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Prison ferme pour des violences armées et alcoolisées à Baccarat

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:49

Jeudi 2 novembre 2017, soleil rasant sous le pont de Baccarat, au Puy-en-Velay, réputé comme un repère traditionnel des marginaux et sans domicile fixe du bassin du Puy. 
Les deux prévenus, âgés de 26 et 31 ans, ont déjà quelques verres d'avance sur l'apéritif. Au terme de leur interpellation, ils présenteront respectivement 0,83 et 0,94 mg par litre d'air expiré (soit 1,66g et 1,88g d'alcool par litre de sang, des taux délictuels), l'équivalent, à la louche, de huit à neuf verres d'alcool.

"Va voler une bouteille d'alcool si tu es un bonhomme"
Pour des raisons assez obscures, le ton monte entre les deux protagonistes et le plus jeune des deux lance un défi au cadet : "va voler une bouteille d'alcool si tu es un bonhomme". Ce dernier répond par la provocation, expliquant que lui a de l'argent et qu'il n'a pas bespin de voler. Il n'en fallait pas plus aux deux hommes alcoolisés pour en venir aux mains.
Sauf que le plus âgé des deux prévenus a dans sa poche un couteau, dont on ignore la taille exacte car il n'a pas été retrouvé. Mais il ne nie pas les faits que la vidéoprotection met en lumière : il assène plusieurs coups de couteau, dont un qui vient se loger dans l'omoplate. "Il aurait pu atteindre la carotide", soulige le tribunal correctionnel du Puy.

"Un barbecue le 2 novembre sur les bords du Dolaizon ?"
Le plus jeune des deux comparses est sans doute trop alcoolisé pour réaliser la gravité des faits. "Au bout de 37 secondes exactement", dit-il calmement à la barre, sans doute après avoir revu plusieurs fois la scène en vidéo lors des auditions de police, "j'ai entendu quelqu'un lui dire de ranger son couteau, alors j'ai couru attrapper une bouteille pour qu'on se batte à arme égale". Il lui jette la bouteille dessus alors que son adversaire recule dans les escaliers.
Il file ensuite chez lui récupérer un couteau pour poursuivre les débats. "J'étais alcoolisé, je me suis senti humilié, menacé et j'ai merdé, ça arrive non ?", poursuit le prévenu à la barre, ce qui n'est guère du goût du président : "de prendre un couteau pour se venger, non".
Le président demande enfin au premier intéressé pourquoi il avait un couteau sur lui au début de l'altercation. "Pour faire un barbecue entre amis, c'est pratique", répond-il. "Un barbecue le 2 novembre sur les bords du Dolaizon ?", s'étonne une dernière fois le magistrat.

Moindre peine pour un "moindre parcours judiciaire
Le Ministère Public, représenté par la substitut du procureur Marie Moschetti, a requis des peines de prison ferme pour chacun des deux prévenus, s'appuyant sur "des faits caractérisés et des éléments objectifs comme la vidéo". Elle a jugé ces "comportements intolérables en société" qui constituent "un trouble à l'ordre public".
Le plus jeune ayant un "moindre parcours judiciaire" (une mention au casier judiciaire contre dix pour son aîné), le tribunal a suivi les réquisitions du Ministère Public. Il n'a pas ordonné de maintien en détention et a prononcé une peine de deux ans de prison ferme, dont un an avec sursis et mise à l'épreuve pendant deux ans.
Son comparse hérite d'une peine plus lourde : quatre ans dont un an avec sursis. Tous deux ont l'obligation de se soigner, de travailler et d'indemniser leur victime. Ils se sont portés partie civile et l'affaire sera renvoyée sur intérêt civil pour déterminer les montants des indemnités.

Maxime Pitavy