard Carlier de la CGT43 à l'hôpital Sainte-Marie du Puy-en-Velay, c'est un appel de détresse qu'envoie tout le personnel de la structure psychiatrique. "Nous tous, patients comme soignants, évoluons déjà dans un milieu sous tension en temps normal. Avec le contexte extrêmement anxiogène du coronavirus et du confinement, le manque de protection ne fait qu'empirer les choses, en plus de laisser entrer l'épidémie".

----Le SOS du psychiatre Philippe Ramona
Le chef de service de psychiatrie adulte à Sainte-Marie a partagé ce message sur Facebook en date du 23 mars : "Je voudrais lancer un appel à vous tous. Si vous avez à disposition des masques chirurgicaux ou FFP2 en quantité supérieure à vos besoins, s'il vous plait, déposez les à l'accueil de l'hôpital. Nous sommes dans une situation critique. Nos personnels sont confrontés à un grand nombre de patients âgés ou fragiles qui n'ont pas souvent le discernement nécessaire pour respecter les mesures de confinement. Nous craignons une très grave catastrophe sanitaire auprès de cette population, totalement négligée par le Gouvernement et l'ARS".-----De maigres stocks de FFP2… périmés
Bernard Carlier admet que les hôpitaux en contact direct de malades infectés et en danger de mort sont prioritaires pour les masques. Mais à force d'attendre en vain les protections promises par le Gouvernement, le personnel de Sainte-Marie commence à baisser les bras. "Nous ressentons un véritable sentiment d'abandon, confie Bernard Carlier. Même l'ARS (Agence Régionale de Santé, NDLR) ne nous soutient pas. Les agents doivent utiliser le même masque pour toute une journée. Et ils doivent en plus emprunter seulement les modèles chirurgicaux, qui ne protègent qu'en partie, et laisser notre stock de FFP2 en cas de véritable crise. 500 masques partent ainsi tous les deux ou trois jours." À noter que, selon Bernard Carlier, l'hôpital Sainte-Marie possède un stock de 2 000 masques FFP2 périmés.

Crainte d'une surpopulation des patients et d'une défection du personnel
Cette pénurie provoque ainsi un sentiment d'insécurité pour le personnel. "Les collègues font comme ils peuvent pour se protéger, déplore Bernard Carlier. Il y a beaucoup d'arrêts de travail à cause de ça. La direction a mis en place une garderie destinée aux enfants du personnel âgés de 3 à 16 ans. C'est inédit, ici. L'initiative est louable mais beaucoup ne sont pas d'accord pour mettre leurs enfants dans un tel lieu confiné." Bernard Carlier pointe du doigt les craintes futures d'une surpopulation dans l'hôpital. "Les patients présents sont déjà très angoissés ! Mais nous avons surtout peur que tous ceux en soin chez eux aient besoin d'une hospitalisation, fragilisés par cette ambiance stressante quotidienne. Cette situation de confinement et de crise sanitaire génère peurs, angoisses, dépressions, violences conjugales ou autres... avec d'inévitables hospitalisations psy. Mais avec quelles équipes ? Epuisées mentalement et physiquement, à qui on promet plutôt de supprimer des jours de congés, RTT... comme dans certaines entreprises ? Actuellement, nous sommes pleins. Nous n'avons pas de lits supplémentaires. Toute cette activité avec un personnel équipé de protections dérisoires".

"Notre colère sera aussi grande qu'est notre sentiment d'abandon aujourd'hui"
D'après Bernard Carlier, le nombre total de masques que l'hôpital Sainte-Marie possède actuellement est de 1 500 chirurgicaux et 1 000 FFP2 d'un ancien stock. Il y a quelques jours, la préfecture les a équipés de 1 000 autres masques FFP2 tout autant périmés. "On ne croit plus aux annonces du Gouvernement, certifie-t-il. On a bien compris que nous étions au fond de la chaîne. Mais une fois que ce confinement sera terminé et que toute cette crise sera passée, alors viendra l'heure des comptes. Et il est bien évident que notre colère sera aussi grande qu'est notre sentiment d'abandon aujourd'hui".

Ce jeudi 26 mars au soir, il n'y a pas de cas avérés à l'hôpital Sainte-Marie du Puy "mais les cas montent en flèche sur le département et quid des tests ? Aucun dépistage possible, pas de tests chez nous... On envoie les soldats à la guerre sans armes", déplore Bernard Carlier.