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L'enfant donne sa tirelire : prison ferme pour l'agresseur et son complice

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:41

« C’est moi qui vais te donner l’argent. » L’affaire avait suscité l’émoi quand un enfant de 8 ans avait donné sa tirelire pour sauver sa mère d’une agression le 5 janvier 2016. Ce lundi 9 mai au tribunal correctionnel du Puy, deux hommes, dont le frère de la victime âgé de 27 ans, ont répondu de leurs actes sur la commune de Saint-Vincent. Une première comparution immédiate avait eu lieu le 4 janvier, un renvoi avait été ordonné pour un complément d’information.
Coupée au niveau du cou
« Tu as de l’argent ? » L’agresseur s’est jeté sur l’habitante dès qu’elle a ouvert sa porte aux alentours de 19 heures. « Une masse noire « place une lame sous sa gorge. La victime pense d’abord à une blague avant de réaliser. Dans l’habitation, l’individu sort même un taser. Face à la panique de sa mère, le jeune garçon se sacrifie et va chercher sa tirelire. «Il lui la lance pour lui tendre un piège. » La victime essaye tant bien que mal d’attirer l’agresseur vers elle pour protéger son fils. « A ce moment là, je lui crie : SORS ! » L’enfant obéit. Et l’agresseur sort à son tour pour prendre la fuite. La victime s’en sort avec une belle frayeur et une coupure dans le cou, trace du couteau qui la menaçait.
Pas le courage d'agir le matin
L’agresseur était bien renseigné. La mère avait touché une somme suite à une affaire judiciaire. « Tout le monde le savait, elle le racontait à tout le monde », s’agace le trentenaire. D’après elle, peu de personnes savaient qu’elle gardait l’argent à son domicile, entre autres : son frère. Les éléments conduisent rapidement les enquêteurs vers le beau-frère de son propre frère.
Le jour même, l’intéressé était déjà venu. Certains voisins l’ont photographié. « Il a sonné, j’étais à l’étage donc je lui ai répondu depuis la fenêtre », explique la femme. L’homme avait déjà le visage en partie dissimulé. « Je pense qu’il voulait m’agresser là, mais comme j’ai répondu de l’étage, il n’a pas pu ». Il avait reconnu « ne pas avoir eu le courage ».
----Nombreuses condamnations
Les deux hommes ont un lourd casier judiciaire. Filouterie, contrefaçon, conduite sous l’emprise d’alcool, conduite sans permis, escroquerie, arrestation, séquestration, violence, menace avec arme, transport, détention et usage de stupéfiants pour l'un. Et huit condamnations pour vol, escroquerie, conduite sans permis pour l'autre.
-----« Vous êtes calme émotionnellement »
« Pourquoi avez-vous fait cela ? » « Pour payer mes dettes. » A la barre, le trentenaire nie avoir commis l’agression, mais indique la présence de quatre frères dealers de la région lyonnaise à qui il doit de l’argent. L’enquête n’a pas prouvé l’existence de ces personnes. « J’étais avec eux dans la voiture », et ils l’auraient laissé à cinq kilomètres de lieu de l’agression. Le trentenaire, coincé, a appelé le frère de la victime pour qu’il vienne le chercher. « On se rendait des services, c’est comme ça », se justifie celui-ci.
« Vous avez envoyé les lascars chez une jeune femme avec un enfant et vous appelez son frère pour venir vous chercher ? Vous êtes calme émotionnellement », s'indigne le président du tribunal, André-Frédéric Delay au trentenaire.

Le frère de la victime écope de deux ans d'emprisonnement dont un avec sursis. Quant au trentenaire, il est condamné à quatre ans d'emprisonnement dont un an avec sursis. Les deux hommes sont obligés de suivre une formation ou de travailler, de se soigner et d'indemniser la victime. L'agresseur a interdiction d'entrer en contact avec la victime. Les peines sont largement supérieures aux réquisitions du ministère public.

Emma Jouve