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Défilé de brebis à la cathédrale du Puy

Par fredetaurore43… , Mise à jour le 23/03/2024 à 06:00

Dans les rues du Puy en Velay, nombreux étaient les badauds à se retourner sur cette transhumance surprenante. Une trentaine de brebis parties lundi de Chilhac arrivaient ce vendredi aux pieds des marches de la cathédrale. Une initiative colorée et bon enfant du collectif de la Lutte des Sucs pour dénoncer le projet de déviation du Pertuis et St Hostien par la RN88.

Bêêê, quelle fête !

C'est un drôle de défilé que l'on pouvait observer ce vendredi soir au Puy en Velay. Elles sont une trentaine, de laine vêtues, à entrer dans la ville... Après un arrêt sur la place Michelet, un troupeau de brebis se remet en ordre de marche, en visite dans la vieille ville : de la place de la mairie à celle du Plot, elles terminent leur périple journalier par la montée de la cathédrale, emportées dans le tourbillon musical d'une batucada tant vibrante que colorée. Les percussionnistes s'accordent pour animer le mouvement. Dans les rues du centre-ville, les pavés résonnent tant sous le rythme endiablé des tambours que sous les sabots des brebis. Régulièrement, la centaine de personnes les accompagnant scandent : "Des moutons, pas du goudron !".

Les brebis quittent la place du Plot sous les regards intrigués Photo par Aurore Treille

Derrière le folklore, le message de La Lutte des Sucs

Voilà en effet une semaine que Bêrricade, Victoire, Zadinette et leurs amies brebis ont commencé une transhumance engagée de près de 80km. Offertes par des structures associatives et privées essentiellement locales, elles sont parties lundi 18 mars de Chilhac et rejoindrons dimanche le tracer de la déviation de la RN88 à Saint Hostien, porteuses du message du collectif de la Lutte des Sucs qui s'oppose à la réalisation de ce projet sous la forme proposée actuellement.

Ces brebis sont en effet le symbole de la destruction des terres agricoles : "120 ha de terres agricoles vont être perdues sur ce projet, 120 ha de terres nourricières à préserver" rappelle Marlène qui les accompagne. Marie-Claire Dubois qui accueillait le cortège mercredi soir précise : "l'impact de l'artificialisation des sols dans un contexte de perte de fertilité de ces derniers est alarmant". Elle se veut cependant optimiste : "Les réactions étaient très positives. Les gens ont été sensibles à l'approche très sérieuse des représentants de la Lutte des Sucs, à la précision des informations apportées et à la clarté des chiffres".

"Quand les gens voient nos brebis, ils ont le smile ! " Photo par Aurore Treille

La sympathie est également gagnée par la présence des brebis. Séverine, bergère et membre du collectif explique : "L'idée est d'occuper le tracer de la déviation tout en portant le message qu'on a besoin de ces surfaces. Les brebis facilitent la communication. Quand les gens les voient, ils ont le "smile" et la communication peut s'engager". Car c'est bien le dialogue que le Collectif des  Sucs veut ouvrir : "Réunir pour expliquer, car il n'est pas trop tard". Sacha, ouvrière agricole précise : " Les travaux réalisés ne représentent pas 5% des aménagements totaux et la région n'a pas la maîtrise du foncier".

"Nous sommes conscients qu'il y a une problématique sur cette route et que des gens souffrent. On n'est pas déconnectés des réalités. Simplement, on sait que d'autres solutions existent et qu'on peut encore les mettre en place."

Dans son communiqué, Renaud Daumas, agriculteur et conseiller régional de Haute-Loire les précise : faire baisser la fréquentation sur la RN88 en développant l'offre de transport collectif, réaliser une déviation limitée et raisonnée, envisager l'étude d'une tranchée couverte au Pertuis... Il rappelle que la phase judiciaire n'est pas terminée et ajoute : "un arrêté préfectoral rendant les travaux illégaux est notre principal espoir". Tous espèrent que l'avis du préfet sera éclairé par l'analyse des quelques 4000 participations à la PPVE (Participation Publique par Voie Electronique) lancée l'été dernier et toujours à l'étude.

La journée se termine en musique avec la Batoucada Photo par Aurore Treille

Dimanche, les brebis se mettent au vert

La soirée des bergers s'est terminée par un concert. Pas trop longtemps quand même... Car le lendemain, il faudra reprendre la route pour la dernière étape: direction St Hostien, sur le tracer de la déviation. Dimanche, les bergers se feront arboriculteurs. En effet, quelques 200 arbres offerts par des pépinières d'Anduze et de St Paul en Jarez seront plantés au Mont Chiroux à St Hostien : "Il a déjà été en partie déforesté. Alors c'est pour nous une façon de nous réapproprier ces terres, de réunir tout en marquant notre présence pour dire que tout est encore possible".  Aussi, le collectif lance l'invitation : "Rendez-vous dès 9h30 au Rouchas, à St Hostien, sur le tracer de la déviation. Apportez vos pelles, pioches, boutures...et votre bonne humeur".  Nathalie, membre du collectif conclut : "Nous voulons avoir confiance en la justice... mais en attendant, nous resterons présents et mobilisés".

Le collectif de la Lutte des Sucs et ses soutiens Photo par Aurore Treille