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Haute-Loire : quatre familles (dont neuf enfants) menacées d'expulsion

ven 12/04/2019 - 14:02 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:57

"Qu'il y ait une loi, on l'admet, elle doit s'appliquer, mais il faut le faire de manière humaine". Laurette Pays, membre du RESF (Réseau Education Sans Frontière), s'indigne de la politique menée depuis plusieurs mois maintenant. "Le Préfet, juste avant son départ, manque d'élégance", ajoute-t-elle.

Environ 0,02 % de la population altiligérienne
Si certaines familles sont ici depuis une décennie, d'autres sont arrivées récemment mais également menacées de renvoi dans leur pays. On retrouve essentiellement des familles tchétchènes, arméniennes, kosovardes, géorgiennes, albanaises ou encore de la RDC (République Démocratique du Congo).
En tout, on dénombre 25 familles déboutées du droit d'asile en Haute-Loire, soit 130 personnes, dont 76 enfants, tous scolarisés dans le département. "Sur les 240 000 habitants du département, ça représente environ 0,02 % donc on est loin de l'invasion dont certains parlent", ajoute-t-elle.

Assignés à résidence... "pour pouvoir plus facilement les cueillir à domicile"
Déjà fin janvier, un rassemblement avait eu lieu devant les grilles de la préfecture et ce jeudi soir, c'est devant le commissariat du Puy qu'une centaine de manifestants s'est réunie. Neuf enfants doivent y pointer tous les jours ; ils ont des horaires où ils sont tenus de rester chez eux, une nouveauté qui selon RESF vise à "permettre aux services concernés de pouvoir plus facilement les cueillir à domicile pour ensuite les expulser".
Des expériences jugées "traumatisantes" pour les enfants, "qui ne dorment plus, qui ne veulent plus rester chez eux de peur d'être arrêtés". Scolarisés, ils bénéficient du soutien de leurs enseignants et eux, comme leurs familles ne posent aucun problème à l'ordre public.

----Pourquoi ne travaillent-ils pas ?
Ils n'ont pas le droit de travailler puisqu'ils n'ont pas de papier. Les services préfectoraux refusent régulièrement de leur délivrer des autorisations de travail, alors qu'ils en trouvent dans des secteurs en tension, notamment le BTP. Sans papier, pas de travail et sans promesse d'embauche, pas de régularisation... Une impasse pour ces demandeurs d'asile.
-----"Ils ne sont pas venus faire du tourisme"
Avec un brin d'ironie dans le propos, Laurette Pays rappelle que ces 25 familles ont à chaque fois fui des situatiuons dramatiques, dans des pays souvent en guerre. Et pour ne pas alimenter les fantasmes agités par certaines factions très conservatrices, voire réactionnaires de la société, elle martèle : "ils ne profitent pas des minimas sociaux puisqu'ils ne sont pas français".
En effet, "ils n'ont rien, on leur donne juste un toit, ce qui est très bien puisque tous les départements ne le font pas", reconnait-elle. Et encore, bien souvent dans des conditions jugées "déplorables" par RESF, qui a poursuivi le mouvement devant l'un des hébergements (photo 3).
Et pour l'aide alimentaire, ce sont les associations caritatives qui prennent le relais (secours populaire, restaurants du coeur, croix rouge). Idem pour les aides vestimentaires, avec le Secours Catholique et Emmaüs. RESF leur apporte également une aide juridique puisqu'ils ont été déboutés du droit d'asile. "On les aide à se battre pour les aider à trouver un titre", conclut-elle.

Maxime Pitavy