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Quand la vitrine du Tour de France joue les prolongations

sam 29/07/2017 - 21:12 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:47

« Mon grand-père était plutôt un rouleur », prévient Sophie Vial, la petite fille de René Privat. Mais qui sait si l’équipier d’Anquetil n’aurait pas pris « plaisir » à grimper le désormais célèbre col de Peyra Talhada ?
En réalité, leur plaisir, il semble que les coureurs cyclistes le prennent juste après l’arrivée, quand ça s’arrête. Et en effet, Sophie Vial a du mal à se dire que le forçat de la route et le papy qui la prenait sur ses genoux, c’était bien la même personne.
« Nous avons été un peu déçus que l’on n’ait pas parlé de lui, ici, au moment du Tour de France, confie-t-elle, c’était tout de même le 60e anniversaire de ses plus grands exploits sur la Grande Boucle.»

----René Privat (1930-1995) en quelques dates
4 décembre 1930 : Naissance à Coux (07)
1955 : Critérium National
1956 : Boucles de la Seine
1957 : Trois victoires d’étape dans le TdF
1958 : Tour du Var
1960 : Milan-San Remo
1960 : Une victoire d’étape dans le TdF
-----«Maintenant tu ne gagnes plus, tu laisses Anquetil gagner»
C’était en 1957, René Privat – qui gagnera le Milan-San-Remo trois ans plus tard – était alors dans la même équipe qu’Anquetil, chez Mercier-BP-Hutchinson. « Il avait déjà gagné trois étapes et porté le maillot jaune, mais il n’aimait pas les médias, confie sa petite fille, du coup son directeur sportif lui a dit, maintenant tu ne gagnes plus, tu laisses Anquetil gagner... »
Les deux magasins dont elle assure la co-gérance, Cathy Boutique et De Viris (rue Porte-Aiguillière), arborent ces souvenirs en vitrines, confectionnées en l’honneur de l’Illustre. Passants et touristes s’y attardent : d’autant plus attrayant en cette période de soldes, même si l’affecte l’emporte largement sur la dimension commerciale, au vu de ces devantures modifiées.
La fierté et l’émotion brillent dans les yeux de Sophie Vial à l’évocation de René Privat : « C’était pas rien tout de même, mon grand-père, il a quand même gagné le Milan-San Remo, c’est pas tout le monde qui gagne le Milan-San Remo.»

La crue de 1980 a presque tout emporté
En effet, les exploits de l’Ardéchois, «Néné la Chataîgne» comme on le surnommait à l’époque, sont bizarrement tombés aux oubliettes, surtout quand on sait qu’il était devenu Ponot par la suite.
« La maison Vial lui avait même préparé un vélo pour une de ses compétitions », resitue la petite-fille de Néné. Et les deux familles avaient été plus loin dans le rapprochement, puisque la fille de René Privat avait épousé le fils du marchand de vélos.
Bien que le coureur, qui habitait à Brives, ait perdu bon nombre des souvenirs de sa carrière de cycliste lors de la crue de 1980, les deux vitrines sont suffisamment explicites quant au brillant passé de ce grand-père héroïque.
Un « régional de l’étape » qu’il ne faudra donc pas négliger, lors du prochain passage de la Grande Boucle.

J.J.