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"Les contrats aidés ont dégradé ma situation"

mar 26/09/2017 - 18:54 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:48

----L'Éducation nationale, grande consommatrice de contrats aidés
Sur 460.000 contrats aidés subventionnés en 2016, 70.000 concernaient des postes dans l'Éducation nationale.-----À 43 ans, Sylvie rêve d'une situation professionnelle stable. Pourtant, ces dix dernières années, cette Ponote a alterné entre périodes de chômage et contrats aidés. De 20h à 26h par semaine, dans des écoles proches du Puy, en tant qu'employée de vie scolaire. Un métier dédié à la gestion des bibliothèques, à l'assistance de la direction, et à l'aide aux élèves en difficulté. Actuellement à la recherche d'un emploi, elle a répondu à nos questions :
Un contrat aidé, c'est suffisant pour vivre?
"Pas vraiment. Les contrats allaient de 20h à 26h, et le salaire était proportionnel. C'est trop juste pour moi, qui élève seule mon fils. Et à la fin de chaque contrat, il faut un an de chômage pour y avoir droit à nouveau. J'ai donc travaillé de manière intermittente ces dernières années. Avec des allocations chômage de 550€. C'est moins qu'au Portugal! Ma situation n'a pas cessé de se dégrader depuis 10 ans. Sans parler de la souffrance psychologique."
Souffrance psychologique, c'est-à-dire?
"On n'est pas reconnus dans notre métier car les collègues savent qu'on va partir. On m'a déjà refusé la parole à propos d'élèves dont je m'occupais. Et puis, savoir que son emploi mènera forcément à une période de chômage, c'est dur à accepter."
Les emplois aidés ont permis à certains de se réinsérer sur le marché du travail. Pourquoi pas vous?

"Il y a des cas différents. Je sais par exemple qu'à Emmaüs 43, ce dispositif marche. Mais il y a aussi beaucoup d'abus! Ça a été le cas pour moi. Mon poste d'employée de vie scolaire n'existe qu'en contrat aidé! A la fin, on ne peut pas prétendre à un CDI, mais seulement à un autre contrat aidé. C'est très révélateur."
Mais vous auriez pu utiliser vos compétences chez un autre employeur?
"Non, c'est bien le problème! Ces contrats sont limités à un an : c'est trop court pour valider des acquis. Après mes premières expériences en tant qu'employée de vie scolaire, j'ai voulu faire reconnaître mes compétences en aide médico-psychologique. On m'a dit que c'était impossible."
Avez-vous demandé à Pôle emploi de vous proposer d'autres contrats?
"Oui, car on ne me proposait que cela, pendant des années. Dans l'Éducation nationale, dans des entreprises, pour faire des ménages : contrats aidés à chaque fois. Un jour, j'ai dit à Pôle emploi que je ne voulais plus de ce système, qui me laissait dans la précarité. À la place, je leur ai demandé des formations. Mais ils ont trouvé que j'avais trop d'idées, et ils m'ont envoyée vers une psychologue du travail..."
Vous êtes donc favorable au gel des contrats aidés décidé par le gouvernement?
"Non, ce n'est pas ça! Je suis pour la réforme de ce système. Dans l'Éducation nationale et dans d'autres secteurs, les emplois aidés sont souvent de simples cadeaux pour les employeurs. Il faudrait les modifier, pour qu'ils servent réellement de tremplin aux travailleurs en difficulté."
Propos recueillis par Clément L'hôte