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Agriculture : Un projet de loi sans ambition

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:52

Si ce projet de loi reste en l’état, il y a fort à parier qu’une rébellion paysanne s’organisera dans les mois à venir. Les agriculteurs avaient pourtant bon espoir au lendemain des EGA qui se sont tenus à Rungis au mois de juillet dernier. « On nous parlait de prix fixés en fonction des coûts de production, de négociations commerciales équitables entre producteurs, transformateurs et distributeurs, d’une montée en gamme de la qualité des produits agricoles français… Et ce qui arrive maintenant ne va pas du tout dans ce sens-là », commente David Chamard, secrétaire général régional de la Confédération Paysanne.

Selon le syndicaliste, lui-même producteur de lait à Eycenac, les négociations commerciales seraient dominées par les transformateurs et les distributeurs. Le producteur aurait bien sûr son mot à dire, mais encore faut-il qu’on l’écoute. La surdité partielle ou totale des négociateurs, met le producteur en mauvaise posture. « On n’a pas le rapport de force qu’on devrait avoir étant donné que nous sommes les producteurs de la matière première. Nous devrions avoir le droit de choisir notre prix. Un prix où les coûts de production sont pris en compte, ce qui nous permettrait de rembourser nos charges, d’avoir une marge de sécurité et de se rémunérer bien sûr ! », explique David Chamard.

----Des actions à venir ?
La Confédération Paysanne appelle l’ensemble des forces syndicales et l’ensemble des producteurs, paysans et paysannes, agriculteurs et agricultrices, à se mobiliser « pour faire changer cette loi, tant qu’il en est encore temps » insiste David Chamard, secrétaire général régional de la Confédération Paysanne.-----Les enjeux en Haute-Loire
Le schéma est simple. L’enjeu, sur ce territoire qui en 18 ans a perdu, par exemple, la moitié de ses producteurs laitiers (3200 en 2000 contre 1600 en 2018), est de permettre à ceux qui résistent encore de vivre de leur métier. La Confédération Paysanne de Haute-Loire préconise donc un prix producteur fixé en fonction des coûts de production et en fonction des bassins de production. « Pour avoir ces prix rémunérateurs, il faut avoir une régulation des marchés, indispensable pour ne pas avoir de coût de surproduction et des prix qui s’écroulent. Il faut aussi que soit inscrit dans le texte de loi une interdiction de vente à perte. »

Le secrétaire général régional ajoute, sortant volontairement du cadre du projet de loi examiné par l’Assemblée nationale, « qu’un rééquilibrage des aides européennes est également indispensable pour arrêter de donner 80 % de ces aides aux 20 % « d’agri-managers » qui font du mal aux petites exploitations. »

Deux amendements du député Jean-Pierre Vigier
Interpellé par la Confédération Paysanne de la Haute-Loire, au même titre que la députée Isabelle Valentin et le préfet de Haute-Loire, Yves Rousset ; le député Jean-Pierre Vigier a réagi dans un communiqué de presse : « Le texte présenté par le Gouvernement manque clairement d’ambition. Si certains articles du projet vont dans le bon sens, ils ne vont cependant pas assez loin. » A l’issue de ses interventions dans l’Hémicycle, deux des amendements déposés par le député de la 2ème circonscription ont été adoptés contre l’avis du gouvernement.

Le premier vise à « ne pas laisser la possibilité à un acheteur de passer outre la conclusion d'un accord-cadre avec une organisation de producteurs. […] Le but est de maintenir les prix et d'associer toutes les parties au processus de négociation, ce qui le rend plus fort. » Le second préconise de « faire en sorte que les indicateurs utilisés dans les contrats soient diffusés par les interprofessions, afin qu’ils soient avalisés par l'ensemble des maillons de la filière. Les indicateurs doivent être neutres et indiscutables. » A défaut d’indicateurs rendus disponibles par les interprofessions, l’Observatoire des prix et des marges ainsi que FranceAgriMer où sont représentés tous les maillons de la filière doivent proposer des indicateurs.

Pour David Chamard, ces deux amendements sont des premiers efforts mais... « Ce n’est pas assez. En ce dernier jour de négociation (vendredi 25 mai 2018, Ndlr), on n’a pas encore vu arriver d’outils qui permettraient de fixer des prix en fonction des coûts de production. On y a pourtant cru. »

Stéphanie Marin