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Vers des dimanches sans chasse ?

sam 02/03/2019 - 19:14 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:56

Sur le square de l’Europe, en centre ville du Puy-en-Velay, la discussion est animée en ce samedi après-midi. D’un côté, un agriculteur et chasseur de la commune de Saint-Haon. Et face à lui, trois jeunes femmes : Azelma Sigaux et Valérie du collectif Animalistes 43 ainsi qu’Adeline, « fille d’agricultrice d’une commune rurale », qui toutes militent pour interdire la chasse le dimanche en Haute-Loire. Les arguments fusent d’un côté comme de l’autre, mais la communication semble difficile entre les deux parties.

« Si on ne peut plus chasser, comment fera-t-on pour éviter les dégâts sur nos parcelles ? », avance le chasseur. « On partage la nature, on vit ensemble sur le même territoire, quand on se promène en forêt on prend un risque, c’est donc normal qu’on aborde cette question », lui rétorquent les anti-chasse. L’agriculteur conclura la discussion par une habile pirouette : « Mes collègues eux ne chassent que le week-end donc ça ne leur ira pas, mais moi, ça m’est égal car je ne chasse qu’en semaine… »

La crainte des accidents de chasse
Né en 2017 sur les réseaux sociaux, le collectif Animalistes 43 centre son combat autour de la cause animale. Après une action contre la captivité des animaux dans les cirques, puis une autre contre le foie gras, celle d’aujourd’hui est la première à être axée sur la chasse. Et l’enjeu est de taille. « Les chasseurs ne représentent que 1,5 % de la population, mais les lobbys sont très puissants et ils ont obtenu beaucoup de choses ces derniers temps, soutient Azelma Sigaux, mais la haute-Loire est un département où il y a beaucoup de forêt et donc beaucoup de promeneurs. C’est là où intervient la question du dimanche et du partage des lieux publics. » Et d’assurer : « On ne veut pas se mettre à dos les chasseurs, on veut juste trouver un compromis avec eux. » Le Réseau écologie nature 43 (REN 43) ainsi que le Rassemblement pour une France sans chasse (RAC) étaient présents pour apporter leur soutien au collectif.


(Dépliants et flyers pour sensibiliser les passants aux revendications anti-chasse. Crédit : Julia Beurq.)

Au cœur des préoccupations de la militante : les récents - et récurrents - accidents de chasse dans le département, mais aussi au niveau national où entre 150 à 180 cas sont recensés par an. Une crainte largement partagée par les signataires de la pétition, comme ce jeune couple de trentenaires du Puy-en-Velay. « On a toujours peur quand on va se balader en forêt, racontent Mona et Max. On doit mettre des gilets oranges, et faire du bruit, c’est impossible d’être tranquilles. Dans tous les cas, ça fait du bien de voir une telle initiative, il est grand temps que ça change ! »

> Lire aussi : Chasse : la fédération de Haute-Loire en proie à de vives inquiétudes (30/08/2018)

Végans et carnivores, même combat
Si ce couple est végétalien depuis dix ans, c’est-à-dire qu’ils ne consomment aucun produit d’origine animale, ce n’est pas le cas de tous les membres du collectif. « Certains sont végétariens, d’autres omnivores, assure Azelma Sigaux, en fait on a pas voulu insister sur le véganisme car c’est un mouvement qui est perçu comme extrémiste, ce que nous ne sommes pas. La chasse ça touche beaucoup plus de monde que cela, car on a tous eu déjà affaire à des chasseurs. » Ce que confirme Adeline, qui elle ne mange pas de viande : « On a pas besoin d’être végétarien pour adhérer à cette proposition, autour de moi, je connais beaucoup de gens qui la soutiennent sans avoir adopté de régime alimentaire particulier. » 


(Azelma Sigaux fait signer une pétition qui sera remise au préfet afin d'interdire la chasse le dimanche. Crédit : Julia Beurq.)

Ramasseurs de champignons, citadins, ruraux, écologistes, retraités, anciens chasseurs, promeneurs… Des personnes très différentes qui ont signé la pétition pour des raisons également diverses : pêle-mêle sont invoqués la pollution provoquée par les douilles de plomb laissées dans la nature, mais aussi « le massacre de la faune sauvage », le fait que ce soit un « loisir mortel », etc. Des arguments qui vont plus loin que la seule sécurité des promeneurs.

Reste à savoir si le préfet de la Haute-Loire entendra les signataires de la pétition (pas encore en-ligne) qui lui est destinée et lui sera remise sous peu par le collectif. Marc, enseignant dans le privé, se dit réaliste : « Le lobby de la chasse est trop puissant, mais parfois, on aimerait bien que la voix des citoyens se fasse entendre et surtout soit écoutée. »

Julia Beurq


(La pétition sera remise au préfet afin d'interdire la chasse le dimanche. Crédit : Julia Beurq.)