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L'Eglise s'empare de la lutte contre la pédophilie

jeu 04/10/2018 - 02:02 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:54

Ebranlée à plusieurs reprises par des scandales ces dernières années, dont la retentissante affaire Barbarin, l’Eglise catholique souhaite désormais aborder le problème de la pédophilie sous l’angle de la prévention. L’intitulé de la journée diocésaine organisée mercredi 3 octobre 2018 au Palais des congrèsde Vals-près-le-Puy ne laisse aucun doute à ce sujet : « lutter contre la pédophilie » fait désormais partie des priorités de l’Eglise.
Quelque 260 acteurs pastoraux du diocèse du Puy-en-Velay participaient à cet événement inédit. Parmi eux, des religieux, mais également des acteurs de la société civile, chefs d’établissement catholiques, animateurs et autre personnel engagé dans la vie pastorale locale. Au programme, une série de conférences et d’échanges pour tenter de mieux cerner le phénomène et de réfléchir aux façons de le gérer.

Abus spirituel « On a beaucoup minimisé les actes pédophiles. Il faut prendre conscience de leur gravité. Quand un prêtre commet ce genre d’acte, ce n’est pas seulement un abus physique et psychologique, c’est aussi un abus spirituel. C’est une question de chasteté, comprise comme une juste distance dans les relations humaines », estime Mgr Luc Crépy, évêque du Puy-en-Velay. Le prélat est également président de la Cellule permanente de lutte contre la pédophilie, un organe national mis en place depuis deux ans à l’initiative des évêques de France et qui dispose de ramifications locales. Il a vocation à fournir une aide aux victimes d’abus sexuels de la part de personnes ayant des responsabilités dans les diocèses. En deux ans, une douzaine de personnes y auraient eu recours en Haute-Loire, et plus de 600 dans toute la France. Quand l’auteur de l’abus est toujours vivant, cela donne lieu à un signalement au procureur.

"Ne pas se recroqueviller" « On a vraiment eu honte de ce qu’il s’est passé au sein de l’Eglise, se désole Mgr Crépy. Ça a beaucoup déstabilisé les prêtres, certains étant parfois apostrophés, voire injuriés à cause de ça. » Pas question cependant de céder à la tentation du repli : « Il ne faut pas se recroqueviller comme un coquillage. C’est pour cela que, désormais, on se bouge ! Cela dit, la lutte contre la pédophilie ne doit pas être circonscrite à l’Eglise », rappelle l’évêque. Selon les chiffres du département de la protection de l’enfance (ONPE), il y aurait eu 13 595 signalements d'abus sexuels sur des mineurs en 2016 en France. Un long traumatisme Les victimes d’actes pédophiles ne témoignent souvent que bien des années après de ce qu’ils ont subi. Pour la psychanalyste Geneviève de Taisne, qui est intervenue dans le cadre de la journée diocésaine, cela tient à la violence de l’acte :  « Quand un enfant est victime d’abus de la part d’une personne avec qui il est en confiance, une figure d’autorité, le choc est tel que le cerveau dissocie ce qui se passe du corps. Cela semble tellement insensé que la psychée coupe le lien avec l’esprit pour éviter la montée de stress et d’émotion, ce qui peut créer une amnésie. Certaines personnes ne s’en souviennent que 10 ou 15 ans plus tard. Mais l’acte lui-même crée une fragilité psychologique, et les choses vécues peuvent resurgir. »

E.R.

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