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Gilets jaunes et syndicats main dans la main le 5 février

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:55

"Il nous a peut-être fallu du temps pour s'organiser mais on a beaucoup de points de convergence", assurent en choeur représentants syndicaux et Gilets jaunes lors d'une opération de tractage ce vendredi 1er février 2019 à la mi-journée à Brives-Charensac, "que ce soit la justice sociale, la défense du pouvoir d'achat ou encore la fin des privilèges pour une minorité avec le CICE ou l'ISF ou encore stopper la hausse de la CSG".
Un tractage pour annoncer le mouvement de grève de ce mardi 5 février, avec une manifestation à 10h30 au départ de la place Cadelade au Puy-en-Velay. "Face au rouleau compresseur Macron, il faut se mobiliser et conjuguer nos forces", ajoutent-ils.

"Ce n'est pas de la récupération"
Et pour aboutir à l'élaboration de ces tracts justement, il a quand même fallu la bagatelle de quatre heures de concertation entre Gilets jaunes et l'intersyndicale (CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, FSU et Solidaires). Seuls deux syndicats de Haute-Loire ne se joignent pas au mouvement : l'UNSA et la CFDT.
Pour arriver à un mouvement commun, il a fallu "apprendre à se connaître, à se respecter et même s'apprivoiser", poursuivent-ils quand Pascal Samouth, secrétaire départemental Force Ouvrière et Pierre Marsein, son homologue à la CGT, reconnaissent que "beaucoup de nos militants sont déjà des Gilets jaunes" avant d'assurer fermement : "ce n'est pas de la récupération".

----Les étudiants dans la danse ?
Un appel va aussi être lancé "à nos amis les étudiants", explique Thomas, "pour essayer de les aider et les encadrer car ils n'ont pas pu s'exprimer, et nous en tant qu'adultes, on se doit de les protéger et on les mettra au coeur du cortège, en sécurité". Dans cette perspective, un rapprochement avec les organisations syndicales étudiantes est en train de s'opérer.-----Un vote à main levée sur douze ronds-points car "on avait besoin d'un nouveau souffle"
Même son de cloche chez les voisins Gilets jaunes et Thomas, représentant et porte-parole pour la Haute-Loire Sud, défend le principe de démocratie participative : "il faut que chacun puisse donner son opinion sur tous les sujets".
C'est pourquoi sur 12 points de Haute-Loire, c'est lui qui est allé recueillir les votes, effectués à main levée, "et il en est ressorti que la majorité l'emportait en faveur de la convergence avec les syndicats. On va maintenant essayer de se voir une à deux fois par semaine pour avoir des manifestations plus constructives. On avait besoin d'un nouveau souffle, je crois que tout le monde l'a compris".

Neuf ronds-points sur douze favorables à la convergence avec les syndicats
Pour autant, il n'a pas été aisé de trancher car "les organisations syndicales ont toujours eu une étiquette politique", estime-t-il, "et nous, Gilets jaunes, on se veut apolitique car on est tous pareils, on a tous la même fiche de paie avec les mêmes taxes dessus donc on est tous dans le même combat et on pense avant tout à l'avenir de nos enfants".
Finalement, sur les 12 ronds-points sondés, deux ont voté contre le rapprochement avec les syndicats et un s'est abstenu, ce qui porte la majorité à neuf sur douze, un résultat qui confère assez de légitimité à la convergence pour qu'elle puisse s'opérer sereinement.

"Nos manifestations étaient salies par les violences qui font fuir le monde"
Thomas est représentant du mouvement des Gilets jaunes et porte-parole pour la Haute-Loire Sud. Qu'est-ce qui a poussé le mouvement des Gilets jaunes de Haute-Loire à se rapprocher des organisations syndicales ? Besoin d'un nouveau souffle ? C'est une expertise en termes de sécurité notamment, ce qui décrédibilisait parfois le mouvement, et aussi un moyen de mieux se structurer ?

Qu'apportent en contrepartie les Gilets jaunes ? "Non mais il n'y a pas de dot de mariage"
Si les Gilets jaunes se félicitent de pouvoir bénéficier de l'expérience du terrain des syndicats, de leur expertise et de leur organisation notamment pour la sécurité, a contrario, qu'est-ce que les Gilets jaunes vont apporter aux syndicats ? "Non mais il n'y a pas de dot de mariage", nous répond Pierre Marsein, "on pense simplement qu'ensemble, on sera plus fort et on a un combat social commun pour réussir à avoir des avancées réelles".
Quant à l'expérience du terrain qu'apportent les syndicats, le cégétiste ironise : "mais les Gilets jaunes suivent une formation accélérée de la manifestation depuis le 17 novembre".

La présence de militants du Rassemblement National chez les Gilets jaunes a-t-elle été un frein pour une convergence avec les syndicats ?
Si cette convergence est si naturelle, pourquoi ce rapprochement est si tardif ? On nous répond évidemment qu'il a fallu du temps, "apprendre à se connaître, se respecter, presque s'apprivoiser", mais aussi qu'un certain nombre de militants portaient déjà le gilet jaune. Nous avons cherché une autre explication.
On sait que le mouvement des Gilets jaunes présente une forte disparité politique et sans aucun amalgame, un certain nombre de personnes proches du Rassemblement National (RN) a parfois crevé l'écran. Un frein pour les organisations syndicales qui sont dans l'inconscient collectif plutôt marquées à gauche ?

On n'a pas le même maillot, mais on a la même passion
Ce slogan, utilisé par la Fédération française de football pour recruter des arbitres, est tout à fait d'actualité dans cette convergence. "On n'a pas toujours le même vocabulaire, mais on défend les mêmes idées", résume en substance Pascal Samouth, quand Titou et Bernard, deux Gilets jaunes présents lors de l'opération de tractage concluent : "la colère est montée, montée. Maintenant, le volcan est prêt à exploser".

Maxime Pitavy