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Grève : 100 % des cheminots mobilisés en Haute-Loire

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:52

Que l’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas le fait que le gouvernement pense à une réforme qui anime les cheminots, mais bel et bien son contenu. "On ne peut pas continuer comme ça. Mais il faut une réforme avec des volontés politiques", explique Xavier Bousset, représentant de la CGT cheminots de Haute-Loire entouré des 52 grévistes (sur 100 grévistes de tout syndicat au total) présents sur le parvis de la Gare du Puy-en-Velay. Calqué sur le discours national, celui du cégétiste évoque l’éviction du statut des cheminots et l’ouverture à la concurrence, mais pas que. Sur la forme d’abord, Xavier Bousset accuse le gouvernement d’avoir feint une négociation : "Le gouvernement parle d’une vingtaine de réunions qui auraient eu lieu mais il s’agissait juste de nous dire le cadre, et que restait-il à négocier ? Les dates. La date d’ouverture à la concurrence, la date de transfert des salariés…" Quant à la forme : "Les lignes de 7 à 9 (sur la classification de l’Union Internationale des Chemins de fer, Ndlr), ils ne veulent pas en discuter, les retraites également. […] Nous voulons tout rediscuter. Là le gouvernement va trop loin [...] Si les lignes de 7 à 9 sont supprimées demain, ce sont nos emplois qui sont menacés."
 
"On a des solutions"
Xavier Bousset, représentant de la CGT cheminots de Haute-Loire, n’est pas venu les mains vides. Une double page format A4, imprimée recto-verso, reprend point par point les revendications portées par le syndicat. L’amélioration des infrastructures par la rénovation du réseau et des installations, fait figure d’axe majeur. Mais la question de savoir où trouver l’argent nous brûle les lèvres. Xavier Bousset éteint l’incendie tout aussitôt : "On a des solutions. Par exemple, plutôt que d’investir 200 millions d’euros pour refaire dix kilomètres de route entre Clermont-Ferrand et Saint-Amant-Tallende, investissons-les sur l’ensemble du réseau ferroviaire pour le régénérer et créer de l’offre. Pourquoi il y a de plus en plus de monde sur l’autoroute ? Parce que l’offre n’existe pas. Une fois que l’infrastructure sera refaite à neuf, on pourra créer de l’offre et proposer des temps de trajets acceptables. Il faut aussi revoir les dessertes, créer des points multimodaux pour que les gares ne soient plus des culs-de-sac, etc."

Et les usagers dans tout ça ? "Il faut effectivement qu’ils s’organisent. Ça va poser des problèmes mais aujourd’hui, nous ne sommes pas les responsables."
Ce mardi 3 avril, aucun train ne circulait depuis la gare du Puy-en-Velay (quelques autocars étaient mis à disposition). Perdue au milieu des grévistes, seule la jeune femme au guichet assurait son service. "C’est une petite jeune en CDD", lance le représentant syndical.
100 % des cheminots en grève, c’est une annonce qui ne fait pas les affaires des usagers, d’autant que le mouvement n’est pas prêt de s’arrêter : après un retour à la normale jeudi, l’offensive devrait reprendre de plus belle samedi soir. Un rassemblement est d’ailleurs prévu ce lundi 9 avril sur le parvis de la gare de Brioude.
De manière générale, des perturbations sont à prévoir jusqu’au mois de juin. "Cette grève est une première et c’est une bonne chose car ça va permettre à chaque cheminot de s’inscrire dedans et de pouvoir durer. En 2014, on avait fait 21 jours de grève. Le gouvernement avait déjà plié sur certains points." Quant aux usagers, "[ils] n’ont qu’à faire comme nous, qu’il aillent voir le gouvernement, le préfet et qu’ils leur demandent de prendre leurs responsabilités. Car nous, nous avons voulu discuter, mais comme a dit notre secrétaire général, Laurent Brun, on avait l’impression d’être sur le plateau de The Voice, à attendre que la ministre « buzze », tourne son siège, s’en aille, pour revenir avec aucune de nos propositions."

Stéphanie Marin