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Yssingeaux

« Le Patois, le comprendre oui, le parler très peu »

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:51

« Lo patoès, quo qu'ei ? »
Cette question « le Patois, c'est quoi ? », a servi de prétexte à Hervé Quesnel, membre de l'Institut d'Etudes Occitanes Haute-Loire (IEO), ce jeudi 15 février 2018 en soirée à la médiathèque d'Yssingeaux, pour animer une conférence sur l'occitan, la langue des troubadours encore pratiquée aujourd'hui.
Une vingtaine de participants, moyenne d'âge 65/70 ans, étaient présents. Beaucoup plus d'initiés que non-initiés, pour qui le patois n'a aucun secret, quoique.

Une origine très lointaine
L'animateur a commencé par dresser une présentation historique et géographique des origines de l'Occitan, anecdotes et images projetées sur grand écran à l'appui, en insistant sur l'ancienneté de ce patois, qui trouve son origine jusque 1000 ans avant JC.
Après avoir apporté des éclairages concernant les différences entre patois, dialectes, langues régionales et occitan, il a mis en avant les différences de prononciation et orthographiques selon les zones occidentales et orientales.

Pas du vieux Français
A l'encontre de certaines idées préconçues, Hervé Quesnel a défendu l'idée selon laquelle le patois n'est pas du vieux Français. Pour certains, le pratiquer empêcherait de parler correctement le Français (interdiction déjà connue pour les enfants il y a 70 ans), alors que « quand on voit le nombre de locutions anglo-saxonnes qu'on peut utiliser même en parlant Français, ça pose question », a soutenu l'animateur.
Il a ensuite évoqué les initiatives lancées pour promouvoir l'occitan. Comme l'IEO (Institut d'Etudes Occitanes) qui voulait traduire les plaques des noms des rues ponotes en occitan en 1954. Finalement, seules certaines initiatives locales ont pu voir le jour, comme à Saint-Julien Chapteuil, avec « lo riu » pour traduire le ruisseau ou à Arsac-en-Velay.

Les Calandreda, ces écoles bilingues
Ce qui est sûr, c'est que le patois a encore de beaux jours devant lui. On trouve de nombreuses troupes patoisantes dans le Velay. Des bals traditionnels sont animés en patois. « La langue n'est pas morte », diront ses fervents défenseurs, « elle continue d'évoluer et de se moderniser ». Des cours sont même proposés par des associations, comme La Retournade à Tence. Les lycéens peuvent également le choisir en option facultative au baccalauréat. Preuve en est aussi avec les Calandreda, ces écoles bilingues élémentaires qui enseignent l'occitan aux enfants. Après avoir effectué des études dans la valorisation du patrimoine, Maïlou Gibert, 25 ans, présente ce soir-là, y est désormais employée au Puy-en-Velay.

Une lointaine origine occitane
Le conférencier a aussi relevé des toponymes, des noms de lieux-dits yssingelais, comme Marnhac, Apilhac, directement empruntés à la graphie occitane. Mais pas seulement. Certains membres de l'assistance, s'ils l'ignoraient, ont dû être surpris d’apprendre que leur nom de famille avait aussi une origine occitane - comme Grange, Badiou ou Bonnefoy - et avait donc parfois une signification très lointaine. Par exemple, Bonnefoy aurait été à l'origine un surnom donné à un homme digne de confiance, un homme de bonne foi.
Enfin, histoire de faire ressurgir de lointains souvenirs à l'assistance, et d'échanger sur les différentes prononciations, l'animateur a fait écouter des chants patoisans à l'assistance.

«Vous reprendrez bien un peu de patois ?»
Cette conférence s'inscrit dans le cadre de l'exposition de l'IEO « Paraulas de Pais », "Paroles de pays", visible à la médiathèque jusqu'au 9 mars.
Samedi 17 février à 17 heures, au foyer rural à Yssingeaux, les amoureux du patois pourront s'essayer à la « dictada », la fameuse dictée occitane.
Puis, à 19h30, ils pourront également goûter à la soupe aux choux avec danses folkloriques et saynettes théâtrales au programme.
Et vous souhaitez reprendre un peu de patois, une deuxième conférence intitulée « le parler occitan d'Yssingeaux » est prévue le samedi 17 mars à 14 heures toujours à la médiathèque.

« C'est joli et chantant »
Marie et Paul, deux retraités de 70 ans vivant dans la commune des cinq coqs, se sont souvenu : « le patois, on le comprend car nos parents le pratiquaient entre eux avant. Par contre, lorsqu'on était enfant, on nous interdisait de le parler entre nous, et surtout à l'école, sinon, on se prenait des coups de règles. Les parents ne voulaient pas qu'on soit pénalisé comme ils l'avaient été eux ».
Tous s'entendent sur sa beauté : « le Patois, c'est joli et chantant. Il existe même des expressions intraduisibles », a défendu Marie.
Si certains sont initiés à 100% comme Jean, qui fait même partie d'un groupe folklorique local, Marie-Thérèse, 61 ans, a reconnu en riant  : « le Patois, le comprendre oui, le parler très peu, et l'écrire par contre pas du tout ».

M-A.B.