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Un 1er mai sous le signe de l'entre deux-tours

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:45

La manifestation intersyndicale a réuni en ce 1er mai 2017 la CGT, l'Union Syndicale Solidaires, l'UNSA, la FSU, la CFDT et la CFTC pour un départ à 11h, place Cadelade au Puy-en-Velay. Si la fête des travailleurs est chaque année l'occasion de faire entendre les revendications des syndicats, comme la protection sociale, la retraite à 60 ans et la lutte contre les discriminations, le second tour des présidentielles est dans tous les esprits.
Pas d'accord ou de consigne de vote pour Force Ouvrière
Le rassemblement du syndicat FO a eu lieu en marge du cortège intersyndical, une trentaine de personnes se sont réunies devant la maison natale de Jules Vallès, pour rappeler la filiation entre Force Ouvrière et la Commune de Paris. Pascal Samouth, secrétaire général de l'union départementale FO regrette d'ailleurs qu'il n'y ait pas eu d'accord pour un défilé commun en Haute-Loire, contrairement à une cinquantaine d'autres départements, mais pour lui, « pas question de manifester avec la CFDT, qui a soutenu la loi Macron, la loi El Khomri, le pacte de responsabilité, ce serait renier notre combat. »
De plus, même s'il reconnaît un premier mai un peu particulier, le secrétaire général rappelle : « On ne donne pas de consigne de vote. Quand on appelle à voter pour quelqu'un, on appelle à voter pour sa politique. On reste fidèle à notre combat revendicatif et on prépare les suivants, parce qu'on sait que quelque soit le gouvernement demain, il faudra se bagarrer. On est sûr d'une chose, c'est que tous veulent s'attaquer au droit ouvrier donc pour nous ce rassemblement, c'est un avertissement. »
Faire barrage au Front National
Le message des autres syndicats est très clair en cet entre-deux-tours : lutter contre le Front National. Ces derniers rappellent toutefois que le but du 1er mai est avant tout de faire entendre les revendications des salariés pour la « fête des travailleurs et non du travail, » comme le souligne Jean-Louis Néflot-Bissuel, co-secrétaire général de la FSU 43. Pierre Marsein, secrétaire général de l'union départementale CGT, fait écho à ce sentiment : « on défile comme tous les 1er mai, parce que c'est une journée de revendication importante pour les salariés du monde entier, c'est une journée internationale. »

Tous deux mesurent toutefois le poids du second tour de l'élection présidentielle et tiennent un discours commun avec les autres syndicats présents, appelant au moins à ne pas voter pour Marine Le Pen. Le slogan de la CFDT clame « Pour Marianne, votons contre Marine. » Jean-Louis Néflot-Bissuel affirme : « pour nous, c'est pas une voix pour le Front National au second tour, en sachant que nos militants seront seuls dans l'isoloir pour voter. » Pierre Marsein, lui, demande « à faire barrage au Front National, il n'y aucune ambiguïté pour la CGT et c'est pour ça qu'on a voulu faire un rassemblement le plus large possible. Chacun fait ce qu'il veut, mais pour nous le FN n'est pas un parti comme les autres, qui remet en cause le droit de grève donc, aujourd'hui, l'objectif c'est de battre l'extrême droite. Après, même Macron élu, on sera là pour lutter contre son projet libéral, où les salariés sont là pour travailler et se taire. On se battra pour éviter que les lois Macron, El Khomri soient encore amplifiées. »
Quelques citoyens partagent ce rejet de l'extrême droite. John, 40 ans, du Puy explique qu'il ne manifeste pas habituellement « je suis là contre Marine Le Pen, c'est seulement pour ça. Je soutiens pas les idées libérales de Macron mais entre le fascisme et le libéralisme, j'ai choisi. » Il en est de même pour Morgane, 25 ans, qui dit « je pense faire un choix à contre-coeur pour Macron. Et il faudra que tout le monde réfléchisse bien à son vote pour les législatives et ne baisse pas les bras. »
Des partisans du « ni-ni »
D'autres, eux, refusent de faire ce choix, comme Thibault, qui fait partie de cette dizaine de jeunes qui ont appelé à se rassembler via les réseaux sociaux. « On sait que Macron va s'attaquer au Code du Travail et Marine Le Pen, pas besoin d'expliquer, on va devoir défendre certaines valeurs de la République. Donc moi, je voterai blanc au second tour, ni libéralisme, ni nationalisme, je peux pas me satisfaire de ça. » S'il admet craindre un certain autoritarisme et une violence d'Etat de la part de Le Pen et que dans l'absolu, il préfère Macron, cette option l'embête tout autant. « Si c'est Macron en 2016, c'est Le Pen en 2022, les lois libérales créent la paupérisation et c'est comme ça que le vote Front National augmente. »
Laurent, 32 ans de Tence, partage ce sentiment, affichant « Ni Le Pen, Ni Macron » sur le dos de son T-shirt. « Je suis contre le racisme mais je suis aussi contre l'Union Européenne et tout ce qui fait que les riches vont devenir plus riches et les pauvres plus pauvres. » C'est aussi le cas d'Amandine, 37 ans, qui se dit déçue des résultats du premier tour. « On est pas plus pour l'un ou pour l'autre, je penche pour l'abstention ou le vote blanc. Même si je suis absolument contre le Front National, Macron ne me convient pas non plus. »
Les revendications des travailleurs se font donc dans un climat politique complexe et divisé, où seules 400 à 450 personnes se sont mobilisées pour défiler ce 1er mai, selon les syndicats.
T.N