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Haute-Loire : la fin des 80 km/h

ven 17/05/2019 - 16:12 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:57

Ce mercredi 15 mai 2019, les députés de la République en Marche ont déposé un amendement au projet de loi d’orientation des mobilités. Ils vont encore plus loin dans décentralisation que le Sénat. La chambre haute avait proposé de laisser aux préfets et aux présidents de Départements le soin de remonter la limite de vitesse à 90km/h sur les tronçons les moins accidentogènes.

"Si l'État ne veut pas s'en occuper, ça m'ennuie un peu et ça ne me paraît pas être très responsable"
Les députés LREM veulent maintenant retirer cette compétence aux préfets. Une façon de se dédouaner et de rejeter toute la responsabilité sur les Départements. "C'est pas bien joli, c'est un peu trop facile, entre grands garçons, on devrait se comporter différement", juge avec un brin d'ironie Jean-Pierre Marcon qui, pour flécher les endroits susceptibles d'être limités à 70 km/h, souhaitait partager son analyse avec le préfet, et bien évidemment, la gendarmerie, les sapeurs-pompiers et tous ceux qui oeuvrent de près ou de loin pour la sécurité routière, pour délimiter en concertation les endroits où réduire la vitesse. "Si l'État ne veut pas s'en occuper, ça m'ennuie un peu et ça ne me paraît pas être très responsable", ajoute-il.

Que répondre en cas d'accident sur une portion dont la vitesse a été réhaussée ?
Si un accident se produit, dans un an, sur une portion dont la limitation de vitesse a été remontée à 90 km/h, que répondrez-vous à ceux qui vont vous pointer du doigt ?


----Le retour des paliers de 20 km/h
"90 km/h, ou 70 km/h : pour les automobilistes, ce sera plus logique, plus compréhensible et plus efficace", selon Jean-Pierre Marcon. Rappelons que jusqu'à cette décision d'inclure une limitation à 80 km/h, les limites de vitesse avaient toujours fonctionné par palier de 20 km/h : 30, 50, 70, 90, 110, 130.-----L'appui de l'État aurait permis "un plan d'investissement lourd" sur les infrastructures routières
"Si le préfet partageait la responsabilité, je pouvais m'engager à mettre en place un plan d'investissement lourd, sur plusieurs années, visant à réduire les points noirs qui subsistent dans le département", détaille le Président du Conseil Départemental. Rappelons que le Département met déjà le paquet sur les routes cette année, car le Président de l'exécutif le concède : "parfois , l'état de la route peut aussi être facteur d'accident". 
En effet, "il y a des endroits dangereux, qui méritent d'être régulés, avec des déclivités qui ne sont pas excellentes, surtout en zone de montagne". Si la décision avait été collégiale, "ça officialisait le rapport que l'on entretient avec l'État, comme un contrat. On y mettait de l'argent supplémentaire et l'État parrainait l'opération".

Qu'en est-il des Routes Nationales ?
"Ce n'est pas exprimé clairement dans la proposition du Premier Ministre", répond le chef de file de l'exécutif départemental, "jusqu'à présent  je ne répondais que sur le réseau départemental mais ce qu'il a dit dans sa récente intervention ne précise pas s'il est aussi de la responsabilité des Départements de demander de réguler les routes nationales".

"Il n'y a pas besoin de mettre des radars"
Pour Jean-Pierre Marcon, le plus important, c'est qu'avec sa mesure, la limitation sera enfin compréhensible pour les automobilistes. "Quand on dit que l'on va baisser la vitesse sur les endroits difficiles, tout le monde est capable de comprendre ça, c'est du bon sens et si c'est bien accepté par les automobilistes, on peut penser que ce sera beaucoup mieux observé, et là, il n'y a pas besoin de mettre des radars", estime-t-il.

----Une cinquantaine de nouvelles portions à 70 km/h
Actuellement, 175 arrêtés permettent de limiter la vitesse à 70 km/h sur le réseau départemental. S'il n'y a pas de nouveaux arrêtés prévus aussitôt, au terme du diagnostic, une cinquantaine pourrait être rajoutée.
-----1757,57 € HT pour changer les panneaux de 90 km/h à 80 km/h
Quant à la question du calendrier, "ce sera long à mettre en oeuvre quand même", nous répond-il, "il faut d'abord une concertation, que je vais organiser et tant pis si le préfet ne souhaite pas venir, et ensuite, en un semestre, on peut réaliser le remplacement des panneaux".
Une opération à la charge du conseil départemental, même si elle représente "une part extrêmement marginale dans le budget de la collectivité", surtout que les anciens panneaux de 90 km/h n'auraient pas été détruits. 
L'opération pour passer de 90 km/h à 80 km/h avait coûtait 1757,57 € HT à la collectivité, un prix qui ne prend pas en compte la pose des panneaux puisque le service avait été internalisé.

Reste à savoir comment harmoniser la vitesse entre les départements car tous n'ont pas la même position. Il y aura donc des règlementations différentes et comment l'automobiliste pourra-t-il s'y retrouver ?
À cet effet, à partir du début du mois de juin, des discussions vont s'engager entre le Premier Ministre et l'ADF (Association des Départements de France).

Maxime Pitavy