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Le Puy : prison ferme pour des menaces au couteau

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:59

Difficile de démêler le vrai du faux dans cette affaire où cinq personnes, issues de deux groupes différents, mettent en cause le quadragénaire au lourd casier judiciaire.
Sauf qu'en y regardant de plus près, les témoignages ne sont pas vraiment concordants, aucun n'a accepté de se porter partie civile et même sur le coeur du sujet, à savoir une dette qui aurait été en partie remboursée par certains des protagonistes, le flou reste le plus total, tant sur la somme que sur les témoins qui auraient accepté de rembourser le prévenu. Voilà pour le décor.
Le ton monte, l'un aurait brandi une barre de fer, l'autre un couteau
Les faits qui sont reprochés au Ponot remontent à vendredi dernier, le 11 octobre 2019. C'est donc dans le cadre d'une comparution immédiate qu'il a été jugé ce lundi 14 octobre 2019. Après un an de cure de désintoxication à la cocaïne, le quadragénaire est remis en liberté le 29 août dernier. Il en a profité pour se constituer un petit pécule et entend bien le faire fructifier. C'est en tout cas ce qu'il affirme à la barre mais très vite, un de ses "amis" se sert de son argent pour acheter de la cocaïne.
"Je lui ai fait confiance mais il a refusé de me rendre mes 120 €, alors que je le voyais régulièrement en train de fumer de la cocaïne", explique-t-il à la barre. Au bout d'un moment, le ton monte, l'un aurait brandi une barre de fer, l'autre un couteau. Accusé d'avoir porté des coups au visage de son "ami", qu'il aurait également menacé de mort, le prévenu assure avoir seulement "pousser sa tête". Face aux magistrats, il reconnait en partie les faits, mais ni le couteau, ni la violence.
Des accusations graves mais des témoignages guère concordants
C'est ce qui sera un des points clefs des débats de ce lundi au tribunal correctionnel du Puy-en-Velay : a-t-il utilisé un couteau pour menacer ses "amis" ? Car dans le cours de ce même vendredi 11 octobre 2019, une autre situation va dégénérer, là encore dans un squat où plusieurs personnes se réunissent pour prendre diverses substances. "Devant tout le monde, il a menacé de l'égorger, pour 10 €", rapporte un témoignage, difficile à confirmer tout de même.
"Je n'ai pas de famille ici et depuis que j'ai été agressé, j'ai toujours un couteau sur moi, tout le monde le sait ici, même la police", assure le prévenu à la barre. "On a donc cinq menteurs et vous qui dîtes la vérité ?", ironise le Président du tribunal. Mais les témoignages ne sont guère concordants : le prévenu aurait extorqué 80 €. Lorsqu'il est interpellé par la police, il n'a que 40 € sur lui. Il affirme qu'il n'a récupéré que 20 € dans le deuxième appartement, le reste, il l'avait déjà sur lui.
"Son casier judiciaire parle de lui-même"
Ce qui va certainement peser dans la balance du tribunal au moment de rendre son jugement, c'est le casier judiciaire de l'individu : 18 mentions, dont une peine de douze ans de réclusion criminelle pour un braquage et une demi-douzaine pour des faits similaires à ceux reprochés aujourd'hui. "Vous prétendez ne pas être violent mais ce n'est pas ce que dit votre casier judiciaire", s'étonne le Président, quand la représentante du Ministère Public insiste : "son casier judiciaire parle de lui-même", avant de reprendre la litanie des condamnations et d'insister sur le fait que ce n'est pas un acharnement car des faits n'ont pas été retenus : l'extorsion est retenue sans arme, aucune mention de violences contre la femme présente dans la première scène...
"Il manque de nombreux éléments dans la procédure"
Des "menaces en l'air" pour l'avocat de la défense (la femme semble le connaître et on l'aperçoit en vidéo dans la rue avec lui, en train de rire), qui met en exergue d'abord la maladresse de son client, puis celle des policiers.
"Il manque de nombreux éléments dans la procédure : si la victime a reçu des coups au visage, il faudrait un certificat. Nous sommes dans un milieu très douteux, pas du tout fiable, avec de nombreuses incohérences dans les faits évoqués, aucune partie civile... et la remise des fonds, le coeur de l'affaire, on n'en sait pas grand-chose : qui ? combien ?... On ne va pas non plus le condamner pour son seul casier judiciaire", a-t-il argumenté.
18 mois ferme
Après en avoir délibéré, le tribunal correctionnel du Puy a reconnu le quadragénaire coupable et l'a condamné à une peine de 18 mois de prison ferme, jugeant que tous les sursis avec mise à l'épreuve dont il avait pu bénéficier, avaient toujours été révoqués.
Il aura également l'obligation de se soigner. Placé en détention provisoire depuis les faits de vendredi, il a immédiatement rejoint la maison d'arrêt du Puy.
Maxime Pitavy