"On a une politiique de la ville, mais pas de la ruralité", "il existe des zones franches urbaines ou ultramarines, mais pas rurales", "la dotation globale de fonctionnement est, par habitant, trois fois plus importante en ville qu'à la campagne"... Des exemples, le député de Haute-Loire Jean-Pierre Vigier en a à la pelle.
Le secrétaire départemental LR de Haute-Loire en viendrait même à regretter le gouvernement socialiste
En cette période de rentrée, il a déposé à l’Assemblée nationale une proposition de loi visant à faire reconnaître la ruralité « Grande cause nationale 2019 ». Il espère bénéficier de l'oreille du Premier Ministre Edouard Philippe, car "on était proche lorsqu'il appartenait à LR" et aujourd'hui encore, "on échange, on se tutoie et il répond systématiquement à mes courriers".
Ce qui ne semble pas être le cas de l'Elysée et du Président Emmanuel Macron : "il méprise les français ruraux", assène le parlementaire de Haute-Loire, "aujourd'hui, on est ni entendu, ni écouté". À tel point que le secrétaire départemental LR de Haute-Loire en viendrait même à regretter le gouvernement précédent : "au moins, avec le PS, on arrivait à se rejoindre sur certains sujets comme les ZRR (ndlr : Zone de revitalisation rurale)". Sur ce point, il rappelle que l'État apporte 230 millions d'euros par an mais "il faut aller plus loin avec une vraie défiscalisation", en référence aux milliards d'euros consentis aux zones franches.
La ruralité peut-elle être entendue à Paris ?
Il y a quelques années, vous aviez avancé l'idée de créer un ministère de la ruralité. C'est aujourd'hui un sujet qui n'est plus du tout d'actualité ? Quel est l'espoir de voir ce projet de proposition de loi aboutir alors qu'on a l'impression d'être guère entendu à Paris ? (entretien réalisé en amont de la rencontre avec Edouard Philippe)
Faire de la ruralité une priorité avec programmation financière sur 10 ans
"La ruralité française est un atout considérable et dispose de ressources naturelles, économiques, et humaines qui contribuent grandement au développement du pays", estime l'élu altiligérien qui se dresse comme le défenseur de la ruralité. Sur cette question majeure pour nos territoires, le député a appelé le Premier Ministre à dépasser les clivages partisans, et à faire de la ruralité une priorité, qui se traduirait notamment par une loi de programmation financière sur 10 ans qui assurera un plan d’avenir.
Ce texte, cosigné par 77 députés (soit 80% du Groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale), pointe les principaux enjeux de la ruralité : maintien des services de proximité tels que les soins et le numérique (un des chantiers prioritaires du parlementaire), désenclavement routier et ferroviaire, développement économique, etc.
"Il n'est pas question d'opposer ville et campagne"
C'est ce que tient à clarifier Jean-Pierre Vigier : "nous sommes complémentaires, mais nous n'avons pas les mêmes problèmes, ni les mêmes solutions". Selon lui, afin de trouver un équilibre de développement entre nos territoires, il faut instaurer davantage de solidarité et d'équité dans l'investissement public entre la ville et la campagne et instaurer une péréquation financière entre les collectivités.
Le député de Haute-Loire milite pour "une juste représentation des territoires au niveau des élus en tenant compte des habitants ET de la superficie", ce second critère n'étant pas pris en compte. Il prône également un assouplissement du seuil de fermeture des écoles et le maintien de l'échelon communal, car la baisse de la DGF conduit à de nombreuses démissions de maire et incite aux fusions.
"Edouard Philippe a promis d’étudier la question rapidement", nous a confié Jean-Pierre Vigier par la suite.
Maxime Pitavy