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Pédophilie dans l’Église : '''Plus jamais ça ! On n’oublie pas !'''

jeu 23/01/2020 - 17:41 , Mise à jour le 27/11/2020 à 09:01

C’est devant un parterre de journalistes que Monseigneur Luc Crépy a partagé le bilan de ses cinq années au sein du diocèse du Puy-en-Velay et les perspectives pour l’année 2020. Après son prédécesseur, Mgr Henri Brincard, resté 26 ans au poste d’évêque de la Haute-Loire, Mgr Luc Crépy a repris le flambeau dans un contexte d’une crise de confiance entre la société et l’Église au sens large. « Déjà, il faut admettre que nous avons une désaffection pour la profession des prêtres, confie-t-il. Au temps de Monseigneur Brincard, le problème n’était pas aussi important. Il n’y a pas un facteur qui explique cela mais plusieurs. La place de la religion dans la société actuelle n’est plus la même qu’hier. Un prêtre aujourd’hui n’est plus perçu de la même façon qu’avant. D’autre part, les coups de projecteurs sur les abus sexuels perpétrés au sein de l’Église ont terni énormément son image. Être prêtre en 2020, ça peut pourtant donner un sens à une vie ».

Le célibat des prêtres doit-il toujours être une condition sine qua non ?
Sur la question du célibat, l’évêque de la Haute-Loire ne ferme pas la porte sur le sujet. « Il faut avant tout que le célibat ne soit pas traîné comme un boulet. Vouloir être prêtre mais avoir également une vie de couple normale est, pour l’instant, incompatible. Mais l’Église est ouverte au débat. Pour moi, le célibat présente des côtés positifs dans le sens où il permet une totale liberté affective. Ceci étant dit, ne faisons pas un absolu du célibat et voyons comment l’intégrer de façon saine dans la vie du prêtre".

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Les femmes loin d’être prêtres
Par contre, l’ordination des femmes pour devenir prêtre semble beaucoup plus fermée. « C’est vrai que c’est une question qui n’est pas encore à l’ordre du jour, souligne-t-il. Mais je pense qu’il ne faut pas avoir un discours exclusivement clérical et ne pas penser l’Église qu’à partir des prêtres. Aujourd’hui, les femmes ont des places importantes. C’est une femme qui fait la formation des laïcs dans le diocèse du Puy-en-Velay. C’est une femme qui s’occupe de la catéchèse. C’est également une femme qui a la charge des aspects relations humaines et juridiques. Alors, est-ce que les femmes doivent forcément devenir prêtres, je ne sais pas ».


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Reconnaissance de la pédophilie
L’un des sujets phares de cette rencontre avec Luc Crépy a tourné autour de la pédophilie dans l’Église. Faisant partie des 118 évêques participants aux groupes de travail de la lutte contre la pédophilie, il a confié les pistes de réflexions envisagées. « Il y a eu quatre grands chapitres abordés. Le premier porte sur la dimension prévention-protection. Autrement dit, il faut à présent que l’Église dénonce sans hésitation les abus sexuels. Deuxièmement, un travail a été fait sur les gestes de reconnaissance des victimes. Et ils se traduisent par un dédommagement financier. Bien sûr que cela ne résout pas le traumatisme subi, mais cette compensation permet de matérialiser l’abus, la victime et l’auteur du préjudice. Troisièmement et c’est très important, on cherche quelque chose de mémoriel. Un lieu, des écrits, des récits. Quelque chose qui rappelle aux générations actuelles et futures cette hécatombe. Plus jamais ça ! On n’oublie pas ! L’Eglise doit montrer qu’elle a reconnu qu’un certain nombre de ses membres ont été coupables de ces choses très graves. Enfin, que faire des auteurs ? Une question pas encore solutionnée précisément ».


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« Je pense qu’un évêque est un homme de tout, pour tout et pour tous »
Quant au bilan de ses cinq premières années en Haute-Loire, il porte notamment sur le temps passé à connaître et apprivoiser le département. « La première fois que je suis venu ici, ma visite a duré quatre heures. C’était durant un mois de février. Il faisait beau à Brioude, puis j’ai enfilé trois chandailles à la Chaise-Dieu et il pleuvait des cordes au Puy-en-Velay. Autant dire que j’ai eu, d’entrée, un sentiment mitigé du territoire. Et puis j’ai visité les paroisses, j’ai rencontré les gens, les associations, les entreprises, les syndicats et les différentes communautés religieuses. Il était important pour moi de connaître les réalités économiques et sociales du terrain. Ainsi, ces cinq premières années ont été mes années d’intégration où j’ai peu à peu découvert ma maison en quelque sorte. Je pense qu’un évêque est un homme de tout, pour tout et pour tous. Il doit non seulement s’intéresser aux gens intégrés dans l’Église mais aussi les autres, les athées et ceux d’autres confessions. La religion doit être un bâtisseur de pont entre les religions, les lieux et les gens. Et il est important que l’évêque le manifeste, ce que je m’efforce de faire tous les jours. L’évêque doit expliquer comment et pourquoi la vie de l’Eglise est l’affaire de tous ».

Un musée diocésain dont la Bible sera le centre
Pour les perspectives importantes de l’année 2020, l’une concerne le projet de création d’un musée diocésain à proximité de la cathédrale. « Nous avons déjà accumulé 1,5 million d’euros sur les 2,5 millions nécessaires pour qu’il voit le jour
, précise Luc Crépy. Le cœur du musée portera sur la Bible. Un focus sera fait sur le fait que les deux tiers de la Bible sont communs avec l’histoire du peuple juif. Une Thora sera d’ailleurs exposée. Si l’on parle de la Bible, autant qu’on commence par ses racines. Jésus étant juif, il est normal de développer le sujet. L’exposition hébraïque sera dans la salle la plus ancienne du musée pour renforcer le côté symbolique de l’histoire de la Bible. » Toujours pour l’année 2020, le diocèse reste tout autant ouvert à international que l’année dernière quant à l’accueil de prêtres étrangers et de communautés de religieuses. « En 2019, ce sont des sœurs togolaises qui sont venues à Yssingeaux, indique-t-il. Cette année, la commune de Saint-Paulien recevra des sœurs du Bénin ».

Nicolas Defay