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Brioude

''Pensez-vous que l'on puisse faire des plaies qui méritent cinq points de suture avec ses doigts ?''

mar 17/05/2016 - 19:14 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:41

« J’aurai dû venir avec une hache, la prochaine fois je viendrai avec un fusil. » Samedi 7 mai dernier, un homme de 46 ans a donné des coups de poing et de couteau au nouveau compagnon de son ex-femme. La victime écope de dix jours d’ITT. L’agresseur a dû expliquer son geste ce mardi 17 mai, devant le tribunal correctionnel du Puy-en-Velay dans le cadre d’une comparution immédiate.
Avec un couteau pour s'expliquer
Le quadragénaire s’est rendu au domicile de la victime à Brioude « pour avoir une explication » au petit matin. Ses motivations sont floues, il parle de 50 euros que le compagnon de son ex-femme aurait donné à sa fille, mais aussi de rumeurs qu’il aurait lancées à son égard. Des rumeurs de viols. Pour le Parquet, c’est la jalousie qui a poussé le quadragénaire à agresser sa victime.
Après avoir tapé dans ma porte à coups de pied, il accueille l’habitant avec un couteau à la main, un Opinel. « C’est pas une explication mais une agression de se présenter chez quelqu’un avec un couteau à la main », commente la présidente du tribunal. L’homme assène des coups et des morsures, sa victime s’en tire avec diverses plaies sur le corps. A la barre, l’agresseur se défend d’avoir utilisé le couteau pour des coups à la tête. « Pensez-vous que l'on puisse faire des plaies qui méritent cinq points de suture avec ses doigts ? » « Il est sensible du crâne, j’ai bien tapé avec mes mains », tente l’homme, maladroit. En quittant les lieux de l’agression parce qu’il s’était lui-même blessé, il a jeté son couteau dans une poubelle.
----Déjà des violences
Le quadragénaire compte cinq mentions à son casier judiciaire pour conduite sous alcool et récidive, violences sur son ex-concubine et mère de sa fille en 2013, ainsi que des menaces de mort.
-----Malaise dans la salle d'audience
« Je ne frappais pas fort. » Les explications de l’intéressé sont peu convaincantes. « Si quelqu’un parle en mal de vous, vous allez retourner chez lui avec une arme ? » « Ah… Ça dépend de ce qu’il dit », répond-il le sourire aux lèvres alors que la salle est interloquée. L’avocate de la partie civile, Me Bonnet dénonce des « propos particulièrement scandaleux », tout comme le Parquet. « Sa façon de parler est différente de ce qu’on a l’habitude d’entendre en métropole (l'agresseur est originaire de Guadeloupe, ndlr). Il a le sourire tout le temps », essaye de relativiser l’avocate de la défense en demandant un aménagement de peine alors que le ministère public demande de la prison ferme malgré une situation professionnelle stable.

Les quelques larmes versées en guise de conclusion n’auront pas suffi au quadragénaire pour échapper à la prison ferme. Il écope de 24 mois d’emprisonnement dont 12 avec sursis. Il a l’obligation de suivre des soins et d’indemniser sa victime. En revanche, il lui est interdit de détenir une arme ou d’entrer en contact avec la victime. Le non-aménagement de peine "se justifie par une prise de conscience insuffisante". Le quadragénaire a été reconduit à la maison d'arrêt.

Emma Jouve